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Blinking Lights (and other revelations)
2 avril 2006

MAGICAL MYSTERY TOUR

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Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! « I’m the Walrus »…. L’occasion de mettre en lien cette mémorable chronique qui, Golbalement, est vraiment n’importe quoi. Ce qui est normal vu que la chanson est elle aussi n’importe quoi, tout comme le Magical Mystery Tour dans son ensemble. Prenez un groupe débordant d’imagination qui, vu son succès, peut artistiquement tout se permettre. Laissez le se détendre dans un autre domaine  que celui dans lequel il évolue habituellement, en l’occurrence le cinéma pour les Beatles. A cela rajoutez une bonne dose de drogues diverses et vous obtenez : n’importe quoi (1). Je n’ai pas vu le film (2), mais la pochette de l’album est suffisamment éloquente. Et son contenu aussi, donc. Rien que son contenu d’ailleurs, c’est déjà le bordel : la durée totale des six titres composés par les Beatles pour illustrer leur film (20 mn) étant trop longue pour un EP mais trop courte pour un LP, Magical Mystery Tour sort en double EP en Angleterre, mais pour les américains qui en veulent toujours plus on y ajoute les singles et B-Sides du Sergent Pepper’s (Singles qui selon une règle imbécile de l’époque ne figurent pas sur le LP mais sortent uniquement en 45 T) pour faire un LP, format qui s’imposera finalement (puisqu’il y a plus de Beatles pour le même prix dedans)  malgré un coté forcément fragmenté là où les précédents disques du groupe étaient jusqu’alors fort homogènes (et de plus en plus travaillés en ce sens). Vous avez suivi ? Pour la chronique, je vais donc procéder par ordre, sinon on va pas s’en sortir. Même si on a d’ores et déjà compris que cet album, tellement coincé entre deux disques majeurs que j’en ai appris l’existence avec surprise que pour ce Challenge, est à mettre à part dans la formidable ascension des Beatles depuis leurs débuts. Un truc mineur, quoi, mais un truc mineur des Beatles, ce qui fait toute la différence…

 

Le Magical Mystery Tour commence donc par le titre du même nom, un rock dynamique aux rythmes changeants et cuivres travaillés qui lui donnent un faux air de Who première période. Une entrée en matière qui n’est pas sans rappeler celle du Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Après une anecdotique petite ritournelle au piano assez typique des compositions nostalgiques de Paul Mc Cartney (mais en moins bien), arrive enfin la pièce maitresse du disque. Imaginez un artiste ayant trois morceaux de chansons inachevées qui les met bout à bout en se disant que ca fera bien quelque chose. Imaginez que ledit artiste décide d’y apposer les paroles les plus incompréhensibles possible uniquement pour rire au dépend des gens qui analysent ses textes un peu  trop sérieusement. Imaginez enfin qu’entre autres délires de mixage, il désire y inclure un extrait de pièce de théâtre enregistré à la radio qui oblige le titre à passer de stéréo à mono en son milieu. Bon, normalement on obtient une bonne grosse daube indigeste. Sauf que l’artiste en question s’appelle John Lennon, et que « i’m the Walrus » est une des chansons les plus fascinantes jamais enregistrées par les Beatles (donc jamais enregistrée tout court). Dès l’introduction et ses cordes menaçantes, on entre dans une sorte d’hallucination où ce qui devrait être joyeux est flippant, à l’image d’Alice au Pays des Merveille (qui a inspiré le personnage du morse) ou la ville de Spectre dans le film Big Fish. Ce titre rock au rythme martial, au chant remarquable et aux arrangements de cuivres et cordes à la hauteur du talent des Beatles, est interrompu par une sonnerie de réveil qui, paradoxalement, nous plonge dans un final cauchemardesque peuplé de rires déments, de paroles spectrales et d’une montée chromatique semblant symboliser une aliénation progressive et inéluctable. Autant dire qu’après ca, « the Fool on the Hill », ballade féérique toute mollassonne façon Walt Disney avec xylophones, clavecin et surtout insupportables flutiaux, on s’y emmerde sacrément… Traversant rapidement « Flying », instrumental qui n’a d’autre intérêt  que d’être à ce stade l’unique titre cosigné par les quatre Beatles, nous voici déjà au dernier morceau, « Blue Jay Way », composé par Harrison. C’est une réussite en ce sens qu’elle arrive à suggérer musicalement exactement ce qu’elle raconte : l’attente de plus en plus ensommeillée d’un hôte pour ses potes complètement perdu dans une purée de pois épaisse. Chant trainant, orgue vaporeux, secondes voix fantomatiques, rythme aléatoire, tout y est. Le seul inconvénient étant que, trop dans l’ambiance, on s’endort nous aussi….

 

Le Magical Mystery Tour s’achève là, de manière un peu abrupte. Mais le disque se voit donc augmenté de 5 autres morceaux, soit trois 45 tours, « I’m the Walrus » étant la Face B de « Hello Goodbye ». Ce titre est un single plus traditionnel, doté d’un refrain particulièrement fédérateur mais qui s’embourbe un peu dans ses couplets (surtout les secondes voix). Reste que, talent Beatles oblige, la mélodie reste en tête et réjouit l’auditeur longtemps après que le disque se soit arrêté. Vient ensuite un doublé enregistré juste avant le Sergent Pepper’s Lonely Heart’s Club Band, lorsque ce disque était encore censé être un concept sur l’enfance. C’est peu dire que « Penny Lane » et « Strawberry Fields Forever » collent parfaitement au thème, avec leur ambiance nostalgique à souhait. « Penny Lane », partie pour être un morceau de pop parfait, est malheureusement entachée par des solos de cuivres pompeux et surtout ce désagréable effet de reprise du refrain un ton plus haut (3). « Strawberry Fields Forever » est en revanche le chef d’œuvre que tout le monde connait, une sorte de condensé de toutes les trouvailles déployées par les Beatles sur le disque précédent, un élixir d’émotions diverses dans un flacon d’arrangements superbes (quels arpèges de guitare au début!). Autre grand classique, « All you Need is Love » vaut beaucoup mieux que le statut de mièvre ballade dans laquelle je l’avais prématurément placée. En tendant l’oreille sans se préoccuper des paroles, on sera étonné par la rythmique spéciale des couplets, les lignes de cordes, sans parler du très beau solo de Georges Harrison. A cela rajoutons l’humour des Fab Four qui imprègne la chanson (comment ne pas imiter la descente de cuivres du refrain sans sourire ?), notamment les Song Dropping du final (ou la Marseillaise de l’introduction), et j’ai le plaisir de (re)découvrir un titre bien plus riche que dans mon souvenir. La collection de perles se termine sur « Baby You’re a Rich Man », encore un exemple de la fantastique aptitude des Beatles à créer une chanson à partir de morceaux de plusieurs autres inachevées. J’aime particulièrement les couplets, ce chant fragile et cette batterie lointaine qui donne à l’auditeur l’impression de flotter dans un monde irréel, avant l’enchainement sur les refrains enthousiastes. Seuls défauts (mineurs), l’irritant clavioline et le retour des handclaps…

Les titres de ce simili best of s’associent beaucoup plus au Sergent Pepper’s qu’au Magical Mystery Tour, on n’en profitera donc pas pour réévaluer la Bande Originale, ce serait tricher. Mais ce n’est pas une raison pour passer à coté, tant son écoute s’avère, à minima, intéressante.

 

(1)   Cf le dernier bouquin de Mathias Malzieu…

(2)   j’ai eu la cruelle infortune de tomber sur des sketches tournés à sa grande époque par le Alice Copper Band, ca m’a suffit…

(3)  Je n’arrive plus à retrouver le surnom de cet horripilant effet. Pas plus que l’adresse du blog que Guic lui consacre.

 

Qualifiés d'office: "I'm the Walrus", "Strawberry Fields Forever", "All you need is Love"

Session de rattrapage: "Magical Mystery Tour", "Hello Goodbye", "Penny Lane", "Baby you're a Rich Man"

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