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Blinking Lights (and other revelations)
23 avril 2015

ARCHIVE - 11 Octobre 2006 - Transbordeur - LYON

 

IMGP2428

 

Après une séance aux eurockéennes au goût de trop peu, Archive vient cette fois au Transbordeur en tête d’affiche présenter son dernier album, Lights, au public lyonnais.  Je me gare à l’arrache et arrive 15 mn avant l’heure indiquée sur le tiquet. Quelques minutes après les lumières s’éteignent et un des gars d’Archive, celui désigné quelque fois sur les forums de fans par le gentil sobriquet d’ « ignoble chevelu », se ramène sur scène une bière à la main. En guise de première partie, il jouera au DJ en rajoutant quelques effets à des disques qu’il passera avec force mouvements de têtes, le public ne voyant que le sommet de son crâne par intermittence derrière une machine posée sur un caisson. Je passe le temps en jouant au blind test, le gars est bien mauvais DJ mais gagne mon estime en diffusant une chanson de the Eraser, l’album solo de Thom Yorke que je n’ai pas suffisamment écouté pour en faire une chronique décente, et « World of shit » de Eels. Ce n’est qu’à 21h15, après avoir testé les limites de la patience du jeune public présent, qu’Archive monte sur scène dans un brouillard fantomatique mis en valeur par un jeu de lumière qui sera un élément important de l’ambiance réussie du concert, comme en hommage au titre de leur dernier album. Disons tout de suite que les principaux atouts du groupe live ne sont pas les deux fondateurs qui se sont installés derrière leur claviers de part et d’autre de la scène et qui sont surtout là pour se balancer au rythme de leurs chansons, mais bien l’exceptionnel batteur au jeu puissant (voir photo) et le guitariste « grand chauve » à l’aise aussi bien bondissant dans tous les sens sur les titres  rock que caressant doucement sa gratte (par exemple l’incroyable technique de taping qui illumina la ballade « I will fade »). 

Le groupe se chauffe tranquillement sur l’intro de « Lights »,  puis est rejoint au moment opportun par le nouveau chanteur, qu’on appellera « ptit jeune » faute de mieux, dont on se demande si la posture sérieuse  et raide qu’il adopte est due à la timidité ou à l’orgueil. Les musiciens sont sept sur scène, parfois huit lorsque ces messieurs laissent chanter une brune toute de noir vêtue, et c’est avec un grand professionnalisme qu’ils réussiront tout au long du concert à jouer ensemble, surtout lorsqu ‘on voit les timings complexes des chansons  et qu’il y a en même temps jusqu’à deux basses et trois guitares,  ou trois chanteurs, sans compter les machines. On comprend donc quelle puissance est mise en place pour dynamiser (ou dynamiter) les morceaux, chose faite dès le deuxième, un « Numb » faramineux qui compte parmi les meilleures chansons que j’ai entendues en live (du moins c’est l’effet qu’elle me fit sur le moment). Je suis agréablement surpris d’entendre « Bridge scene » de l’album Michel Vaillant, tout comme ont du l’être les fans de la première heure lorsque la chanteuse interprétera « Headspace », morceau de Londinium qui fit un peu retomber la sauce mais qui laissa heureusement place très vite à un magistral « You make me feel ».  Encore une qualité à ajouter à l’actif des Anglais que de piocher ainsi dans l’intégralité de leur discographie, même ancienne, pour satisfaire tout le monde.  « Ptit jeune » m’impressionne par son interprétation sur « Black » (« Watch me self destruct ! »),  puis « ignoble chevelu » entame la chanson la plus attendue (à mon étonnement) du public qui se fait un plaisir de hurler des « Fuck U ! »  dans tout les sens.

Un gars tente l’unique et pitoyable slam de la soirée, je le porte quelques instants avant de le balancer sur des fans interloqués qui le laissent s’écraser comme une merde. J’ai gagné quelques mètres dans l’affaire et j’ai atteint les premiers rangs où l’on s’apprête à danser comme des fous sur un enchaînement « Sane » / « Sit back down » irrésistible. Puis les premières notes d’ « Again » se font entendre malgré un tonnerre d’applaudissements, tout le monde connaît cette chanson et d’ailleurs beaucoup la chantent (malheureusement…). Tel est le pouvoir de ce titre que les trois skinheads du premier rang arrêtent de faire les cons et se balancent lentement les yeux fermés, presque la larme à l’œil.  Le petit bassiste jusque là discret prend un pied d’enfer et balance ses notes en donnant l’impression de vouloir palier la flemme des guitaristes qui laissent à une machine le soin de répéter les fameux arpèges. Pendant la partie finale, le groupe semble s’éclater au moins autant que le public, ce qui n’est pas peu dire, et ça fait vraiment plaisir.  Acclamés comme il se doit, Archive ne se fait pas prier longtemps pour revenir sur scène et entamer un rappel d’anthologie, « System » puis « Pulse » prolongé jusqu’à l’épuisement par sept furies oscillantes. Lorsque mes pieds ont saisi le message de mes oreilles et arrêtent de danser et sauter,  j’applaudi à tout rompre le groupe venu saluer en ligne sur le devant de la scène, avec un signe spécial de remerciement pour le batteur en face de moi. Celui-ci m’envoie une de ses baguettes que je suis tout étonné de saisir et qui prouve à elle seule la vigueur étourdissante du dernier titre interprété. Le public en redemande, et est content d’être surpris de voir « ptit jeune » et « grand chauve » se ramener pour interpréter pour la première fois sur scène la chanson « Headlights ». Les problèmes de son du début authentifient la démarche, avant que les deux compères reprennent guitare acoustique et micro pour enfoncer sur cette très belle chanson les médiocres tentatives de l’album Unplugged. Lorsque le reste du groupe revient visiblement ému, il congratule les deux interprètes avant de se lancer dans un « Programmed » endiablé qui clôture en beauté ces deux heures magiques. Quand je parviens au bar pour remplacer par une bonne bière le litre de sueur que j’ai perdu, une jolie blonde me demande en la regardant avec envie si elle peut me la toucher (la baguette bien sur…). Comme elle m’avoue avoir toujours rêvé jouer de la batterie, je lui affirme donc que je suis batteur (bon c’est vrai, je suis autant batteur que Mélaine est judokate) rien que pour avoir droit à un regard admiratif. Moralité, pour draguer une baguette de batterie est vachement plus efficace et moins chère que d’autres moyens, comme par exemple une alliance (on taira le fait que je me suis fait aborder moulte fois par des poilus qui voulaient me la piquer ; la baguette pas l’alliance).

Bref un souvenir sympa de ce concert énorme que je n’hésite pas à classer parmi les meilleurs de ma courte existence de rocker (quoique, dix ans déjà…)

 

Setlist:

Lights / Numb / Bridge scene / Veins / I will fade / Headspace / You make me feel / Black / Fuck U / Sane / Sit back down / Again // System / Pulse // Headlights / Programmed

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