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Lorsque j'achetais les Inrocks à la rentrée 99, je fut scotché dans le CD cadeau par une chanson explosive, "Coccinelle", d'un groupe Francais inconnu: Dionysos. Le hasard fit qu'ils passèrent peu après en dédicace à Annecy où je faisais un stage de six mois. J'achetais donc leur album "Haiku", récoltais leur petites signatures et après l'avoir écouté une fois allais les voir le soir meme en concert au Brise Glace. L'album m'avais plut instantanément: c'était frais, rock et tendre, avec une bonne dose de folie et d'imagination, original et étrange, plein de poésie et de tension. Quand au concert, ce fut un gros choc, les chansons à cent à l'heure, déjà transformées et malmenées, le groupe sautant dans tous les sens et le chanteur enflammé grimpant aux rideaux de la salle! Il ne fallait pas etre très perspicace pour prédire une grande carrière à ces cinq amis de Valence, et ce fut chose faite avec leur album suivant Western sous la neige et leur tube "Song for Jedi". Cet album ajoutait à leur formule 1 rock une bonne dose de trouvailles, avec notamment des références aux Pixies, à la musique de western, mais aussi au skate et au tennis! Tous le monde pu alors ce rendre compte de leur enorme talent sur scene, que ce soit en les voyant dans les festivals (un grand moment aux Eurocks!!) ou en écoutant les deux albums live très denses sortis simulanément (un électrique et un acoustique... enfin en théorie).

C'est donc un album très attendu que ce Monster in Love. La musique de Dionysos, c'est comme une paire de chaussures neuves, il faut rentrer dedans, bien se faire à leur imaginaire, et après quelques écoutes, c'est tout bon... Grand fan de cinéma, Mathias a pensé cet album comme la bande son de son livre (que je n'ai pas encore lu): "Maintenant qu'il fait tous le temps nuit sur toi" melant son histoire personnelle et les personnages imaginaires qu'il invoquait pour se consoler du décès de sa mère. L'album commence par le thème de son personnage principal,(un western rock) qui explose dans un style très Dionysos à la chanson suivante, "Giant Jack". Vient ensuite le passage faible (dommage qu'il soit au début...): "La métamorphose de Mister chat" semble tirée des aventures de Scoubidou, "L'homme qui pondait des oeufs" est une contine un peu ridicule où Mathias surjoue et où la 2eme voix de Babeth est de trop, tout comme sur "Miss Acacia", plutot sympa sinon. "Broken bird" ressemble aux premiers morceaux de Dionysos, mais est assez longue et lassante. Il faut attendre pour revibrer "le retour de Bloody Betty", ou Dionysos se permet un peu de sérieux sur la censure, le role de la femme en politique sans oublier de déconner avec l'histoire de Bush s'étouffant avec son bretzel.

On se calme avec "Mon ombre est personne", une chanson extrèmement émouvante. La tension qui s'en dégage vient autant de l'accélération du violon que des paroles (J'ai un problème d'ombre, elle crève mes épaules souffle les lumière de la ville) qui évoquent la souffrance du deuil. Un petit thème triste à la Yann Tiersen présente un autre personnage, Liou, puis Dionysos nous offre un "Lips story in a chocolate river" alternant tendresse et violence avec leur savoir faire unique. Pour se reposer les oreilles, voici le conte de "Giant John et le sanglophone" sur une petite mélodie et des cris de fantomes, puis l'entrainant "Tes lacets sont des fées", au rythme années 50 mélangé à des scratches et de la guitare hawaienne. Vient enfin le tube imparable, "Old child", un rock sans fioritures avec des hululements à la Morriconne et une bonne grosse basse. "Monsters in love" est une petite chanson acoustique dans la veine de "Ciel en sauce", puis un autre thème ressemblant à du Danny Elfmann, "Midnight letter", introduit "Neige", chanson noire et superbe sur la solitude et la mort, probable final de leur futurs concerts. Dionysos expérimentent une dernière fois sur une reprise (I did Acid with Carolina) le mélange de toutes les musique qui font cet album. Au final Monsters in love m'a semblé assez déséquilibré, la deuxième partie appelant peu de critiques, mais les morceaux du début, bien qu'entrainants et amusants, souffrent de la comparaison avec "Haiku". A l'époque, les contines illustraient la musique, et non l'inverse, Mathias se prenait moins pour un acteur, il n'avait pas encore découvert l'ukulélé pas plus que Babeth les castagnettes ou le chant langoureux, Eric ne sifflotait pas tous le temps et le piano avait son mot à dire. Tout semblait moins chargé, plus pur et plus évident. Dans leur savant dosage, Dionysos à ici un peu forcé sur le "rigolo", le délirant et l'expérimentation sonore au détriment du rock, et un oubli total de cet ingrédient serait fatal à leur prochain album. On en est heureusement encore loin, et Dionysos demeure un des seuls groupe francais qui m'attirent. J'ai hate de découvrir ces nouveaux titres sur la scène du transbordeur en décembre (review à venir...) pour un concert qui s'annonce une fois de plus incroyable.

 

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Comme le veut maintenant la coutume, tout amateur de musique qui n'est pas un méchant pirate téléchargeur se voit offrir un DVD à l'achat du dernier album de son groupe favori... Celui de Dionysos propose un concert, un documentaire et quelques bonus. Au niveau des bonus, on retiendra principalement l'interprétation de "Song for Jedi" aux victoires de la musique, que Dionysos transforme très rapidement en "Coccinelle 2", morceau qui achève (c'est le terme) leurs concerts et qui provoque une irrésistible envie de slam chez le chanteur. La scène est ici d'autant plus marrante que Mathias paume les lunettes qu'il a piqué à Delarue au milieu d'une foule d'encravatés qu'il a auparavant copieusement piétiné. Cette prestation à elle seule aurait du leur valoir la victoire de meilleur groupe de scène qu'ils n'auront bien sur pas. On accompagne Dionysos pendant le documentaire tout au long de l'enregistrement de Monsters in love, au Maroc d'abord, en Auvergne puis en Angleterre. Les images sont intéressantes, on percoit bien l'esprit du groupe et leur manière de travailler, des chansons prennent vie sous nos yeux expliquées par leurs auteurs, et nous faisons connaissance avec le 6eme Dionysos et avec le grand John Parish qui a enregistré l'album. En prime des images du premier concert de la nouvelle tournée (à Meknes) et un concourt de surf sur les dunes... Mais le principal intéret du DVD est l'ultime concert de la dernière tournée à St Malo.

Dès la chanson "I love you", tout est dit. Le titre est calme, Mathias fait l'acteur, et soudain, sans qu'on comprenne pourquoi, tout explose, ils sautent, ils sont par terre, ils rebondissent! Ensuite, comme jadis les Who, c'est le concourt à celui qui fera le plus de bruit, qui lancera le plus haut ses cheveux.. C'est l'occasion de voir Mathias Malzieu en véritable chef d'orchestre, puis en conteur, d'admirer le sourire de Babethouchka et surtout d'entendre avec quelle vigueur et originalité les chansons de Western sous la neige sont transformées pour la scène... ("Coccinelle" représente Haiku, "New eye blues" l'album des débuts Happening songs et "Miss acacia" annonce Monsters in love décrit ci dessous). On a droit à deux traversées de foule à la nage (La route du rock, c'est plus petit que les eurockéennes...) et à trois grimpés sur des support divers, ainsi qu'un final plus punk encore que d'habitude, dernière date oblige... A la vue de ce concert, vous comprendrez pourquoi personne n'est jamais reparti décu d'un concert de Dionysos, meme par une pluie battante. Et comme ils tournent beaucoup en France, ils passeront forcément pret de chez vous... Pour conclure, une petite discussion que j'ai eu avec un collègue du boulot, musicien, un vieux de la vieille. Il a connu David Gilmour, il a vu Alice Cooper (le groupe) en concert, il défend les Rolling Stones meme dans leurs derniers albums, autant dire que tout groupe né après 1979 est forcément passable à ses yeux. Il m'a raconté le dernier concert d'Iggy Pop à Lyon: "En premiere partie, y'avait un groupe de Valence, des jeunes, bien! ils ont mis le feu, du bon rock. Alors après, cet imbécile d'Iggy Pop, il a du etre jaloux, il a monté le volume de trois crans, quel con! tous le monde lui faisait des signes, on a pas reconnu une seule chanson! j'étais venu pour lui, je suis reparti fan de Dionysos..."