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Blinking Lights (and other revelations)
25 avril 2015

DES COMPILATIONS QUI COMPTENT

 

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La vie d’un passionné de musique est jalonné d’albums majeurs, surtout au début, dont l’écoute a ouvert des horizons et provoqué des sentiments capables d’influencer son existence entière. J’ai déjà cité le Use Your Illusions II des Gun’s N’Roses, groupe qui m’a orienté vers toute la culture rock et punk au travers de ses reprises, et le Mellon Collie des Smashing Pumpkins, pour le coté salvateur de la musique. Et aujourd’hui je voudrais rendre hommage à quelques compilations, dont deux (What’s up matador et Anakin) sont pour une bonne part à l’origine de ma passion et de mes armoires remplies de Cds et de vinyles.

A l’époque où j’ai commencé à écouter de la musique, le paramètre qui faisait que j’écoutai tel où tel artiste était bien souvent… la présence dans les bacs des bouquinistes du Cours Julien (bénis soient ils !) de son album à un prix très réduit ! Dans les obscurs recoins des trucs à trois francs six sous traînaient en permanence des compilations, le plus souvent les mégas dance de l’été d’avant, mais parfois des disques de labels indépendants. C’est sur la foi des seules trois caractères 4AD (label des Pixies) et de son prix dérisoire que je ramenai chez moi Anakin, compilation riche de dix titres et de découvertes magnifiques pour mes oreilles inexpérimentées. Kristin Hersh, artiste dont j’ai longuement parlé, avec un de ses meilleurs titres, « Gazebo Tree », probable future reprise du mois. Lisa Germano, dont il faut absolument que je parle, même si ses meilleurs disques sont loin derrière elle (l’inégalable Geek the Girl). Lisa Gerrard, avec ce « sacrifice » qui me fit bondir sur la discographie de Dead Can Dance. Mojave 3 que j’ai suivi de loin pendant un moment, jusqu’à leur album Spoon and Rafter que j’ai immédiatement acheté. Porté par un premier titre d’anthologie, « Bluebird of Happiness », ce disque se retrouve systématiquement sur ma platine quand j’ai envie d’une musique calme mais pas déprimante. Autre groupe qui, sans être exceptionnel, propose un folk rock sympathique, His name is alive a sorti quantité d’albums, le seul que je puisse conseiller étant Last Night, sorti en 2002. Anakin m’apprit aussi qu’on pouvait faire de l’excellente musique avec des rythmes ou des sons électroniques, au travers des chansons de the Hope Blister, Thievery Corporation et surtout GusGus, dont j’avais beaucoup aimé le premier album GusGus mais que j’avais lâché après deux autres albums un peu en dessous dans mon souvenir (ils ont apparemment continué et sorti un album cette année…). Au delà des découvertes, Anakin est un simplement un très bon album, calme et reposant.

Toujours dans l’optique du meilleur rapport qualité prix, je tombais un jour à la Fnac sur la compilation What’s Up Matador du label Matador Records, 44 titres (dont une moitié d’unreleased) pour une cinquantaine de francs. Rassuré par la présence de deux chansons de Cat Power, que j’appréciai déjà, je réalisai une de mes meilleures affaires à ce jour. Très orienté grunge (c’était l’époque) et rock alternatif, l’album me fit découvrir des groupes dont je suis aujourd’hui un inconditionnel : Yo La Tengo, Pavement, la charmante Liz Phair (elle aussi son meilleur disque est son premier, Exile in Guyville ) ; ainsi que d’autres excellents dont je n’ai pas encore eu le temps d’explorer toute la production : Helium (ancien groupe de Mary Timony, dont il faut écouter le Magic City), Guided By Voices, et deux groupes dans le style de Sonic Youth, Come (album 11.11) et surtout Bardo Pond, véritables précurseurs du post rock (Dilate est un must). On trouve enfin des titres excellents de groupes que je n’ai plus trop recroisé par la suite : Spoon, les très marrants « Adam & Steve » de the Frogs et « My Pal the Tortoise » de TFUL 282, l’excellent « Hangman » de Silkworm ou le poignant « Still ? » de SF Seals. Deux ans plus tard, le label fête ses dix ans d’existence avec un triple album sur le même principe. Cette compilation est beaucoup plus éclectique, le label ayant ouvert sa porte à des artistes de rap,  de techno ou étrangers (ils ont une surprenante source au japon, avec des Guitar Wolf,  Pizzicato Five, ou Cornelius, dont l’album Point est à écouter). Du coup, entre les styles que je n’apprécie pas (les amateurs de hip hop pourront sûrement faire de belles découvertes) et les groupes que j’avais déjà rencontré sur la compil précédente, les trouvailles furent moins nombreuses pour moi. Mais elles furent de taille : Arab Strap, Modest Mouse et Mogwai (trois de mes groupes favoris, le dernier en tête de classement !). Je reste depuis un grand fan de ce label, avec une grosse partie des artistes que j’aime qui y sont passé, et s’il n’avait pas un nom si con, j’aurai affiché un peu partout cet attachement.

Parmi les disques d’artistes variés qui m’ont marqué, figure aussi le triple Tibetan Freedom Concert que j’avais emprunté à la bibliothèque à sa sortie en 1997. Par hasard, je rédige cet article alors que le Tibet est malheureusement, dix ans plus tard, encore à la une de l’actualité. La très belle et symbolique pochette montrant Thurston Moore levant une guitare rageuse sur fond de flamme tibétaine est l’occasion d’apporter mon très modeste soutien au combat des tibétains et à la bonne idée des Beastie Boys (à l’origine des concerts pour le Tibet libre). Je ne suis pas hostile au sport (encore que ça dépend desquels…) mais dès qu’il se mêle au pognon ou à la politique, ça craint vraiment. En tant que judoka, je suis très admiratif du champion David Douillet, mais l’homme représente à peu près tout ce que je déteste lorsqu’il est hors des tatamis. Pour revenir à l’album, il regroupe une quantité impressionnante de stars pour des interprétations live de grande qualité : Ben Harper, Patti Smith, Radiohead, U2, Foo Fighters, Eddie Vedder, Rage Against the Machine et Alanis Morissette (du temps où elle était encore une artiste - personnellement j’adore son MTV Unplugged), pour citer les artistes que je connaissais à l’époque. C’est en écoutant ce live que je me ré intéressait à certains groupes dont le premier contact n’avait pas emporté mon adhésion : Sonic Youth, avec le magistral « Wildflower » tiré de l’excellent A thousand leaves qui me réconcilia avec eux (je suis plus un adepte de la décennie 90-00 que des vieux albums). Bjork, avec « Hyper-Ballad » dont j’ai déjà parlé, et l’album Post. REM, avec une belle version de « Electrolite » (même si là je suis plus sceptique, n’ayant pas encore trouvé de véritable merveille dans leur discographie). Et enfin Beck, que je pensais perdu à ma cause après une overdose de l’irritant « Loser », et qui avec ce « Asshole » me montrait un autre versant de son talent, que je retrouverai plus tard sur le très beau Sea Change. Après il y a aussi des groupes de rap (les puristes me diraient si c’est du bon, mais j’en doute) et des moines qui prient (on peut en supporter un peu, c’est quand même pour eux que le concert est donné…), mais pour une grosse majorité de l’album, c’est du très bon son.

Pour finir sur les compils, en voici une que j’ai acheté la semaine dernière et qui s’intitule Even Cowgirls Get the Blues. Il s’agit d’une collection de chansons d’artistes féminines de country ou folk regroupées par le label Fargo, au premier rang desquelles se trouve le « Pirate’s Gospel » d’Alela Diane.  « Que du bon, rien à jeter » lance rock n’folk, tandis que magic renchéri d’un « pas un titre ici qui ne soit passionnant ». Rien n’est plus faux ! Alors ouais, les demoiselles ont toutes une très belle voix et chantent le cœur ouvert en gratouillant leur guitare folk, mais on a quand même une majorité de titres banals. Entre les ballades gentillettes (comme l’ouverture « Nowhere to be found » de Sera Cahoone), les ballades aux paroles un peu niaises (« Johnny Cash » de Kelly McRae) et les ballades déjà entendues, voire carrément réchauffées (« White Light » de Sarah White, « BTK Blues » de Pink Nasty ou « As the stars » de Lauren Hoffman), il ne reste pas grand-chose d’exceptionnel. Quelques voix sortent du lot, comme celle de Carrie Bell (qui va bien dans les graves), ou de Bosque Brown, mais si « l’indétrônable Chan Marshall a de quoi s’inquiéter » (selon Rolling Stone), c’est ici simplement à cause de quatre chanteuses (sur 17 !). J’ai déjà insisté (trop ?) sur miss Diane, mais elle est dépassée ici  par sa copine Mariee Sioux qui avec les magnifiques arpèges et voix de « Wizard Flurry Home » signe le meilleur morceau de cet album et me donne l’irrésistible besoin d’acheter son disque. Autres titres provoquant plus le rêve que l’ennui (la frontière est ténue, mais réelle), le très calme « Twilight » de Dawn Landes et le mélancolique « Brotherhood of man » de the Innocence Mission. Certes, il ne faut pas juger des artistes sur un seul titre, mais on est loin de l’imbécile phrase de Gonzai « Even Cowgirls lance un concept original, celui de la compilation réussie » (z’ont jamais écouté celles de Matador…). Après c’est plus le manque d’originalité que de qualité qui plombe cette compil. Seul point noir, la reprise « Make you feel my love » de Emily Loizeau : outre le fait que je déteste cette interprétation (ça c’est subjectif), on se demande ce qu’elle fout là, avec son piano de récital, au milieu de ces cowgirls, la gratte autour du cou, qui sentent bon la poussière et la bière.

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