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Blinking Lights (and other revelations)
1 mai 2015

DIONYSOS - 21 Mai 2008 - Summum - GRENOBLE

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Plutôt partagé sur l’album La Mécanique du Cœur, j’avais hésité à voir la tournée de Dionysos qui s’ensuivait, mais je me suis rappelé qu’en 6 concerts, je n’avais jamais été décu par le groupe français. Les deux concerts au Transbordeur étant complets, je prenais ma place pour le Summum à Grenoble, une salle située à deux pas de mon boulot*, précédée d’une réputation catastrophique au niveau acoustique (je n’ai rien remarqué de spécial, mais je ne suis pas un spécialiste, et en plus les prestations de Dionysos fonctionnent plus à l’énergie qu’au pointillisme sonore). En rentrant dans la salle, j’ai l’impression que le public est incroyablement nombreux, et assez jeune ; en fait non, c’est moi qui suis vieux, d’ailleurs j’ai immédiatement une pensée de vieux : à l’époque, au Brise Glace à Annecy, on devait être au moins 10 fois moins… Comme dira Mathias, on est content de revoir ceux qui nous ont vu dans des petites salles, même ceux qui étaient encore à l’état de spermatozoïdes !

La première partie arrive pile à l’heure sur scène. J’ai été victime d’un coup de cœur rare pour MORIARTY suite à ce court set d’une demi heure. Le line up illustre assez bien leur musique : un guitariste acoustique qui tape de temps en temps sur une valise amplifiée - Un contrebassiste, tâtant aussi de la gratte - un joueur de dobro, et parfois de guitare demi caisse - un harmoniciste (ses harmonicas disposés autour de sa taille, comme un pistolero ses cartouches), faussement nonchalant, qui a des petits airs de mister E – et la pierre angulaire du groupe, une charismatique et mélancolique chanteuse dont la voix concurrence, osons le, celle d’Alela Diane (ça faisait longtemps que je l’avais pas cité, celle-là…). Il s’agit donc de blues et de folk, avec des textes en anglais qui ont toujours ma préférence, même si j’aurai voulu comprendre les histoires racontées, qui semblaient assez émouvantes. Ainsi un titre évoque une cousine américaine qui s’est engagée dans l’armée pour pouvoir payer ses études. Etonné de voir un groupe français proposer une musique de ce style et de cette qualité, mes doutes s’amplifiaient avec le thème de ce « Private Lily ». J’eu confirmation après coup d’une nationalité Franco-Américaine, mais bon, mieux vaut une moitié de Moriarty (ou de Sixteen Horsepower), qu’une totalité de Killers (par exemple…). Leur concert est parsemé de touches d’humour, d’émotion et de surprises (ce qui différencie souvent le simple bon groupe des futures stars), un grand moment étant l’étonnante reprise dépouillée de « Enjoy the Silence ». Le concert passe trop vite, jusqu’à un dernier titre chanté en Allemand, (malheureusement absent de l’album) carrément la plus forte émotion que j’ai jamais ressentie en concert ! Pas besoin d’être un spécialiste pour prédire à Moriarty une arrivée prochaine dans la cour des grands.

Le décor de Dionysos est dévoilé, une fois de plus il sera bien soigné, avec des horloges et des mécanismes joliment éclairés, ainsi que des projections travaillées qui rajouterons leur touche aux différentes ambiances mise en places par les chansons du groupe. Je craignais une prestation genre opéra rock, avec toutes les nouvelles chansons dans l’ordre du CD, une fausse bonne idée flattant l’égo du rouquin leader, mais il n’en a rien été : les titres ont été piochés dans toute la discographie, Dionysos me faisant même l’immense plaisir de jouer « Wedding idea » (au violoncelle et scie musicale), une de mes chansons favorites d’Haiku. Dionysos attaque avec « King of the ghost train », titre le plus rapide du dernier album. Après ce coup d’éclat, la marmite Summum est déjà en folie ; il aura suffit à Dionysos de jouer une chanson pour être les maîtres du monde. Les hommes de petite taille sont étonnants : certains deviennent président, d’autres star du rock, les deux étant experts en manipulation de foule. Mathias dompte le public, nous faisant avancer de deux mètres, chanter, chuchoter, crier, sauter selon son bon vouloir. Finalement les quelques spectateurs qu’il n’aura pu maîtriser sont les lourdaux gueuleurs de « A poil ! » : pas d’emprise possible sur la connerie à un tel degré, mais cela sera prétexte à de bonnes blagues de la part du chanteur. Ils sont maintenant 9 à s’amuser sur scène. Tout d’abord les quatre gars d’origine, qui connaissent bien le coin, certains ayant même fait leurs études à Grenoble, là encore nous avons donc droit à des anecdotes sympathiques. Puis Babeth, quasi absente de l’album mais qui se rattrape en interprétant toutes les parties féminines, de belle manière en plus (sur ce point elle a vraiment progressé). Ensuite Stéphane, multi instrumentiste initialement coach du groupe, qui a troqué son air de premier de la classe pour un look de guitariste de Nine Inch Nails. Viennent s’ajouter aux six membres du groupe un clavier et deux cuivres, qui seront prétexte aux plus belles réorchestrations des morceaux. Les titres sont encore une fois savamment retravaillés pour la scène, et tout comme « l’homme qui pondait des œufs » que je n’aimait pas sur disque mais qui est exceptionnelle sur scène, « Cunilingus mon amour » fonctionne à merveille, Babeth et Mathias s’en donnant à cœur joie, interprétant leur rôle avec une bonne humeur communicative. C’est que cette théâtralisation du chant qui m’énerve tant sur les albums est au contraire une grosse qualité sur scène, permettant au chanteur/acteur de s’éclater dans un domaine où il est très doué, et d’entraîner le public dans ses délires, rebondissant avec talent sur le moindre incident ou la moindre occasion de faire rire l’assemblée. Pour être franc, la transformation des chansons en y ajoutant un final fait d’explosions et de pauses est un petit peu trop systématique (dans le cas de « l’homme sans trucage », cela sert même à masquer la faiblesse de cette compo). Cela, ajouté à une setlist que je n’ai pas trouvée optimale, est sûrement la cause de ma légère lassitude en milieu de concert (avant des rappels enthousiasmants, je précise…). Mais bon, le truc fonctionne bien dans l’ensemble et on leur pardonnera d’abuser de ce que peu de groupes savent exécuter. Dionysos quitte une première fois la scène après « Neige », rallongée de belle manière, puis une deuxième après un fulgurant « Whatever the weather », une des plus puissantes compos de La Mécanique du Cœur. Bonne surprise, le final a changé et c’est sur une longue version de « Giant Jack » (j’ai adoré) que Mathias exécute son fameux aller retour (le Summum, c’est de la gnognotte pour ce surfeur de foule professionnel). Quelques petits regrets, comme des pauses un peu longues entre les morceaux ou l’absence des titres slammés (thème de Joe) qui sont pourtant parmi les meilleurs du dernier album. Mais une certitude : que les futurs albums me plaisent ou non, je n’aurai plus de doute au moment d’acheter ma place de concert. Meilleur groupe live de France depuis longtemps, Dionysos n’en progresse pas moins chaque année, laissant à chaque fois l’impression au spectateur qu’il vient probablement de voir le meilleur concert de la tournée…

 PS : En fait Moriarty est déjà assez connu, pour preuve ils font les Eurocks et les Nuits de Fourvières (je parie que c’est complet !). Et le dernier titre si émouvant serait un lied de Schubert !!

 * petit truc pour les Grenoblois : pour se garer avant un concert, il y a le mini parc (rue Roland Garros) et ses parkings de société, déserts le soir, disposant de nombreuses places (merci de me laisser la mienne)

 Setlist : King of the Ghost Train – Le jour le plus froid du monde – Song for Jedi – Cunilingus mon amour – la Métamorphose de Mister Chat – L’homme qui pondait des œufs – Wedding Idea – La berceuse hip hop du docteur Madeleine – L’homme sans trucage – Tokyo Montana – Mademoiselle clé – Neige / Tais toi mon cœur – Wathever the weather / Giant Jack (+ un petit peu de Miss Acacia par Mathias a capella)

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