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Blinking Lights (and other revelations)
1 avril 2006

CALEXICO

Se plonger dans la discographie de CALEXICO n’est pas chose aisée. Joey Burns et John Convertino ont en effet multiplié les expériences musicales que ce soit au sein de leur groupe, avec leur compère Howe Gelb dans leur précédente formation GIANT SAND, ou avec de nombreux artistes pour le meilleur (OP8 avec Lisa Germano) et parfois le pire (ABBC avec un obscur groupe francais), voire en solo pour Convertino (plutôt qu’un album, une maison hantée…).

Parqués trop rapidement dans la région Mexique/Sud USA, ils en pulvérisent pourtant les frontières à maintes reprises, voyageant d’autant plus facilement dans toutes les contrées qu’ils maîtrisent un nombre incalculable d’instruments.

 

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Les premiers albums foisonnent de recherches musicales mêlant dialogues,  batterie solo, rythmes de guitare variés en de petits morceaux de quelques minutes ; Quelques notes de piano suffisent à poser une ambiance dans l’univers délicat de CALEXICO. Les instrumentaux se font parfois élitistes (album « Travelall ») parfois plus accessibles, comme sur l’album « Spoke » où l’on découvre le son de guitare classique et la voix mélancolique de Burns, mêlés à l’exceptionnel jeu en nuances de Convertino à la batterie dans des chansons nostalgiques (« removed ») ou festives (« Mazurra », « Scout ») laissant s’exprimer tour à tour mandoline, accordéon, percussions, trompette et esquissant l’avenir ensoleillé du groupe.

 

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Les choses se précisent en 1998 avec la sortie de « Black light » aux contours moins flous que ses prédécesseurs même s’il s’autorise encore quelques expériences marginales (« Vinegaroon », le tranquille « Sprawe » ou le sombre « Fake fur »).  Sur les 17 morceaux 11 sont des instrumentaux de styles variés : ballades nostalgiques (violon de « Where water flows », le superbe « Over your shoulder » repris par OP8 ou « Old man waltz » dans le style de YANN TIERSEN qui a d’ailleurs de nombreux points communs avec les deux américains),  sons jazzys (« Chach »), ou rythmes typiques bien chauds comme l’introduction « mexicaine » « Gypsy’s curse »,  « Sideshow » et surtout « Minas de Cobre » dont les cuivres et la contrebasse nous font voyager instantanément. On retrouve ce coté musique de films (popularisé par « Pulp fiction ») qui fera le succès de CALEXICO sur « The ride », mais les autres titres chantés sont beaucoup plus tristes, la voix de Joey Burns variant entre chuchotements (« The black light »)  et ton dramatique (bouleversant « Blood flow », « Trigger » aux beaux solos de guitare acoustique) parfois interrompue par de brusques coup de trompettes (« Stray ») ou traînant sa mélancolie sur les longues minutes de  « Missing ».  La lumière noire s’éteint astucieusement avec « Frontera », ses changements de rythmes et de styles résumant parfaitement la petite heure qui vient de s’écouler.

 

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L’album suivant, « Hot rail », saute de même de style en style en laissant une fois de plus la part belle aux instrumentaux (9 titres sur 14). Il démarre sur les chapeaux de roues avec le classique folklore « El picador » que le mariachi Ruben Moreno illumine de sa joyeuse trompette qui fera des merveilles lors de la tournée du groupe (voir le DVD « Live at Barbican »). On retrouve les différents formats et ambiances de « The black light », mais leur variété et  la créativité des deux compères tant au niveau de la composition que de l’interprétation ne laisse aucune place à la redite, surtout après deux ans d’attente.

 

On reconnaît la patte de Convertino sur ses quelques compositions sombres et calmes (« Untitled III et II »)  et sur « Mid Town » avec son déchaînement de toms couvrant un fond de crissements et d’arpèges de guitares, parfaite mise en musique d’un vent violent soufflant sur un ciel orageux. Joey Burns nous gratifie entre autres d’une chanson pop plus classique, « Service and Repair » et sa pedal steel, ingrédient de luxe du son CALEXICO, et « Ballade of Cable Hogue », dont la musique colle avec brio à l’histoire de cet aventurier du désert trompé par une femme rebelle qui vient poser sa voix cynique et francaise sur la chanson (« ne gigote pas chéri sur ta corde pendu… »).

La complicité des Américains atteint son sommet sur « Fade », titre de 8 mn partant d’un brouillard de notes, s’étendant et s’intensifiant pour finir marquée au fer rouge par la batterie de Convertino et le cri des trompettes qui soudain se taisent pour mieux entendre mourir la voix de Burns.

 

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L’album « Feast of wire » sorti en 2003 clôt de belle manière cette trilogie. La voix de Burns fait toujours des merveilles (« Suken Waltz », « Not even Stevie Nicks… », « Woven birds »), les cuivres marquent de leur accent folklorique les instrumentaux mexicanos (« Quattro », « Close behind », « Across the wire ») et CALEXICO se plait encore à construire rapidement une ambiance (« The book and the canal », « Whipping the horse’s eye », « Crumble »). Le très lyrique « Black heart » sort du lot avec ses violons sonnant presque PORTISHEAD on remarque aussi l’original « Attack el robot ! Attack ! » où CALEXICO s’amuse à mêler sons électriques, batterie et trompette, et l’instrumental répétitif « Dub Latina ». Après la journée agitée, le soir tombe sur le désert et tout s’apaise alors sur « No Doze ». L’album est prolongé par trois reprises bonus, le classique « Corona », la belle ballade « Fallin’ rain » et « Si tu disais », l’étonnante chanson de DOMINIQUE A que CALEXICO adapte à sa sauce.

 

Voici donc trois bons albums variés dans leur composition mais de structure assez similaire et qui, un peu à la manière de SIXTEEN HORSEPOWER, ont fait de CALEXICO un groupe à part dans le paysage du « rock indépendant ».

 

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