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Blinking Lights (and other revelations)
23 avril 2015

SMASHING PUMPKINS - Zeitgeist

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Billy Corgan a-t-il vraiment reformé les Smashing Pumpkins ? Les raisons de leur séparation furent obscures, le leader prétendant de manière peu crédible que James Iha en avait marre. Dans ce cas il aurait pu continuer il y a sept ans en duo avec Jimmy Chamberlain, puisque c’est la forme qu’ils prennent aujourd’hui sur Zeitgeist. Et ce n’est pas le manque d’inspiration qui l’obligea à faire une pause, puisqu’il sorti entre temps deux insipides albums. Non, tout ceci ressemble fort à une manœuvre pour écarter son second guitariste et prendre les commandes d’un groupe dont il ferait tout sauf l’instrument qu’il ne maitrise pas, la batterie, qu’il laisse en l’occurrence au maitre du genre, son ami Jimmy : c’est d’ailleurs marqué en toutes lettres sur la pochette (Billy Corgan : all the rest). Ce n’est alors pas forcément un bon calcul, car bien que créateur d’une grosse majorité des titres du groupe, Billy Corgan n’a rien sorti de très bon en l’absence de l’asiatique guitariste, et ce n’est pas cet album qui changera la donne (on laisse de coté la basse qui chez les Pumpkins a toujours servi à faire joli sauf sur quelques vieux titres ; D’ailleurs Corgan a semble t il reprit une bassiste canon pour ses prochaines tournées). Tout ca pour dire que Zeitgeist n’est en fait qu’un album solo du grand chauve, agrémenté de l’énorme jeu de son acolyte batteur. On retrouve donc avec plaisir ce gros son à la « Zero » sur le premier titre, « Doomsday clock », ainsi que… sur tous les autres titres. Lâchons d’emblée notre déception déjà amenée par notre introduction, cet album est bien trop homogène, prévisible, et peu mélodieux pour être digne de figurer parmi ses prédécesseurs (On a du mal à imaginer que Corgan ait un jour écrit des merveilles telles que « Tonight tonight »). Le single « Tarantula » en est un bon résumé, une chanson pêchue qu’on sent adaptée à la scène, mais vraiment trop marquée vieux métal, surtout dans l’abominable son Iron maiden des solos de guitare. Faute encore avouée sur la pochette par la signature avec les initiales des deux gars, BC/JC singeant celle des préhistoriques australiens AC/DC. A la liste des erreurs s’ajoute des chœurs vraiment dispensables qui font tomber les meilleures intentions de l’album dans la ringardise. Cela dit, le bilan sur la première partie de l’album n’est pas si négatif, en mettant de coté « That’s the way my love is » (snif…). Outre le bon morceau d’introduction et le single, on y trouve le plaisant « Bleeding the Orchid » qui ressemble aux titres écrits pour le dernier album de Hole, et la belle composition « Starz », avec une intro de mise en ambiance et un décollage qui exploite au mieux les capacités du batteur. Alors que tout les morceaux font environ 4 mn (là encore incroyable routine), arrive enfin la pièce maitresse de l’album, « United States », titre à part au refrain fédérateur, 10 mn scindées en plusieurs parties qui varient les plaisirs comme à la bonne époque. On sent avec « Starz » et « United States » des morceaux pouvant évoluer sur scène, être prétexte à des impros, bref pouvant se mélanger sans problème aux exploits passés du groupe. Malheureusement après ce sursaut d’orgueil l’album s’abime dans la médiocrité ou la redite. On remarquera particulièrement les titres plus calmes « Neverlost », « For god and country » ou « Pomp and circumstances » dignes des pires productions de la période Machina. Quand on pense qu’à l’époque du Mellon Collie le moindre obscur inédit titre caché était une merveille, et qu’on se retrouve maintenant avec ca sur l’album…

Au niveau des paroles, le changement est aussi marquant. Corgan avait ce regard désenchanté sur le monde qui transforme chaque rare rayon de soleil en bonheur intense (le thème de « Today » par exemple), un coté lunatique ballotant ses vers et sa musique entre espoir et désespoir. Aujourd’hui, il aime tellement la vie qu’il n’a qu’une peur, la quitter : au niveau poétique on y a indubitablement beaucoup perdu. C’est ainsi que la pochette, dans un style que je ne déteste pas, présente en lieu et places des anges et autres symboles ésotériques habituels la classique vision apocalyptique d’une statue de la liberté les pieds dans l’eau, rejoignant les seules paroles évidentes de l’album, celles de « Doomsday clock ». Car si le sujet de nombreux titres est clair, l’orientation du chanteur est plutôt ambiguë. On parle ici de religion et politique ainsi que du rôle des médias, rappelant aux européens qui l’auraient oublié que le 11 septembre occupera les esprits américains pour les siècles à venir. (Je viens d’écouter Neon Bible d’Arcade Fire, même thème…). A première vue, Corgan semble vouloir montrer la laideur de son pays et notamment de la télévision, sur les images de la pochette. Paris Hilton se pavane devant une image de bombe atomique, des écrans montrent des armes, des visages imbéciles ou effrayants et la mort à la tribune du président des USA. Cependant le doute survient quand on lit les paroles des chansons (« For God and Country »)  et les remerciements (en premier lieu Dieu, Jesus, Marie, les anges et plus loin… Paris Hilton !).  Et derrière la mort ce drapeau américain ciglé du cœur des Smashing Pumpkins… Le titre de l’album peu aussi prêter à confusion, s’agit il de « l’esprit du temps », ou « du temps de l’esprit » qui semblerait indiquer que Corgan aspire à une société tournée vers Dieu, bien loin des doutes et des questionnements de sa jeunesse. Dans cet état d’esprit, comment pourra-t-il rejouer sincèrement ses anciens titres sur scène ? (ceux que malheureusement tout le monde attendra avec impatience). D’ailleurs la seule guitare en photo dans la pochette est dans un cercueil….

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