PLAN YOUR ESCAPE - SONGS III : BIRD ON THE WATER - O - ROOK - X&Y
Ce mois ci, pas mal de trucs que j'attendais depuis un moment....
Artiste : Girls In Hawaii
Album : Plan Your Escape – 2008
Why: avais je bien aimé l’album précédent?
Past : From Here to There
Present : Du précédent album de Girls in Hawaii, From Here to There, sorti il y a déjà 5 ans, je ne me souviens guère… Il dort chez moi inécouté, souffrant d’un syndrome extrêmement rare, le syndrome de la chanson vampire. En d’autres termes, j’adore tellement le titre « Flavor » que je passe tout le début de l’album à l’attendre, et lorsqu’elle est passée les suivantes me semblent insipides… Je serai même incapable de dire aujourd’hui si le reste de l’album est bon ou non… J’ai d’abord cru que Plan Your Escape me ferait le même coup, avec ce démarrage sur « This Farm will End Up in Fire » qui m’évoque rien moins que les meilleurs titres de Pearl Jam, jusqu’à un final explosif (3eme mn) que je ne me lasse pas de passer en boucle en le chantonnant mentalement. Heureusement il n’en est rien, et si ce titre reste mon préféré, il a force concurrents parmi les 11 autres qui composent l’album. Grande qualité de bon nombre d’entre eux, une faculté à muter discrètement, à partir dans des chemins de traverse inattendus, tout en gardant une belle cohésion. Citons par exemple « Sun of the Sons », pop classieuse sonnant très Grandaddy, ou « Bored », qui confirme que les Girls in Hawaii ne sont jamais aussi bons que quand ils s’énervent un peu, même si aux deux tiers on est pris à contre oreille par une fin toute calme. Mais le meilleur exemple de cette complexité admirablement maîtrisée, c’est bien ce « Birthday Call » que je vous propose en playlist, qu’on pourrait écouter ad vitam æternam sans se lasser tellement il est inventif. Un morceau à l’image de l’album. Normalement ce pourrait être ma conclusion, sauf que je n’ai pas évoqué « Shades of Time » qui confirme que les Girls in Hawaii ne sont jamais aussi bons que dans la pop mélancolique, ni le très bon instrumental « Road to Luna » dosant savamment énergie et mélodie ; Et tant qu’à faire, ne partons pas sans avoir décrit la longue ballade en foret humide « Fields of Gold » et sa conclusion digne de Dead Can Dance, ni « Colors », un de mes titres préférés, hypnotique à souhait avec son fond d’orgue et de discrète batterie. Dommage que les deux titres soient séparés par la petite comptine désabusée « Couples on TV », pas désagréable mais assez mal placée. Girls in Hawaii tire sa révérence sur une triste ballade, conclusion éponyme d’un Plan Your Escape qui, vous l’aurez compris, est un des tout meilleurs albums de l’année passée…
Future : à acheter sans hésiter…
Artiste : Marissa Nadler
Album : Songs III: Bird on the Water – 2006
Why: JP l’adoooooooore !!
Past : découverte totale
Present : Petit jeu : faites écouter ce disque à un amateur de musique pas trop pointu (qui ne connaît donc pas Marissa Nadler), et demandez lui de le dater. A coup sur, votre ami se trompera d’une quarantaine d’années, tant ce Songs III : Bird on the water fleure bon le vinyle empoussiéré coincé entre un Mannick et un Aphrodite’s Child. Bon, j’aurai pu citer des vieux folkeux un peu plus valorisants, comme Bob Dylan ou Leonard Cohen. On n’est d’ailleurs guère surpris de voir ce dernier figurer sur le disque au travers d’une reprise (« Famous blue Raincoat »), qui, pour être utile, eut mieux fait de s’éloigner du style de ce grand maître (et c’est pas Alela Diane, qui s’est plantée de la même manière avec un Nick Cave, qui dira le contraire). Bref, j’eut pu être plus flatteur, mais décidément je n’ai pas aimé cette voix venu d’un autre age, en témoignent par exemple « Dying Breed » ou « Leather made Shoes ». Plus cruel encore, deux titres vinrent me prouver que la voix n’était point la seule raison de ma déception. « Thinking of You », pour lequel les adjectifs délicat et fragile semblent avoir été créés, et « Feathers », belle compo relevée par le violoncelle et les multiples voix, semblaient en me touchant révéler la relative fadeur de nombreux autres morceaux du disque. Les trop longues minutes de « Silvia » enfin passées, Marissa Nadler tente bien un « Bird on your Grave » aux solos noisy décalés, mais, las, on s’ennuie… Certes on ne crachera pas sur les arpèges un peu plus enlevés de « Rachel » ou « My Love and I », mais l’actuelle prolifération d’un genre que j’écoute depuis 15 ans fit le reste : deux chansons et puis s’en va, tel est mon sévère constat…
Future : je vais quand même écouter le dernier, ne serai ce que pour me faire pardonner… pas taper, JP ;)
Artiste : Damien Rice
Album : O – 2002
Why: croisé plusieurs fois sur la toile, je ne sais plus où…
Past : découverte totale
Present : Premier contact avec Damien Rice avec le bien nommé « Delicate », slow aux paroles touchantes très recommandable qui m’évoque instantanément le meilleur de Ryan Adams. La première moitié d’album passée, je me dis que Damien pourrait bien être une alternative à un Ryan cruellement en manque d’inspiration ces temps ci (« Cannonball »). D’autant plus que cette première face s’achève sur un « Older Chests » beau à en pleurer, avec la voix de Lisa Hannigan et un violoncelle venant rajouter un surcroît d’émotion à un auditeur déjà troublé. Damien Rice s’arrange ensuite pour diversifier un peu ses ballades afin de nous laisser accroché, plaçant un peu de clarinette sur « Cheers Darlin’ » ou des chœurs ralentis du plus bel effet sur « Cold Water ». Certes, on flirte souvent avec le titillage lacrymal des jeunes filles en fleur, et votre réaction à l’album sera bien différente si vous êtes un biker abreuvé de bière et fan de Lemmy ou une adolescente sensible et vaguement suicidaire. Je dois avoir un coté midinette, puisque l’ensemble est passé comme une lettre parfumée à la poste des cœurs meurtris, excepté une première alerte mouchoir intitulée « the Blower’s Daughter » et l’insupportable « Amie » sur laquelle ça AndréRieute à mort…
Surtout, le final de O achevait de me convaincre, avec ce « I remember » surprenant qui débute tout calmement sur la belle voix de la chanteuse et se transforme à mi course progressivement en monstre de dissonance, au fur et à mesure que Damien Rice clame sa réponse, encouragé par une batterie de plus en plus rageuse. Et « Eskimo »… Le genre de titre pour lequel j’écoute de la musique, qui vient vous foutre une baffe par surprise, et qui enfonce encore le clou, avec une transition parfaite sur un passage lyrique (chanté tel un opéra) incroyable. Cette transition, si bien travaillée qu’elle parait naturelle là ou elle n’aurait pu être qu’un bricolage artificiel, m’a filé un frisson que je n’avais plus ressenti depuis l’interprétation en live d’un Schubert par Moriarty. Dommage que dans la version de O de la bibliothèque, l’éditeur ait cru bon de rajouter trois titres cachés qui, comme 9 fois sur 10, se révèlent complètement inutiles. Pis, ils gâchent un final incroyable, qui justifiait à lui seul l’achat de l’album…
Future : un autre album à découvrir rapidement…
Artiste : Shearwater
Album : Rook – 2008
Why: Conseillé par le CDB de GT
Past : Winged Life
Present : L’album Winged Life, s’il ne m’avait pas entièrement convaincu, possédait assez de qualités pour que j’aie envie de revenir vers Shearwater, d’autant plus que c’est cet album qui figurait dans les tout meilleurs de 2008 selon le classement de référence des bloggueurs, le fameux CDB de GT. On retrouve la formule ultra mélodique de Winged Life sur Rook, mais j’ai trouvé ce dernier bien plus abouti, bien plus réussi, en raison notamment d’une belle variété dans les titres et de passages dynamiques plus récurrents. En symbole cet introductif « On the Death of the Waters » qui sur une mer très calme de piano voit s’abattre en son milieu une tempête de quelques secondes, à la manière du « We suck Young Blood » de Radiohead. L’influence du groupe d’Oxford est d’ailleurs très présente, comme sur l’excellent « the Snow Leopard » aux faux airs de « Pyramid Song », mais en remontant l’arbre musicologique on retrouvera aussi REM sur « Century Eyes » ou Pink Floyd sur « Lost Boys ». Certes, en se référant à ces glorieux aînés, le chanteur de Shearwater en fait parfois un peu trop, et le groupe a peut être du mal a trouver un son véritablement personnel. Mais c’est bien là les seuls reproches qu’on fera à Rook, tant les compositions savent charmer et surprendre, choisissant tour à tour avec intelligence de ne pas s’étaler, comme sur l’efficace « Rooks » tenant tête aux meilleurs morceaux d’Arcade Fire, ou au contraire de s’étendre en une longue fresque contemplative mais jamais ennuyeuse (« Home Life »). Même grand écart entre le rock entraînant de « Century Eyes » et les titres suivants « I was a cloud » et « South Col », dont les notes minimalistes projettent l’auditeur dans une ambiance calme et onirique. La réussite de tout ces morceaux malgré leurs différences doit beaucoup à des arrangements très bien étudiés, à la fois discrets et riches, qui font que Rook est toujours aussi agréable à la vingtième écoute : on y découvre par exemple tel passage de trompette ou de harpe ignorés précédemment. Rare, et assurément la marque des plus grands….
Future : à suivre attentivement…
Artiste : Coldplay
Album : X&Y – 2005
Why: pour faire chier les snobs !
Past : les albums d’avant
Present : Toujours à la pointe de l’actualité, j’écoute enfin ce troisième album de Coldplay, alors même qu’un nouvel opus est sorti récemment. Il faut dire que concernant ces master vendeurs, on se bouscule à la bibliothèque pour placer sa réservation. X&Y a marqué le clivage irrémédiable entre le grand public avide des compositions efficaces du quatuor et les passionnés du son underground qui ont élus le groupe leader commercial chez Liebig. Je n’avais pour ma part pas encore pris parti, avouant écouter sans déplaisir le Live 2003 mais ne suivant pas de très près la carrière du groupe, comme on le voit. Commençons par deux titres assez représentatifs de X&Y. « What If » regroupe à peut près tout les défauts que l’on peut trouver chez Coldplay, un son très lisse, un jeu (notamment la basse) qui fleure bon le requin de studio, on sent un groupe et ses techniciens travaillant durs pour ne pas choquer le client. « Fix You », présente en revanche les qualités qu’on connaît au groupe, un début délicat bien servit par la voix de Chris Martin, suivi d’un démarrage électrique et de chœurs dynamisant le titre et créant une belle émotion. Point commun, des paroles incroyablement naïves (« how can you know when you don’t even try » pour le premier, ou « if you never try you’ll never know » pour le second !!) qui ne sont pas forcément gênantes dans le contexte, on espère juste que le chanteur ne se prend pas pour un grand poète… Entre ces deux extrêmes, ce sera le son sans bavures du groupe sur quasiment l’ensemble des titres, du « Square One » initial au « Twisted Logic » final : art de la mélodie, des pauses et redémarrages de bon aloi (« Talk »), format inchangé (entre 4mn10 et 5mn30), bref efficacité maximum. Seuls titres à s’écarter un peu du schéma gagnant, la jolie ballade « Swallowed in the sea » et un « X&Y » plus difficile d’accès, mais qui se révèle à la longue assez intéressant. Car le reproche imparable que l’on peut faire à Coldplay, c’est bien de ne prendre aucuns risques, ce qui au bout de trois albums commence à être rédhibitoire. Que penser d’un album dont il suffit d’écouter deux singles (voire ceux de l’album précédent) pour en avoir la teneur complète ? Ben qu’on en fait le tour en 4-5 écoutes… Dommage, car Coldplay a les moyens (techniques et financiers) de se mettre en danger. Comme à regret, le groupe cache en fin d’album le très beau « Til Kingdom Come », ballade acoustique dont la sobriété semble leur faire honte, alors qu’elle manque cruellement tout au long de ce « X&Y »…
Future : ça ne m’empêchera pas d’emprunter le dernier quand il sera dispo, dans 2 ou 3 ans…