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Blinking Lights (and other revelations)
3 mai 2015

Rachmaninov - Thriller - the Brown Bunny Soundtrack - Rachel au Rocher - Illinoise

A cause des emprunts du mois, cela faisait un moment que je ne pouvais écouter correctement les nouveautés, sans parler de disques acquis il y a quelques temps et jamais vraiment explorés. Bref, il fallait faire une pause, d’autant plus que ces derniers temps les sorties intéressantes (au moins en théorie) se sont multipliées. Malgré tout, avant de lâcher la médiathèque pour quelques mois, voici un dernier baroud d’honneur. Le défi : emprunter un disque dans chacun des rayons où je ne vais jamais, puisque je n’explore en général que le seul Rock / Rock indé qui contient 95 % des disques qui m’intéressent. Je suis donc allé au rayon Classique, où j’avais une idée de disque, choppant au passage dans le rayon Pop/Dance un album dont je repoussais l’écoute depuis des lustres. Un tour vers les BO, dans lequel j’empruntait il y a quelques années au moins un disque par mois et qui me valu pas mal de belles découvertes,  puis en Chanson/Rock français d’où je faillis revenir bredouille, non sans m’être pollué les mains à de nombreuses reprises. Enfin, un petit craquage Rock indé achevait ce dernier Emprunt du mois avant quelques temps…


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Sergei Rachmaninov - Suites op.5 & op.17, Symphonic Dances op.45 - Martha Argerich et Alexandre Rabinovitch - 1992  (1893, 1901, 1940)

 

Je ne sais pas si vous vous souvenez, j'avais découvert Rachmaninov à cette occasion. Un choc amplifié par le fait que ces petits malins avaient choisi d'interpréter les deux plus beaux morceaux de ce répertoire pour deux pianos, formation qui je pense n'a pas du être explorée par beaucoup de compositeurs.

L'utilisation des deux pianos est je trouve optimale dans la Suite No 1 « Fantaisie-tableaux », op.5 bien que des trois œuvres présentées sur le disque ce soit la plus ancienne. Ainsi dans « Barcarolle », un piano déverse des gouttelettes de notes sur la mélodie de son compère, le tout dans des mouvements évoquant le ressac. Sur ces vagues sonores, un brusque accès de joie saisi parfois l'un des instruments, puis c'est l'autre qui semble vouloir s'enfuir en toute hâte. (1). « La nuit...l'amour » : tout part d'une note, lente et insistante (2), puis les pianos se déchaînent, chacun voulant prendre l'ascendant sur l'autre en rapidité comme en volume, avant de retomber pour le final préparant à l'extrait suivant. Une évocation superbe de l'amour charnel, chaque piano jouant évidemment l'un des deux amants... Puis vient « Les larmes », assurément le plus beau titre du disque, présentant à la fois un coté mélodique et des notes dissonantes, alliance qu'on ne trouve que chez les compositeurs contemporains, et qui explique ma préférence à leur égard. D'abord très mélancolique, le morceau escalade vers l'épique, mêlant colère et tristesse, et se faisant parfois joyeux, comme à l'évocation de quelque souvenir d'un bonheur passé. Tous ces sentiments admirablement transcrits traversent l'auditeur, avant une sombre conclusion, en forme de danse macabre. « Paques » est un petit morceau qui démarre de façon guillerette, avant d'être brutalement coupé par de tragiques accords répétés. Insistante, la mélodie repart, mais quelque chose a changé, et elle se transforme progressivement en marche mécanique vers un funeste destin, représenté par une accélération impitoyable qui achève l'œuvre. Cette Suite No1, très moderne dans sa composition, et illustrant à merveille les 4 poèmes sur lesquels Rachmaninov s'est basé pour l'écrire, fait d'ores et déjà partie de mon panthéon classique.

On ne peut malheureusement pas en dire autant de la Suite No2, op 17, beaucoup plus traditionnelle dans ses sonorités, et sur laquelle l'intérêt des deux pianos ne m'a pas paru évident. Le deuxième mouvement, intitulé « Valse », réuni d'ailleurs en un mélange bancal les deux cotés que je n'aime pas dans le classique, à savoir la virtuosité « gratuite » (comme si Satriani s'était mis au piano) et le lyrisme cucul. Seul le quatrième et dernier mouvement, « Tarantella », m'a plu. C'est un beau pas de deux des pianos au rythme entraînant et à la mélodie accrocheuse, le genre de thème que tout à chacun peut fredonner après quelques écoutes.

La dernière œuvre, Symphonic Dances, op 45, débute par le fameux mouvement « Non Allegro » que j'avais entendu lors du concert donné par mon épouse et quelques amis. Dès les premières notes, on sent que l'écriture est bien plus audacieuse que ce qui a précédé. L'ambiance est posée, avant que le morceau ne démarre réellement, comme parfois dans certains titres rock. Après un duo jouant sur l'écart graves/aigus des pianos dans un ton plutôt léger, une pause soudaine et délicate vient ravir les oreilles de l'auditeur. Puis aux 2/3 l'ambiance redevient mystérieuse, et le rythme s'accélère, la mélodie venant progressivement se refondre dans le thème initial, dans une magistrale transition. Après une telle splendeur, les deux mouvements suivants, quoiqu' agréables, paraissent un peu fades, et surtout longuets. « Andante con moto » est un trois temps s'amusant à varier constamment de tempo, tout en restant dans le registre rêverie. Quant au « Lento assai », c'est un mouvement hyper complexe qui m'a un peu écrasé, et que je n'ai pas réussi à bien suivre.

Un peu déçu de déjà connaître les meilleurs passages du disque, mais heureux d'avoir un peu plus creusé le répertoire de ce passionnant compositeur...

 

(1) c'est avec surprise et après avoir écrit cet article que j'ai lu sur le livret le poème qui inspira ce morceau et qui commence par « O fraîche vague du soir, clapote doucement sous les rames de la gondole ! » !!

(2) « la note aigue du rossignol », dit le poème...

 

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 Michael Jackson - Thriller - 1982 réédition 2001

 

Dans les années 80, je n'écoutais pas de musique, mais tous les potes à la récréation chantonnaient du Michael Jackson. Quelques années après je n'avais toujours pas écouté l'album le plus vendu de tout les temps, à cause d'un  principe un peu con qui m'interdisait toute chanson incluant des pistes électroniques, le son d'une boite à rythme classant automatiquement l'affaire au rayon daube. Aujourd'hui que j'ai l'esprit plus ouvert et que j'ai abandonné tout snobisme (ha ha !), je peux enfin poser une oreille sur ce légendaire Thriller.  Dès le premier titre, « Wanna Be Startin' somethin' », la basse chauffe, les cuivres attaquent, le rythme impose sa loi, le dogme pop est écrit. Et la voix du KoP qui s'amène, ce n'est pas un chant, chaque mot propulsé par sa bouche est une boule d'énergie frappant la musique. « Baby be mine » ralenti le tempo, mais tout fonctionne encore, l'envie de battre la mesure est irrépressible. Pas étonnant que dans la cours de récré, des milliers de gosses aient usé leurs chaussures à tenter un moonwalk, ou mimé la fameuse saisie d'entrejambe... Madeleine encore, ce duo avec Mc Cartney qui nous rappelle les plus « beaux » génériques des soaps de ces années, « La Fête à la maison » et autres niaiseries, pas si désagréable excepté le ridicule dialogue des deux protagonistes en fin de titre. Tout ceci n'est qu'hors d'œuvre, annonçant une série crescendo et inégalée de trois tueries qui placeront pour un bon moment Mickael Jackson sur son trône. On commence par le fameux « Thriller » et ses cuivres exceptionnels, rendu fameux par un clip largement inspiré par Alice Cooper himself. D'ailleurs Vincent Price est invité comme chez le Coop' à jouer une petite saynète histoire de rendre le morceau un peu effrayant. Efficace, mais un peu moins sans l'image, quand même... Puisqu'on parle du Coop', il n'aurait probablement pas renié non plus le solo de guitare surprenant posé sur « Beat it », tube porté par l'incroyable riff de guitare principal et bien sur par le chant énorme du sieur Jackson. L'artiste enfonce le clou avec ce qui est probablement son meilleur titre, l'imparable (hé oui...) « Billie Jean » avec un des riffs de basse les plus efficaces de tout les temps. Arrivé là, Thriller est déjà légendaire, mais il a tout donné et ne pourra prétendre à être parfait. S'ensuivent en effet 2 slows comme on en dansait dans les booms à l'époque, des titres bien datés donc,et un titre dynamique (« Pretty Young Thing ») qui par un son vieillot et une originalité moindre ne sert qu'à montrer par comparaison la qualité de la première moitié de l'album qui elle, n'a pas vraiment pris de ride (il faut dire que Thriller a été remasterisé autant de fois que le visage de son auteur, donc cette remarque n'est pas forcément à prendre en compte). Bien sur, il y a quantité d'albums que je préfère à celui-ci. On ne peut nier cependant qu'avec ses tubes et son atmosphère, il soit le représentant idéal de son époque, et qu'il mérite donc l'adjectif, tant galvaudé de nos jours, d'historique...

 

 

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 The Brown Bunny Soundtrack - 2003

 

Du Mister Gallo je ne connaissais rien, avant que mon frangin ne m'offre le DVD de Buffalo'66. On peut dire qu'il avait eu le nez creux, puisque j'ai vraiment aimé ce film, avec, cerise sur le gâteau, la présence de mon actrice fétiche Cristina Ricci. J'avais aussi été bien accroché par le titre de John Frusciante que Nyko avait mis sur une de ses playlist, c'est pourquoi je ne suis pas allé plus loin que la lettre B au rayon BO de la médiathèque et  ai directement emprunté cette Soundtrack. Celle-ci est séparée en deux parties égales, les 5 premiers titres étant des morceaux existant pris pour illustrer le film, et les 5 derniers des titres composés spécialement pour the Brown Bunny par John Frusciante, prolifique guitariste des Red Hot Chili Peppers. L'album commence par « Come Wander with me », berceuse mélancolique susurrée par une voix féminine très douce sur les accords d'une guitare minimaliste. Ce beau morceau, pas très éloigné des compositions de Moriarty, donne le ton de the Brown Bunny. On retrouve un très beau folk triste avec « Milk and Honey », dont la mélodie  n'est pas sans rappeler certains titres de Led Zeppelin, ainsi qu'un « Beautiful » dans la même veine, avec un coté plus crooner dans le chant et plus d'arrangements (des cordes discrètes ornent le morceau). Tout ceci serait parfait sans les deux pistes de jazz qui, si elles imposent directement une ambiance feutrée, sont du genre à m'emmerder au bout de 2 mn. Or là, « Tears for Dolphy » dure quand même plus de 8 mn ! C'est au tour de John Frusciante d'entrer en scène, et il le fait de façon magnifique avec « Forever away », un morceau basé sur une boucle de guitare acoustique, sur lequel il vient poser quelques solos et un chant lointain, sans paroles. L'ensemble dégage un effet mélancolique et hypnotique fascinant. Les titres suivants fonctionnent sur la même base, deux sont plus courts et chantés, puis viennent deux instrumentaux un peu plus dynamiques. Il est dommage que le chant assez faux de « Leave all the Days behind », et le solo à l'arrache de « Prostitution Song » cassent un peu l'émotion, mais « Dying » est plutôt réussi et termine de belle manière ce disque étrange. Si j'ai été un peu déçu de ne rien découvrir d'aussi beau que « Forever away », que je connaissais déjà, je reconnais que Frusciante a réussi à composer une bande son très cohérente, qui s'inscrit parfaitement avec les morceaux de la première moitié de l'album. En ce sens, the Brown Bunny est une BO très réussie, qui on l'imagine retranscrit parfaitement l'ambiance du film et, avec l'aide des images et des explications de Gallo et Frusciante, donne envie de le voir. Et avec le fait de découvrir des artistes, c'est bien ce qu'on demande à une BO. Mission accomplie sur ces deux tableaux...

 

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 Tue Loup - Rachel au Rocher - 2005

 

Septembre 1999, une des rares fois ou j'ai acheté les Inrockuptibles. Sur le CD offert avec le journal, quelques titres m'accrochent l'oreille, dont « Coccinelle » de Dionysos et « Merlin » de Tue Loup. Quelques semaines plus tard, Dionysos se produit à Annecy où je suis alors, et sur la seule foi du titre que je connais j'achète le disque  et vais les voir en concert dans la foulée. Je deviens fan du groupe, les vois presque chaque année en concert et reste encore très attaché à leurs premiers albums. De Tue Loup je n'écouterai plus jamais rien, jusqu'à aujourd'hui, dix ans après. Le hasard tient une large place dans nos goûts musicaux...

C'est encore par hasard que pour ce « défit emprunts », je retombai sur ce groupe, évoqué en plus récemment sur le Golb. L'album ne pouvais débuter plus mal que par les « ooh yeah ! » et le rythme funky de « City Light », mais se rattrapai dès le « Corps de bête » suivant, une ballade apaisante au chant entêtant. Mis à part « le Martin Pêcheur » et l'instrumental « Pas d'chant, pas d'krumar » qui sont des titres plutôt rock, Rachel au Rocher appelle à la sieste, de celles que l'ont fait l'été après un repas chargé, quand le lourd soleil plombe chaque mouvement et que les convives transpirants cherchent un coin d'ombre où se poser. Des couples trouveront l'énergie pour transpirer un peu plus (« Les grands pins »), d'autres s'enfonceront dans un sommeil bienheureux (« Je m'aplatis »). Rachel au rocher fait partie de ces disques d'ambiance, sur lesquels rien ne soulève l'enthousiasme ni rien ne rebute. Quelques titres sortent du lot, « Corps de Bête » (cité plus haut), « Les Encoches », bénéficiant d'une belle mélodie et de paroles au dessus du lot, ou la petite ballade de conclusion « Je n'ai pas soupé ». Quasiment tout est chanté en français, et si les paroles ne m'ont pas fait fuir (ce qui est déjà une belle réussite, en général je déteste la chanson française), je n'y ai rien vu de merveilleux non plus. De même, la voix de Xavier Plumas est particulière mais pas exceptionnelle, pourtant elle colle à merveille à la torpeur qui règne sur ce bleu disque. Je l'avais trouvée d'abord un peu prétentieuse (sur « je m'aplatis » entre autres), comme d'ailleurs les arrangements jazzy de nombreux titres (dont « les yeux de l'âne »), mais l'effet s'est estompé au fil des écoutes. Un album en demi teinte, donc, qui ne m'a pas trop donné l'envie d'y revenir...

 

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 Sufjan Stevens - Come on feel the Illinoise - 2005

 

Je sais, je ne devais pas emprunter de disque dans mon rayon favori cette fois, mais j'ai  craqué et ai jeté un coup d'oeil à la lettre S (ma préférée, presque tout les groupes à la lettre S sont bons, non ?) ; Et bien m'en a pris, car 10 secondes après j'en retirais ce qui est souvent décris comme le meilleur album d'un de nos contemporains les plus talentueux : l'Illinois de Sufjan Stevens, qui ne doit être disponible à le médiathèque qu'une fois tout les 6 mois. Que dire de cet album, dont la description du moindre titre prendrai des pages... Pour être court, Come on feel the Illinoise, c'est pas moins de 22 titres, 7 petits instrumentaux, 8 morceaux de plus de 5 mn, des noms de chansons de plusieurs lignes ici résumés, bref, des idées à foisons, des mélodies en veux tu en voilà, et plus de perles qu'un collier de princesse Indienne. Ce serait comme le meilleur de Blinking Lights and other Revelations condensé en un CD, Come on feel the Illinoise évoquant d'ailleurs Eels à quelques reprises (le coup des petits instrumentaux disséminés sur l'album bien sur, mais encore le petit titre acoustique tout simple « Decatur »). On peut aussi trouver ici et là des bribes de Sparklehorse (l'alternance guitare saturée/ douceur de la voix et des arpèges sur « Metropolis », l'instrumental « To the Workers... ») ou par moments la délicatesse d'un Elliot Smith (la triste ballade « John Wayne Gacy, Jr », la beauté du texte et la sobre guitare de « Casimir Pulaski Day »). Belles références, mais globalement, Sufjan Stevens a produit un joyau qui ne ressemble à aucun autre : où trouverait on ailleurs des compositions aussi complexes, comme autant de symphonies en plusieurs mouvements, des arrangements mêlant violons, cuivres, chœurs et instruments rock, sans que ce soit le moins du monde prétentieux, lourd ou ennuyeux ? La réussite est totale, des plages les plus tristes (le lent piano de « the Seer's Tower ») à la pop lyrique la plus entraînante (« Jacksonville »). Entre autres morceaux marquants, je citerai « Come On ! Feel the Illinoise ! », qui commence par des cuivres guillerets, ose un clin d'œil au « Close to me » des Cure avant de finir tout en douceur sur un lit de cordes, ainsi que « Chicago », introduit par des  violons entraînants, voyant des chœurs consolateurs lutter contre un chanteur nostalgique, le tout faisant souffler sur l'auditeur un vent  de liberté irrésistible.  Si Come on feel the Illinoise souffre d'un défaut, ce serait sa densité. On a vu que les 22 pièces du puzzle étaient toutes de qualité , ce qui est exceptionnel, mais le puzzle complet, quand pourra on l'admirer ? Combien d'écoutes pour avoir une vue d'ensemble de l'album, et ainsi pouvoir vraiment en cerner toutes les richesses, 30, 50, une infinité ? Un album contenant trop de bonnes choses peut il finir par écoeurer, tel un repas gastronomique trop fourni dont on n'oserait décliner une partie, par peur du gaspillage ? Allons, ne faisons pas la fine bouche, et allons y gaiement pour 30, 50, une infinité d'écoutes. On n'est pas invité tous les jours à pareille fête...

 

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