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Blinking Lights (and other revelations)
26 juin 2015

Yann TIERSEN - Mardi 19 Avril 2011 - Epicerie Moderne - FEYZIN

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 .

Lorsque Yann Tiersen donna quelques concerts après la sortie de Dust Lane, j'avais été horriblement déçu qu'il ne passe pas par Lyon. Je suis un grand fan de l'œuvre du breton, j'ai toujours trouvé la façon dont il interprète son répertoire sur scène passionnante, et son dernier album trônait en tête de mon Top 2010. Quelle ne fut donc pas ma joie de voir que la toujours flamboyante Epicerie Moderne accueillerait Tiersen en avril, cela faisait un moment que je n'avais pas été aussi enthousiaste pour un concert. C'est avec l'ami La bUze que je me dirigeais vers Feyzin, ce qui rajoutait au coté agréable de la soirée, du coup agrémentée de bonnes discussions et de quelques bières. Nous arrivons assez tôt, car j'ai appris que la date était complète depuis des semaines, et bien nous en a pris puisque nous dénichons une des dernières places de parking.

 

La première partie s'appelle Nestor is Bianca (probablement des fans de Tintin), un groupe dont je n'ai jamais entendu parler, pas plus que la bUze. Musicalement, le groupe a tout pour me plaire : leurs morceaux démarrent par de longues mises en ambiance (arpèges répétitifs, nappes de claviers, gros toms et cymbales, cris de saxophone), puis alternent moments calmes et déchainement de saturation. Mais curieusement, mis à part quelques bons moments, je reste complètement en dehors du concert. J'essaye d'analyser les causes de cette indifférence : les compositions sont relativement similaires et lentes, les couleurs sonores des instruments légèrement déplaisantes, mais le principal défaut est pour moi le chant mollasson du leader, pourtant pourvu d'une voix pas si désagréable. D'ailleurs on ne comprend absolument rien des quelques mots qu'il baragouine dans le micro à l'adresse d'un public nombreux et attentif. Ce sont des détails, mais ils font toute la différence. Sans que grand-chose ne soit modifié, je suis finalement séduit sur le dernier tiers : je ne sais si le groupe était rentré dans son concert, si c'est moi qui m'était habitué à leur son ou si tout simplement ils avaient gardé leurs meilleurs titres pour la fin, mais cela m'a donné envie de découvrir leurs albums. J'ai noté beaucoup de points communs avec le Delano Orchestra (dont une trompette bien employée), au niveau des compositions comme dans leur capacité à être tour à tour ennuyeux ou marquants. Cette première partie était en tout cas cohérente avec le set de Tiersen, qui viendra d'ailleurs leur prêter main forte aux claviers sur deux titres.

 

Après une pause binouze, nous venons nous placer au centre de la fosse qui est bien remplie (il faut dire que la salle est en configuration assise maximale). Le public est de tout âge (il y a de très jeunes spectateurs), mais peu de plus de 40 ans sont présents, ils ont probablement tous été refroidis par la Tournée très rock des Retrouvailles. Voici donc Yann Tiersen qui entre en scène, accompagné de son groupe : à l'arrière plan, un batteur assez jeune, l'air dans son monde, insolemment doué. Sur le devant de la scène, les quatre autres membres du groupe en ligne : à l'extrême gauche, un bon guitariste au look soigné,  à ses coté le leader de Nestor is Bianca aux machines et claviers, au centre Tiersen (violon et guitare électrique), à sa droite un claviériste (et machines) qui assurera pas mal de voix principales, et à l'extrême droite le bassiste de Nestor is Bianca. Bien sur, la plupart sont multi instrumentistes et nous aurons droit entre autres à de la mandoline électrique, du saxophone ou du ukulele. S'ils sont alignés, c'est qu'ils assureront tous à un moment les chœurs si essentiels sur l'album Dust Lane, s'y mettant à quatre pour les moments les plus intenses. Après un court instrumental inédit, le groupe s'attaque aux morceaux du dernier album avec « Dust Lane » puis « Dark Stuff ». Les titres ont forcément été retravaillés pour la scène, puisque Tiersen a enregistré l'album quasiment tout seul. Une des forces de Dust Lane est qu'il a réussi à empiler un grand nombre de couches sonores sur ses morceaux complexes sans les rendre brouillons, tout en conservant leurs capacités émotives. Sur scène, bien qu'il utilise quelques boucles, les pistes sont clairement plus identifiables, on associe chaque partie à l'un des musiciens, les mélodies se détachent plus sur le fond ambient des titres. Il en résulte qu'on est tout à la fois en terrain connu et en redécouverte du Dust Lane, ce qui est exactement ce que j'attendais du concert. Pour mon plus grand plaisir, l'album sera joué dans son intégralité. Après avoir pulvérisé « Kala » façon post rock,  sublimant ce titre initialement un peu fade des Retrouvailles, le groupe reprend le chemin poussiéreux et m'enchante notamment avec les chœurs très prenants de « Till the End ». Dommage que ce moment soit interrompue par « Sur le Fil », passage obligé de tout concert de Tiersen. C'est un beau morceau, mais qu'on a trop entendu et qui vient un peu casser l'ambiance établie sur le premier tiers du set (je constate en plus avec irritation que c'est le morceau qui sera bien sur le plus applaudi de la soirée). Heureusement, le concert repart de plus belle avec un somptueux enchainement « le Train » (instrumental énervé de la tournée des retrouvailles) « Ashes » (un de mes morceaux favoris de Dust Lane) ; nouvelle pause avec « Chapter 19 », seul titre que je n'apprécie pas du dernier album, mais qui permet cette fois de respirer avant un final de toute beauté, le surpuissant « Palestine » et un « Fuck Me » bien reboosté concluant logiquement le set.

 

L'entame du rappel est une chanson assez calme, je suis sur le moment persuadé qu'il s'agit d'une reprise (bien que je ne la reconnaisse pas du tout), mais je n'ai rien trouvé sur ce « Best of Times (the Trial) » sur internet. Cette jolie chanson est finalement peut être une nouveauté qui figurera au menu d'un album à venir prochainement, bâti dans la continuité des enregistrements de Dust Lane. Le groupe attaque alors une curieuse partie instrumentale, à la manière du classique contemporain. Je crains un morceau improvisé fleuve du style « Fevrier » (sur le live C'était Ici) mais en beaucoup plus violent. Je suis tout surpris de voir l'ensemble se muter en un morceau bien connu du répertoire de Tiersen, « le Quartier », qui est asséné avec une énergie incroyable. Titre suivant, rebelote : dans les mélodies torturées de claviers et guitares, je crois reconnaitre plus ou moins l'intro de « La Terrasse », à moins que ce ne soit un remixe de « Palestine ». Finalement, apparait progressivement la fameuse mélodie d'Amélie Poulain. Cette version incroyable est tout à fait symbolique de la cohérence de l'œuvre de Tiersen, malgré le grand écart apparent de ses diverses productions. Yann Tiersen annonce en conclusion un extrait de son album à venir, qui sera tout bonnement l'un des meilleurs du concert. Voilà qui ne fait qu'attiser ma hâte d'écouter le successeur du magnifique Dust Lane, à priori intitulé Sky Line.

 

Je suis particulièrement curieux du retour de La bUze, celui-ci n'ayant plus trop écouté Yann Tiersen depuis l'époque du Phare, mais ayant l'esprit assez ouvert et la culture musicale suffisante pour avoir un avis intéressant. Il confirme ce que je soupçonnais, à savoir que découvrir Dust Lane sur scène est assez ardu, pas évident d'apprécier ce style à priori surprenant de la part de Tiersen sans connaitre un minimum les morceaux. L'avis de La bUze est mitigé, il a apprécié une moitié des nouvelles compositions et n'a pas été rebuté par le style. Au contraire, il a été comme moi enthousiasmé par le traitement des anciennes compositions jouées en rappel. Ce sera ma seule pointe de regret, que nous n'ayons pas eu deux ou trois morceaux supplémentaires de l'Absente ou des Retrouvailles revisités de la sorte (même si la durée du concert, 1h30, était satisfaisante). J'espère aussi trouver une trace d'enregistrement de cette tournée, pour revivre ces bons moments en attendant la future production de Yann Tiersen ; En voilà un que je ne suis pas prêt d'abandonner...

 

Setlist: Countdown - Dust Lane - Dark Stuff - Kala - Amy - Till the End - Sur le Fil - Le Train / Ashes - Chapter 19 - Palestine - Fuck Me  //  the Trial - le Quartier - la Valse d'Amélie - Another Shore

 

De très belles photos de la soirée ICI.

 

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