EELS - Useless Trinkets

Eels a sorti un best of pour fêter ses dix ans d’existence (avec un peu de retard). Et puis Mister E a pensé à ses fans et a sorti en même temps ce Useless trinkets. Dire que je suis un fan de Eels serait un peu léger, je suis un inconditionnel, un admirateur, si j’avais la chance de faire de la musique je serai le sosie de Mister E. J’adore la musique de cet anti guitar hero, depuis Beautiful freak et mon premier concert, mais j’aime aussi le bonhomme, sa manière d’être à la fois en retrait et sur le devant de la scène, sa façon de faire croire qu’il fait semblant d’être orgueilleux, sa manière de voir le monde et de le prendre à contre-pied, son caractère qui peut être résumé en un mot : cynisme. Du genre à appeler son disque de best of « Babioles inutiles », alors même que Eels est un des rares groupes à pouvoir en sortir un de qualité. Et là, franchement, il s’est pas foutu de ma gueule : la quasi intégralité de tous ce qu’il a fait en marge de ses albums, cinquante titres, plus un petit dvd live et un livret regorgeant de photos et d’anecdotes, le parfait fan collector !!

Le premier disque s’attarde sur les débuts du groupe, avec une majorité de titres assez connus, dont l’intégralité du magnifique EP « Rags to rags », et des mythiques faces B comme « Fucker », le deuxième disque contenant beaucoup plus de raretés. On retrouve des tubes du groupe dans des versions remixées (marrantes comme « Novocaine for the soul » ou « Mr E’s beautiful blues », ou inutiles comme « Your lucky day in hell »), des enregistrements différents (« Souljacker part 1 »), ou live, comme la version punk de « I like birds » qui démontre tout les talents de Eels à étonner sur scène. Pas mal de reprises, du meilleur au plus insignifiant, dont on retiendra l’émouvant « Can’t help falling in love » (i know. Who hasn’t done this song ? but i can’t help covering it.) et “If I was your girlfriend” de Prince, dynamité sur scène lors de la première tournée. Coté inédits, là aussi il y a à prendre et à laisser, mais l’éclectisme de rigueur chez Eels permet à coup sur de trouver son bonheur, entre les petites ballades enregistrés en appart ( « Funeral Parlor »,  « Sad foot sign »,  etc…), les titres tirés de BO (dont le magnifique « Bad news ») et les gros délires (« Jelly dancers » ou « Vice president Fruitley » enregistré lors d’une balance avec Lisa Germano). Le DVD donne l’occasion à Eels de présenter ses nouveaux déguisements (dont un faux security man qui distribue de la chantilly au public ! on eut préféré un bassiste curieusement absent), d’inventer une cinq centième version de « My beloved monster » (la garage-gospel) et de s’éclater pendant un quart d’heure sur les trois accords de « Not ready yet ».

Après un disque biographique (le fameux Blinkinglights and other revelations dont j’ai repris le nom pour mon blog), un live, un best of et un album de B-sides, productions qui sonnent comme un aboutissement (la pochette ressemble à un épitaphe), espérons que Mister E se remettra vite au boulot et entamera un autre cycle. Parce que c’est rare et ça fait du bien d’être exactement sur la même longueur d’onde qu’un artiste.

PS1 : Mister E a sorti un bouquin autobiographique qui est apparemment best seller aux USA, et dont le grand Pete Townshend a dit qu’il l’avait aidé à comprendre sa manière de composer et de vivre la musique, carrément ! il faut absolument que je me le procure !

PS2 : Eels est en tournée mondiale, fait de multiples arrêts en Allemagne, Royaume Uni, Hollande et uniquement deux en France, les deux à Paris (comme d’hab)… La peste s’abatte sur ceux qui ont programmé les date, la vérole sur le centralisme culturel français, et la gastrogrippe sur tout les parisiens !! Putain le transbordeur a été remis à neuf ! Ca fait dix ans que je n’ai pas vu Eels en concert ! Je sens que je vais craquer, prendre mon balluchon et claquer 150 euros à la SNCF…