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Blinking Lights (and other revelations)
23 avril 2015

MODEST MOUSE - GNFPWLBN & WWDBTSES

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Joie, un nouvel album de Modest Mouse ! Toujours absent des médias, le groupe vient de sortir un superbe objet avec cette édition cartonnée de We were dead before the ship even sank qui incite à l’achat plus qu’au gravage, d’autant qu’il nous préserve depuis des années d’une mauvaise surprise : si l’on excepte les premiers albums (Modest Mouse  ou Sad sappy suckers, genre enregistrés dans une cuisine avec une guitare classique désaccordée), leur discographie est excellente (on conseille This is a long drive for someone with nothing to think aboutThe lonesome crowded west  et surtout The moon and antarctica, déjà encensé sur ce blog).  En signant avec une major,  Isaac Brock et ses acolytes n’ont pas vendu leur âme aux commerciaux, en témoigne Good News for people who love bad news, sorti en 2004. Tiré par un single terrible, « Bury me with it », alternant slam sur fond basse/ batterie et refrain tout en guitares électriques, cet album mélange dans la plus pure tradition Mousienne des rocks sautillants (« Ocean breathes salty », « The view »), des mélodies tranquilles (« World at large »,  « Blame it on the tetons ») ou inquiétantes (« Bukowski » au banjo et violoncelle, ou « The devil’s workday » et ses cuivres dans le style d’un groupe français dont je parlerai bientôt…) et punk répétitif martelé façon camisole (« Dance Hall »). Les textes expriment un pessimisme résigné quand à l’avenir de la planète, philosophie illustrée sur la pochette par de multiples flèches plantées dans un mur vert, symbole d’une nature sacrifiée (à l’intérieur, c’est une sorte de ver de terre dont la tête est un masque à gaz) ainsi que par le cynisme du titre de l’album. On ne compte plus les allusions à un monde englouti par la hausse du niveau de la mer, quelques survivants contemplant l’humanité détruite, ce qui pour les auteurs ne peut être qu’un bien, celles-ci n’étant composée que d’irresponsables écervelés ignorés depuis belle lurette par Dieu. Sur « One chance », Brock cherche même à réfréner l’amour des siens, les sachant de toute manière condamnés (« My friends, my habits, my family they mean so much to me, i just don’t think that it’s right, i’ve seen so many ships sail in, just to head back out again and go off sinking »). En outre, la liberté et le bonheur sont en voie de disparition, (“But if the party’s over, if the fun has to end, please, bury me with it!”) et les “bonnes choses” (bouffe, alcool, drogue) nous tuent (“The good times are killing me”).

Trois ans plus tard, les choses ne peuvent être que pires! Cette fois l’album s’intitule carrément We were dead before the ship even sank: encore ce sentiment d’être sur un navire voguant à sa perte… Le chanteur ironise sur l’humanité cherchant à tout prévoir, à tout contrôler au travers de la science, mais qui ne se rend pas compte qu’elle retourne vers une société animale (voir ces curieux dessins de mains animales). Musicalement, l’album offre encore de belles réussites : le macabre « March into the sea », l’excellent funk « Dashboard » ou « Spitting Venom », petit reggae marrant qui s’électrise avant un long final calme associant trompette et guitare répétitive. Le groupe a cependant trop forcé la dose sur leur aspect rock désordonné, beaucoup de titres sont énergiques mais peu harmonieux, et Isaac Brock va trop dans son registre chant crié. On en apprécie d’autant plus les belles mélodies acoustiques et le chant calme de « Missed the boat » et « Little motel » ou le format plus classique de « People as places as people », mais ses pauses sont trop rares à mon gout, et lorsque s’éteint le rock asséné du dernier titre « Invisible », on a un peu mal au crane. Un album déséquilibré (au sens propre, au sens figuré ils le sont tous…) qui conserve une bonne part de moments fameux sans atteindre dans sa globalité le niveau des précédents. Il est dommage (toujours selon mes gouts) que Modest Mouse s’éloigne progressivement depuis le chef d’œuvre The moon and antarctica de son coté mélodique. Reste que son style et ses textes en font encore aujourd’hui un groupe atypique à découvrir d’urgence (avant que le bateau ne coule…)

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