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Blinking Lights (and other revelations)
3 mai 2015

WOVEN HAND - 11 Mai 2009 - Epicerie Moderne - FEYZIN

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Introduction

Sixteen Horsepower est un des rares groupes dont je suis fan que je n’ai malheureusement pas pu voir sur scène. Autant dire que je n’allai pas manquer le rendez vous avec Woven Hand, donné une fois de plus par l’Epicerie Moderne, d’autant plus que leur dernière production Ten Stones est vraiment excellente. La crème des blogueurs de la région s’était donné rendez vous pour ce concert immanquable, et je retrouvai Daniel et son frère Fabrice de Next à l’entrée de la salle. Nous entamions une conversation effrénée sur les mérites comparés de Jeffrey Lee Pierce et David Eugene Edwards…euh , non, en fait on parlait des avantages et inconvénients lorsque son gamin se met à marcher. Daniel se révélait d’ailleurs aussi drôle dans la conversation que sur son blog, et réussissait à rendre hilarante la description d’une représentation de guignol, qui est quand même la chose la plus pourave qui existe en terme de spectacle. Je commençais à comprendre pourquoi, malgré son physique de préposé aux PTT CGTiste, les plus belles filles de la région se jettent à ses pieds. Entre temps, le sieur La Buze ainsi que quatre bières fraiches nous avaient rejoints, rendant encore plus cruelle l’absence de ce pauvre JP. Je voyais passer au loin Yosemite, mais n’aurait pas l’occasion de le saluer, puisqu’il a eu l’étrange idée de ne plus jamais se repointer au bar de la soirée… Attablés tels des retraités au PMU du coin, et captivés par le récit d’un Daniel tombant dans un sommeil profond avec l’ensemble du public adulte lors d’une séance au cinéma de Franklin la tortue, nous faillîmes manquer la première partie du concert.

 

Développement

Un français d’une quarantaine d’années interprète tranquillement d’antiques morceaux de folk/blues, accordage spécial et arpèges impeccables, se laissant aller à quelques passages improvisés un peu plus violents. Le genre de concert agréable, de ceux qu’on écoute à la veillée, après un bon repas et devant une bonne bouteille de gnole. Un petit tour de dobro avec quelques slide, un dernier rappel (il fait réteindre la lumière), et le bonhomme s’éloigne comme si de rien n’était. Il a probablement donné des centaines de concerts plus difficiles dans des bars enfumés de France et de Croix Rousse…

Retour au bar, et rebelote, nous manquons l’entrée sur scène de la deuxième première partie (une spécialité de l’Epicerie, ces multiples hors d’œuvre…). Un grand type en costard, look improbable de VRP des campagnes, se tient solitaire devant son micro. Je suis sceptique, d’autant qu’il attaque par un blues sur fond de boucles enregistrées directement, système qui commence à être un peu trop vu ces temps ci. Il gueule dans un vieux micro sans pied qui fait un larsen lorsqu’il le passe devant sa guitare folk, qu’il a lâché, les enregistrements successifs bien travaillés assurant un fond sonore largement suffisant pour en faire une compo percutante au final. Mais ce n’était qu’un échauffement, il annonce une valse, enregistre quelques boucles, descend de scène et choppe une demoiselle pour la faire danser. Tout le monde se marre, mais là n’est pas son but. En trois temps deux mouvements le voilà qui incite les couples à se lever, et ce qui n’était il y a quelques secondes qu’un ramassis de spectateurs avachis devant la scène se transforme en joyeux bordel. Un peu cruel pour les célibataires (j’avais le choix entre La Buze et Daniel, mais bon, j’ai un peu mal au genou en ce moment…), mais assez incroyable pour qui fréquente régulièrement le public Lyonnais. Après avoir félicité le couple gagnant du concours de danse, et chauffé la salle une nouvelle fois, le guitariste attaque un rock effréné et convie le public à gueuler des « Dirty Dozen » à tout va. Incroyablement dynamique et magistralement interprétées, ces compos enthousiastes font plus de bruit qu’un groupe complet, et c’est sous un tonnerre d’applaudissement que notre homme reprend sa valisette et se retire après une ultime tuerie. Alors je sais que j’ai souvent râlé contre les multiples premières parties à rallonge de l’Epicerie Moderne, mais là pour le coup c’était vraiment trop court ! Une demoiselle nous révèle enfin le nom de ce prodigieux performer, il s’agit de Delaney Davidson, ex leader des Dead Brothers, en concert le lendemain au Sonic. Nous sommes tous tenté, mais c’est La Buze, libre de toute obligation familiale, qui nous y représentera. Un nom à retenir en tout cas, je n’ai jamais vu un artiste mettre le feu tout seul aussi rapidement à un public pourtant sobre et de bon gout…

Tout ceci nous a assoiffé, et nous nous dirigeons au bar dans l’espoir de reprendre une petite mousse. L’attente est longue, et devant un mouvement de foule vers la salle (enfin, c’est un grand mot, on se serait attendu à plus de monde pour une telle affiche), nous hésitons, avant d’opter pour la sagesse et de suivre le mouvement sans nos précieux breuvages. Bien nous en pris, puisque le groupe est déjà sur scène. Grosse basse en action, un riff de caisse claire, je reconnais d’emblée la signature de Joy Division. Je mettrai un petit moment à identifier « Heart and Soul », car David Eugene Edwards en a complètement modifié le chant. Voici donc Woven Hand: à ma droite David Eugene Edwards (appelons le DiEu), tellement habité par sa musique qu’elle le traverse de part en part, l’obligeant à s’entourer la tête d’un bandana pour ne pas qu’elle explose sous la pression des notes, son corps tressautant sur sa chaise, ses doigts frappant violemment les cordes de ses très belles guitares. A ma gauche Pascal Humbert, bassiste de 16HP que j’ai le plaisir et la surprise de voir sur scène, droit dans ses bottes, un polo, un jean, une unique basse, un jeu incroyable, beaucoup plus sobre que son acolyte mais non moins concerné. Au centre le  batteur (que Daniel refusera de prendre en photo, parce qu’il ressemble soit disant à Luc Besson !), plus appliqué qu’habité, mais néanmoins excellent. Une formule en trio, dont Pascal Humbert nous expliquera plus tard qu’elle a toujours eu leur préférence, la jugeant plus efficace que leur quatuor passé, qualifié d’un peu bancal. On ne peut que leur donner raison ce soir, devant la puissance déployé sur ce premier morceau et sur le suivant, « Kicking Bird », déjà très rock sur Ten Stones et littéralement décoiffant sur scène. Après cette énorme baffe, Woven Hand se pose à peine pour le long « Beautiful Axe », précédé comme chaque titre ce soir d’un petit épisode chamanique improvisé par un DiEu aux yeux révulsés. Le concert se poursuit par « Not One Stone », assez marquant pour que je le reconnaisse malgré les maigres écoutes que j’ai eu le temps d’accorder au dernier album du groupe, puis c’est une nouvelle mise au point avec « Tin Fingers ». Ce morceau complexe, tout en pauses et redémarrages (enfin, plus que les autres je veux dire), prouve si besoin est la cohésion  du trio, chaque coup est porté à l’unisson, et accessoirement me déchausse une dent… DiEu a d’ailleurs l’air particulièrement satisfait, puisqu’il offre l’unique sourire de la soirée à ses partenaires, à l’issu de ce titre, ceux-ci lui répondant passé les quelques secondes nécessaires à leur atterrissage. Le titre que j’ai préféré ce soir, avec la reprise introductive. C’est ensuite au tour d’un classique du groupe, « Your Russia », d’être retravaillé, coupé en deux par une pause mystique pour mieux nous être renvoyé en un final assourdissant, tel un troupeau de bison en marche forcé vers nous, pauvre public. Le changement d’instrument de DiEu, délaissant ses guitares saturées au profit d’une banjoline pour un « Whistling Girl » intimiste en solo, annonce une partie de concert plus calme, belle et sereine. Les décibels reprendront leur droit pour un « Winter Shaker » expéditif, avant que DiEu ne prononce quelques mots de remerciement et ne quitte la scène avec ses compagnons au son de chants traditionnels Amérindiens. Quelques minutes d’applaudissements nourris rythmés sur les tambours, et le groupe revient pour un dernier titre, suivi d’un final un peu particulier. Il s’agit d’ « Horse Head Fiddle », unique représentant de Sixteen Horsepower ce soir (présents sur leur seul disque dispensable, Folklore), un traditionnel expérimental assez long mêlant chant chamanique, bruitages et glissandos divers sur fond de roulements de cymbales. Un poil long, et surtout un peu dommage d’en finir comme ca, on eu préféré un ultime morceau bien pêchu et plus dans le ton du concert. Mais ne boudons pas notre plaisir, c’est bien un des plus intenses concerts que DiEu (puisqu’il s’agit de lui) m’ai accordé de voir. Alleluia !

 

 

Conclusion

Je retrouve mes camarades, tout aussi emballés que moi. Une petite bière pour nous remettre de nos émotions, et nous voilà partis dans une longue discussion, musicale cette fois. C’est là, au bout d’un bon moment, que l’impensable se produit. Cette silhouette qu’on voit de dos, négligemment appuyé contre le stand merchandising, ne serait ce pas celle de DiEu en personne ? A peine le temps de me demander s’il est opportun de déranger DiEu alors qu’il est visiblement en très charmante compagnie, devant un bon verre, que les deux frangins sont déjà en train de lui serrer la pince ! A ce moment précis, mon cerveau se débranche, passe en mode 15 ans, et je ne vaux guère mieux que ces fans de Céline Dion ou Mylène Farmer brocardées régulièrement par Yann Barthès dans son petit journal. DiEu qui, tout a l’heure, foudroyait de son terrible regard l’assemblée (selon Fabrice, il m’aurait même fixé et j’aurai détourné les yeux, ce qui est fort possible), DiEu me serre la main avec un grand sourire en me disant « You rock ». Je me souviens alors que je suis bilingue (depuis le concert d’E J White, pour ceux qui ont suivi) et m’apprête à discuter avec le grand gaillard blond, mais seul un « Thank You » bredouillé franchit mes lèvres : on m’a retiré mon bilinguisme au plus mauvais moment ! (il faut dire que DiEu est vachement intimidant, comme on pouvait s’y attendre). Tout y passe : autographes, trio de bredouillages admiratifs, et même photos, sur la proposition de DiEu lui-même ayant désigné l’appareil de Daniel. Après qu’il eut pris la pose avec les deux frangins de Next, je me place à ses cotés et transpire de longues secondes alors que Daniel, tremblotant, balbutie des « merde, carte pleine » et autres « wayte eu minute plise ». C’est ainsi que l’unique photo de moi et DiEu (excusez du peu…) est probablement floue, sous exposée et mal cadrée (à voir prochainement sur ce blog). Nous nous rabattons ensuite sur un Pascal Humbert détendu, qui se prête au jeu des autographes et de la discussion, puisqu’il a l’immense avantage d’être français et donc de nous comprendre. Fabrice lui transmet toute son admiration, Daniel essaye de lui expliquer où se trouve Louhans et lui parle de JP, des sanglots dans la voix. Je pose quelques questions et lui fait des remarques, sur le concert, la salle, la tournée, apprenant entre autres que s’ils passent si rarement en France, c’est qu’ils sont très demandés en Belgique et dans les pays du Nord, et autrement mieux payés ; on comprend donc qu’ils aient rarement envie de se faire chier à descendre dans le sud, même si pour cette année ils iront jusqu’au Portugal. C’est sur un salut chaleureux de ce grand musicien que nous terminons cette exceptionnelle soirée. Beaucoup d’autres seront à venir, n’en doutons pas…

 

Setlist récupérée:

1-Heart and Soul 2-Kicking Bird 3–Beatiful Axe 4-Not one Stone 5-Tin Fingers 6-Your Russia 7-Whistling Girl 8-Cohawkin Road 9-Speaking Hands 10-Kingdom of Ice 11-Winter Shaker / 12-Horse Head Fiddle

Mais entendu:

9-Speaking Hands 10-Winter Shaker / 11-Kingdom of Ice 12-Horse Head Fiddle ou bien     

9- Kingdom of Ice 10-Winter Shaker / 11- Speaking Hands 12-Horse Head Fiddle

 

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