B R OAD WAY + DESCHANNEL - Mardi 13 Mars 2012 - L'Estrade - St ETIENNE

Gros contraste dans la région lyonnaise  entre un dernier trimestre 2011 surchargé en concerts, à tel point que j’avais du faire une sélection dans mes dates potentielles, et un premier trimestre 2012 désespérément vide de toute venue enthousiasmante (avec un programme de l’Epicerie Moderne inhabituellement calme). Une première raison pour se motiver et bouger jusqu’à St Etienne ce mardi soir pour voir B R Oad Way, la deuxième étant que leur dernier album tout récemment sorti, Solo System Revolution, fait honneur à une discographie impeccable riche notamment de deux chefs d’œuvre, Enter the Automaton et the John Venture (en collaboration avec Angil).

Doté d’un (indispensable) GPS, j’arrive sans encombre à proximité de l’Estrade après une petite heure de voiture à écouter du Fucked Up. C’est une petite salle qui fleure bon l’associatif, à laquelle on accède à partir du hall d’entrée d’un théâtre plutôt imposant. Une scène et un balcon aux décorations rococo, un bar et  une banquette latérale (on dirait une salle de répétition pour comédiens amateurs) l’ensemble est de taille modeste mais assez chaleureux. Une quarantaine de personnes est présente, essentiellement des gens de l’association ou des amis d’après ce que j’ai pu en juger. Je suis toujours surpris de voir des groupes de la qualité de B R Oad Way jouer dans des conditions si proches de celles de purs amateurs telles que j’ai pu les connaitre, ce que je trouve toujours un peu décourageant. Mais l’essentiel est ailleurs, comme j’aurai l’occasion d’en discuter plus tard avec leur leader, Fabb.

Pour l’heure, en attendant le début du concert, j’aborde Flavien que je connais comme ayant participé à l’album Jerri, superbe collaboration entre Angil et Deschannel. Je ne me rappelle plus de quel groupe il fait partie (en fait, c’est des deux), il m’apprend donc qu’il est là pour le concert de Deschannel qui suivra celui de B R Oad Way. Nous discutons un peu des mérites de la scène Stéphanoise par rapport à Lyon, Flavien me parle d’un groupe Lyonnais qu’il a vu récemment en concert et qui l’a impressionné : the Good Damn. Décidément une référence qui je l’espère rencontrera un succès national mérité et sauvera l’honneur de notre pauvre ville bourgeoise. Il m’apprend surtout pour mon plus grand plaisir la sortie prochaine d’un deuxième disque de Jerri, que je vais dorénavant guetter avec impatience.

J’avais déjà été un peu déçu de voir sur les affiches à l’entrée que B R Oad Way, jouerait ce soir en acoustique, je le suis encore un peu plus lorsque je vois Fabb monter seul sur scène pour le premier morceau (même si sa version en solo de « Japanese Super Trains » était très bonne). Heureusement dès le second titre ses quatre camarades le rejoignent : une guitare supplémentaire, une basse, un cajon pour le batteur (qui joue aussi de la guitare et du clavier) et un piano Rhodes au son délicieux (1). Dès lors on ne regrettera plus le set acoustique, permettant de découvrir les compositions (exclusivement du dernier album) sous un autre jour, parfaitement maitrisé. Les cinq garçons sont concentrés et en osmose, je constate en les observant que la beauté des morceaux vient de la complémentarité et l’association de parties individuelles relativement simples, le tout porté par la voix chaleureuse de Fabb et l’apport discret mais idéal de la seconde voix du batteur. Les morceaux s’enchainent tranquillement (« Invisible War » et son riff évoquant Mogwai ou « Madison ave. Hangover » aux sonorités proches du premier album), puis B R Oad Way ose une reprise du Velvet Underground (« Venus in Furs ») qui s’intègre remarquablement à la setlist. Un invité surprise monte sur scène pour accompagner Fabb au chant sur « Days of Reckoning » et « the Lighthouse Wish ». La partie n’est pas facile, puisqu’apparemment les répétitions ont été courtes et qu’en plus la ligne de chant du second morceau est assez  haute (c’est une femme qui l’interprète sur disque), mais c’est très réussi, au grand soulagement des musiciens. Pour finir, B R Oad Way invite les deux membres de Deschannel à les rejoindre et ils sont donc 8 à reprendre « 2/4 » de Clinic, travaillé dans le cadre d’un record club à suivre. Une manière dynamique et détendue de terminer ce bon concert qui n’aura eu que le gros défaut d’être bien trop court (un peu plus d’une demi-heure je pense).

Après un peu d’attente Deschannel entre en scène, alors que le public s’est encore réduit. Je ne connais pas du tout la musique de ce duo claviers-batterie, excepté leur participation à l’album de Jerri. On pense immédiatement à Air en écoutant leurs compositions, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur c’est des mélodies bien troussées servies par une batterie précise. Le pire c’est le traitement systématique de la voix façon « robot », un procédé qui m’empêche de vraiment gouter au concert. Dommage, car certains titres très rythmés (comme celui qui finira leur set) valent vraiment le détour pour ceux qui apprécient l’électro.  Je passe pas mal de temps à observer Flavien qui est un excellent batteur (gaucher), et qui malgré une batterie ne payant pas de mine a un son impressionnant.

Après le dernier titre, le silence se fait un peu brutalement, puis les conversations repartent. Je discute avec Fabb et lui fait part de mon admiration pour sa musique (2), regrettant qu’elle ne rencontre pas un écho plus large. Il me rappelle fort justement que leur principal but est de faire de bons albums, ils ont d’ailleurs refusé le chant de sirènes parisiennes pouvant les mettre sur orbite, sachant que leur environnement familier, la liberté et le temps qu’ils trouvent à St Etienne sont profitable à la qualité de leur musique. On ne peut qu’acquiescer en écoutant Solo System Revolution. Pas de deuxième volet de John Venture à l’horizon mais de multiples projets en perspective (ce qui explique la brièveté du concert, B R Oad Way ayant eu peu de temps pour réadapter leur répertoire en acoustique), dont l’accompagnement musical d’une fresque historique sur la Révolution Française et un concert avec Angil et Fake Oddity le 7 Avril, toujours à St Etienne. En attendant d’éventuellement se retaper cette route stressante pour voir B R Oad Way version électrique, une nouvelle heure de voiture m’attend. Deux heures de route pour une heure de concert, c’est assez frustrant, mais la soirée fut quand même fort sympathique….

(1)   Si d’aventure un clavier intègre mon groupe, ce sera Rhodes ou rien…

(2)   Il semble agréablement surpris, et encore plus étonné quand à la question pourquoi es tu venu ? je lui réponds pour vous voir….