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Blinking Lights (and other revelations)
1 juin 2006

the WHO - Quadrophenia

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Hello les gamins, alors cette fois ci, exceptionnellement, vous avez le droit de ne pas me croire, et de trouver cet artwork tout pourri. Le fait est que je vais quand même essayer de vous convaincre.  Quadrophenia donc, l’album qui suis le légendaire Who’s Next. Certains avaient déjà abandonné depuis Tommy, quelques uns le firent pour Who’s Next, mais beaucoup considèrent que les Who se sont définitivement perdus sur Quadrophenia. Je suis évidemment en complet désaccord avec eux, considérant Quadrophenia comme l’un des meilleurs albums des Who, et le seul sur lequel il n’y ait absolument rien à jeter. Je ne suis pas seul dans la bataille, ces allumés de Phish ayant repris intégralement le Quadrophenia au cours de plusieurs concerts marathon. Musicalement, je ne vois pas comment quelqu’un ayant quelques années d’écoute des Who derrière lui peut préférer Tommy. Sans parler du thème. Si celui de Tommy a pu me fasciner à l’époque où je découvrais le groupe (comme me fascinait toutes leurs conneries, celles de Keith Moon en tête), il est évident qu’avec le recul me parle beaucoup plus celui de Quadrophenia: l’adolescence et tout ce qu’elle implique.  Cette prétendue maladie psychiatrique qui voit un pauvre garçon éparpillé entre quatre personnalités, chacune d’elle représentant un des membres des Who  et étant illustrée dans l’opéra rock par un thème musical, n’est bien sur que le symbole de la perte de repère qui atteint chacun de nous lors de l’adolescence. Cette recherche d’identité, à travers des modèles et un groupe d’appartenance et contre ce qui nous a construit dans notre enfance, parents en tête, et l’inconnu que représente l’avenir, ici symbolisé par la mer à la fois attirante et inquiétante, tout ceci est remarquablement évoqué dans Quadrophenia. Et à travers son artwork, des photos noir et blanc évoquant les paroles des chansons, que je trouve pour la plupart superbes.

J’adore les Who, mais en termes de pochettes, il faut bien avouer qu’ils ont sorti parmi les pires horreurs que le rock ait compté.  Même celle du Who’s Next, qui a pourtant reçu un prix, est bien moche (marrante, certes, comme celle du Who Sell Out, mais presque aussi moche). En comparaison, celle de Quadrophenia est très réussie. Une faute de gout, les visages des quatre larrons dans les rétroviseurs du scooter. Bien sur, l’ado se regardant dans un miroir est censé y voir chacune de ses quatre personnalités, mais bon, du point de vue esthétique, c’est pas terrible.  Heureusement, les visages sont assez petits pour ne pas gâcher l’ensemble.   Vu de dos, on dirait un gamin. On se demande comment il tient sur son scooter. Et sa veste, flanquée du symbole des Who, il flotte dedans. Encore un gamin, mais déjà les habits d’un adulte, le sujet est planté. Autour de lui, le carré de Quadrophenia du plus bel effet (1) (rappelant que Quadrophenia est aussi un des premiers disques enregistré en Quadriphonie, d’où le titre).  Photo de dos, le scooter symbole de l’adolescent est noyé, et le gamin, s’est barré, parti vers l’âge adulte. Sur la ligne d’horizon, une dédicace à tout les ados que les Who ont croisés au début de leur carrière. Entre ces deux images, une histoire s’est déroulée. Je n’ai pas posté toutes les photos, seulement mes préférées, ou les plus symboliques.

Début du livret, un pavillon de banlieue de Londres, semblable à tant d’autres.  Un jeune solitaire glandant les mains dans les poches (2). Double page suivante, l’affrontement entre les générations : à gauche, les parents, la mère le regard inquiet, le père écrasé par le quotidien, tassé sur son siège, résigné – à droite, le garçon, les dominant déjà, déterminé, dans un mouvement indiquant qu’il est prêt à partir et à quitter ce foyer d’ennui. Autre double page, autre échange de regards. Jimmy (c’est le prénom du garçon) fait le fier sur son scooter et tente d’attirer l’attention de jeunes filles de son âge.  Opposition entre les obligations des adultes et la tentation de l’enfance : d’un coté le travail, forcément pesant (« the Dirty Jobs »), de l’autre le groupe de potes et les conneries de gamin (casser les vitres d’une voiture à coup de caillasses). Une opposition symbolisée par Jimmy, vautré dans le train de « 5 :15 » pour Brighton, encadré par deux caricatures de sévères pères de famille bourgeois. Encore une photo qui rappellera des souvenirs à la plupart d’entre nous (3), Jimmy vautré tout habillé sur son lit, un lendemain de fête. A moins qu’il ne pleure sa copine partie dans les bras d’un autre, événement qui le décidera à retourner à Brighton, sur le lieu de ses meilleurs souvenirs.  Sur les murs de la chambre de l’adolescent, une multitude de photos de femmes dénudées. Il y a quelques années, je m’étais lié d’amitié avec mon voisin du dessous, un Espagnol Erasmus qui vivait en collocation avec deux nanas. Toni était batteur et grand fan de Quadrophenia. Il m’expliqua qu’à l’époque de Franco, la censure frappa cette image et des gens furent employés à poser un bandeau noir sur chaque poitrine ou sexe apparent. C’était pour lui un fort symbole de l’absurdité de la politique de Franco, dont les dégâts sur la société espagnole résonnent encore de nos jours d’une manière qu’on ne soupçonne pas en France. J’avoue que le fait qu’il ait existé à l’époque des postes de « censeurs de nichons sur album des Who » me fait bien marrer, et qu’accessoirement j’aimerai bien trouver un exemplaire du disque ainsi censuré. Avec Toni, nous nous appliquâmes ensuite à rivaliser d’imagination pour rendre fou mon voisin de pallier qui était un vrai con, mais nous nous écartons de notre sujet (quoi que…). Pour revenir à la fin de l’histoire de Jimmy, celui-ci se retrouve donc à Brighton, mais c’est pour se rendre compte que ses bons moments font maintenant partie d’un passé révolu (le chef adulé de son groupe de rebelle, les Mods, tient aujourd’hui fierté d’être groom dans un hôtel du coin. Un pauvre larbin, quoi (« Bell Boy »)).  Devant ses illusions perdues, Jimmy songe donc à se suicider, emprunte un bateau et se jette à l’eau. Il en ressortira grandit, convaincu de son erreur et prêt à affronter l’avenir (ne pas intervertir les deux dernières images, sinon l’histoire n’est plus du tout la même !).

Alors les enfants, que pensez vous de cette histoire ? Moi j’y suis toujours aussi sensible, et ne me lasse pas de cet album aux chansons indissociables, qui me projette l’espace de quatre faces dans un passé aussi cruel que regretté…

 

(1) en plus sur mon vinyle, il y a le cercle d’usure, ce qui rajoute encore à la classe de l’ensemble…

(2) je trouve la construction de cette photo particulièrement géniale.

(3) moi elle me fait irrémédiablement penser à mon frangin….

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Commentaires
C
Bon l'ami, sache que ce post m'a complètement fait redécouvrir cet album - que j'avais toujours laissé de côté, un peu connement ... a priori négatif versus tommy et who's next<br /> <br /> <br /> <br /> L'eponyme est top; <br /> <br /> très bon Daltrey sur Doctor Jimmy.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci!
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