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Blinking Lights (and other revelations)
5 juillet 2015

Matt ELLIOTT + DARK DARK DARK - Samedi 24 Mars 2012 - Le Marché Gare - LYON

 

Retour au Marché Gare pour un artiste que je connais depuis peu mais que j’attendais de voir sur scène avec une certaine impatience, Matt Elliott. Apparemment condamné aux premières parties, il jouera ce soir avant un groupe folk dont on m’a dit le plus grand bien, Dark Dark Dark. Arrivé sur place, on refuse du monde : le quintet américain a fait le plein, soit environ 300 personnes quand même. J’ai heureusement eu l’intuition miraculeuse de profiter de ma venue l’avant-veille pour réserver ma place, et j’ai aussi la chance de tomber sur la même personne à la billetterie, le vague papier où mon nom avait été griffonné ayant bien sur été perdu depuis.

 

 

matt elliott

 

L’assemblée est curieuse et ne fait pas l’impasse sur le concert de Matt Elliott, je me place au dernier rang, ayant quand même une bonne vision de la scène. Le chanteur, qui est très grand et massif, s’assoie sur une chaise devant deux grands pédaliers avec sa guitare classique, et entame son concert par un long et beau morceau du dernier album the Broken Man, « Dust Flesh and Bones ». Sa voix très grave fait immédiatement penser à Leonard Cohen, d’autant qu’il joue aussi en arpèges très rapides sur ce morceau. La comparaison a des limites, car Matt Elliott prolonge ses morceaux par de très longs finaux instrumentaux où il multiplie les boucles de guitare et de voix, ajoutant parfois une grosse saturation sur sa guitare classique, évoquant évidemment le traditionnel post rock. Ayant déjà tâté de la loop station, je peux dire que la manière dont il réussi à maitriser ses boucles a quelque chose de magique : enlevant ou rajoutant des éléments (parfois à l’aide d’un autre instrument comme une flute à bec), ralentissant ou accélérant le tempo, faisant intervenir en plein milieu d’un titre une boite à rythme, tout ceci sans aucun décalage ou problème de niveau sonore. Ses multiples voix sont magnifiques, Matt Elliott variant les intensités en imitant le vent ou en hurlant à plusieurs reprises, comme sur la bien nommée « Howling Song ». Le procédé est utilisé sur chaque morceau mais je n’ai pas été lassé, tout au plus ai-je regretté ce traitement sur les deux derniers petits morceaux folk, dont j’ai eu l’impression qu’ils se suffisaient largement à eux même dans leur forme la plus épurée. Dès le premier titre et ces this how it feels to be alone répétés, le public semble fasciné et l’ensemble du show se déroulera dans un silence religieux, excepté les explosions d’applaudissement après chaque morceau. Matt Elliott en semblera fort touché et remerciera le public de sa gentillesse à de nombreuses reprises. Il faut dire qu’il joua la veille devant trente Vosgiens bourrés, le statisme habituel du public lyonnais étant donc ce soir pour une fois  une véritable bénédiction. Après une dernière chanson (qui pourrait être « the Pain that’s yet to come ») et devant les encouragements de la salle, Matt Elliott ému se refuse à nous laisser comme ca (sic) et sans même se lever nous offre un rappel (il me semble) imprévu.

 

matt-elliott_2

 

 

Après une petite pause bière, je reprends ma place pour voir l’arrivée sur scène des cinq musiciens de Dark Dark Dark. Une jeune femme, au piano et chant, mène la danse, soutenue par un batteur bien barbu, un bassiste, un gars au banjo et clarinette, un autre à l’accordéon et trompette qui se placera au centre de la scène. Je découvre complètement leur musique ce soir, mis à part leur single « Daydreaming » que j’avais écouté une fois sur un blog et qui m’apparaitra comme leur meilleur morceau ce soir. Leur musique, calme et très bien arrangée, est parfois chiante, souvent belle, mais il lui manque un peu de soufre pour vraiment me faire chavirer, un peu à la manière de Beirut, groupe assez irréprochable mais que j’écoute toujours d’une oreille distraite. Dark Dark Dark arrive surtout pour moi après Shannon Wright, le Dark Undercoat d’Emily Jane Wight ou le We Made this Ourselves d’Essie Jain à laquelle la voix de Nona Marie Invie m’a beaucoup fait penser. Je m’en veux un peu de trouver leur musique en retard sur la mode, moi qui déteste justement les phénomènes de hype et les courants médiatiques artificiels, mais j’ai vraiment l’impression d’avoir déjà entendu tout ce que propose le groupe ce soir. Folk oblige, la mise en scène est minimaliste, tout est fait pour caresser gentiment l’oreille du spectateur. Bref, même s’il y eut de très beaux passages, je restais tout du long un peu en dehors du concert, au contraire d’un public en admiration (1) qui aura droit à deux rappels.

 

dark dark dark

Alors que c’est la bousculade autour de la table merchandising pour obtenir des autographes de Nona Invie, je m’approche alléché par l’édition limitée du vinyle de the Broken Man, en rupture de stock sur internet. La représentante d’Ici d’Ailleurs me dit d’un air blasé qu’elle ne s’occupe pas de Dark Dark Dark puis, toute à la joie de voir que c’est bien Matt Elliott qui m’intéresse, cours le chercher pour qu’il me signe le disque. Je suis un peu gêné, je n’aurai pas spontanément demandé qu’on aille le déranger backstage, mais il a l’air ravi de parler un peu (il est surtout d’une extrême gentillesse). Il parle assez bien français et me détaille les déboires qu’il a eu sur certains concerts, on voit que ce n’est pas rose tout les soirs pour lui; alors que je lui demande s’il ne viendrait pas à l’Epicerie Moderne faire une première partie de Yann Tiersen, il désapprouve fortement en disant qu’il n’a jamais été autant hué que par le public du breton, particulièrement fermé selon lui. J’approuve en lui racontant comment une grosse moitié du public de la tournée 2006 de Tiersen avait bruyamment démontré sa frustration d’entendre du rock bien saturé en lieu et place d’un accordéon Amélipoulien. Je lui apprendrai aussi sa première place au CDB, ce dont il sembla fort content (à moins qu’il n’ait rien compris de ce que je lui disais).

 

(1) notamment Erwan Pinard qui avait l’air à fond !

 

 

Une vidéo de DARK DARK DARK au Marché Gare ICI.

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