Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
12 juillet 2015

NICK CAVE & the BAD SEEDS - Samedi 27 Juillet 2013 - Théatre Antique de Fourvière - LYON

.

Forte affluence à l’Amphithéâtre de Fourvière pour la venue de Nick Cave & the Bad Seeds. On a connu gradins plus complets, puisque la partie supérieure était ce soir fermée, on a connu fosse plus étouffante (pour les Stooges notamment), mais le lieu est bien plein. La fine fleur du passionné musical souvent croisé à l’Epicerie Moderne est venue, dont le sieur la Buze et mes collègues d’Hello Darkness Damien et Julien qui se sont placés tels des vieux dans les gradins. Avec Guic, venu spécialement de Paris pour la deuxième semaine consécutive, nous avons longuement hésité avant d’opter pour le squat devant la scène - nous étions très en avance, n’ayant pas spécialement autre chose à foutre que discuter au soleil avec une binouze en attendant le début des hostilités. Un choix que nous ne regretterons d’ailleurs absolument pas, tant le fait de se prendre tout le concert à 1 mètre de Nick Cave a contribué à rendre plus intense un show qui n’était déjà pas pépère à la base.

 

Nick-Cave-3

 

Mais n’anticipons pas, il y a d’abord la première partie, et même les premières parties puisqu’ à mon étonnement ce n’est pas Bertrand Belin qui vient d’entrer sur scène mais un quintet qui nous arrache une moue dubitative : clavier, violoncelle, violon, saxophone et batterie, ça sent pas bon…  Comme anticipé en voyant les tronches de premiers de classe qui accompagnent la grande demoiselle toute sage qui susurre derrière son micro, le concert sera aux antipodes du rock. C’est mou, c’est chiant, c’est même pas émouvant un brin : totalement inutile. Nous passons le temps en balançant des vacheries sur ce « groupe d’Ecole de Commerce » (cf Guic), les gradins ne sont pas plus attentifs, il faut dire que vu le niveau sonore ils ne doivent rien entendre.

 

ST-juliaholter-81373636590    P1190282

 

La dénommée Julia Holter cède sa place au très attendu Bertrand Belin, dont le dernier disque a reçu de bonnes critiques, notamment de Damien qui vient nous rejoindre dans la fosse pour ne pas en manquer une miette. Je ne connais pas du tout et devient bien attentif, espérant une belle découverte. Si musicalement je ne trouve rien à redire, quelques gimmicks au chant et son attitude snobinarde m’irritent.  Nous pensons tous les trois à Bashung, même si pour moi Belin serait plutôt pour l’instant le Bashung du pauvre. Je n’aime pas son groupe, je n’aime pas leur gueule, je n’aime pas ses interventions condescendantes, mais le concert était plutôt agréable, il faut le reconnaitre.

 

8972673906_168651bc97_o

 

Il est temps pour le festival d’oublier qu’il est lyonnais, il est temps pour les bobos de s’assoir confortablement sur leur coussin et de se mettre des bouchons d’oreilles, il est temps de devenir fébrile et de guetter dans l’ombre des coulisses le signal lumineux, il est temps pour Nick Cave et ses Bad Seeds de monter sur scène. Je ne suis pas un grand fan de Cave, je l’ai découvert avec Murder Ballads, ai apprécié la plupart de ses disques suivants et si j’ai depuis rejoint les admirateurs du Let Love In, je connais mal les disques précédents qui sont avant tout pour moi des pourvoyeurs de quelques grandes chansons plutôt que de grands albums. Si je suis venu ce soir, c’est principalement parce que j’ai adoré le Push the Sky Away  prétexte à cette tournée, et c’est donc ses 9 morceaux  que j’attendrai avec impatience. A l’inverse, Damien est un fan de la première heure, peu féru des albums récents (il a notamment  détesté le dernier disque) et il attend plutôt les vieux classiques. La majorité du public doit sans doute être dans son cas mais qu’importe, puisque nous aurons tous satisfaction.

 

130125-grinderman

 

Le concert débute logiquement par « We No Who U R », ouverture de Push the Sky Away, un morceau tranquille, pas extraordinaire mais qui constitue une bonne mise en route, puis c’est déjà « Jubilee Street », l’un des meilleurs titres de ce même disque,  dont le final est en plus superbement intensifié pour la scène. Nick Cave, très mobile,  s’appuie sur la barrière séparant la scène du public, quand il n’est pas sur le public lui-même. Il joue avec les fans, chante les yeux dans les yeux, surinterprète  ses chansons, cabotine à fond pour le plus grand plaisir du premier rang. Il a une attention pour chacun, prend soin d’alterner chaque côté de la scène, saisit les objets qu’on lui tend de ses grands bras décharnés, dans son costume noir on dirait Jack Squeleton avec des cheveux longs.  C’est l’un des rares concerts où le public aura plus d’occasion de prendre de bonnes photos que les professionnels installés devant la fosse…  Encore plus fascinant, se tient à droite de la scène Warren Ellis, grand et maigre lui aussi, bossu grattant d’un air cinglé son violon comme on le ferait d’une guitare, son archet souvent inutile planté dans le col de sa veste comme une épée dans un zombie. Il suffit de l’observer jouer pour que l’imagination s’emballe, que des personnages de films ou de BDs surgissent à l’esprit, que fleurissent des scénarios gothiques au moins imaginatif des auditeurs.

 

8972674304_46dc88731a_o

 

Derrière c’est Jim Sclavunos à la batterie, avec la même barbe hirsute, le calme avant la tempête. Au centre Conway Savage devant un clavier (mais il fera surtout les chœurs), un look tout aussi improbable, une sorte d’Einstein dément et alcoolique, et derrière lui, classe et discret, Martyn Casey à la basse. A gauche, sur le devant, le petit nouveau à la guitare, George Vjestica, imperturbable. Et derrière, alternant batterie et claviers, un gars au look un peu détonnant et au sourire trop constant que Guic n’a pas reconnu (1) (la logique voudrait que ce soit Thomas Wydler).  C’est une troupe soudée - roadies compris -  et détendue (entre les titres, bien sûr), qui est au service des chansons, personne ne cherchant à tirer la couverture à lui et chacun, malgré une expérience et une technique qu’on imagine redoutable, sachant très bien jouer les quelques notes suffisantes pendant les passages les plus calmes, quitte  à exploser avec d’autant plus d’ardeur au moment opportun.  

 

9384447450_509cc3509b_b

 

On pourra le vérifier dans l’enchainement de classiques qui constitue la suite du concert. Même si les morceaux sont excellents, même  si « Tupelo », c’est encore un extrait récent qui aura ma préférence, l’onirique « Mermaids ». Je trouve que les vieux morceaux sont joués de manière un peu automatique, et ressens plus d’attention, d’authenticité et au final plus d’émotion sur ceux de Push the Sky Away. Un sentiment qui atteindra son paroxysme sur « Higgs Boson Blues », il est vrai l’un des sommets de l’album, mais qui ne se vérifiera plus par la suite tant la deuxième partie du concert emportera mon adhésion totale.  Cela commence par deux magnifiques extraits de the Boatman’s Call pour lesquels Nick Cave s’est installé derrière son piano, dont l’un de mes titres favoris que je ne m’attendais pas à attendre ce soir, « People Ain’t no Good ». Cela se poursuit avec un enchainement parfait, « Higgs Boson Blues » / « the Mercy Seat », mon classique préféré dont l’interprétation de ce concert me ravira. Puis c’est un « Stagger Lee » particulièrement explosif qui laissera sa place à un final tout en douceur, le très beau « Push the Sky Away » qui clôture l’album du même nom.

 

8971481153_24f23637f6_o

 

Le traditionnel lancer de coussins sur scène me rend toujours honteux pour notre pauvre ville, et m’effraie toujours un peu : qui sait si l’un de ces jets débile n’ira pas endommager du matériel, ou simplement vexer un artiste à l’ego proportionnel à son talent qui refusera dès lors de retourner sur scène. Rien de cela ce soir, et c’est fort heureux car le rappel sera génial. On commence avec un autre grand titre du dernier album, « We Real Cool » et sa basse hypnotique, et un « Red Right Hand » si bon qu’il fera dire à Guic : ils devraient s’arrêter là. Une phrase qu’il prononcera donc trois fois, puisque suivrons un « Papa won’t Leave You, Henry » d’anthologie (mon deuxième classique préféré, sur lequel je ne pu m’empêcher de sauter comme un damné) et l’inévitable « Jack the Ripper ». On sent que Nick Cave joue les prolongations, chaque nouveau titre du rappel est précédé de négociations avec des organisateurs paniqués à l’idée de déranger trop tardivement le bourgeois du coin. Mais le groupe insiste, nous offrant l’une des plus belle setlist de cette longue tournée, et finissant idéalement par un magnifique extrait de No More Shall we Part. « Love Letter », Nick Cave au piano, un peu de batterie et de basse, les musiciens dans le noir, pour une conclusion aussi classe (2) que le groupe qui vient de nous offrir ce très bon concert.

 

9381658997_6db74d1a6e_b

 

Mes potes sont encore plus enthousiastes que moi, Guic plaçant ce show au-dessus de celui du Trianon et mes collègues de gradin ayant pris apparemment une bonne baffe. J’émettrai pour ma part quelques réserves sur le côté prévisible des chansons jouées et surtout l’absence totale de morceaux de ces dix dernières années. Pour le reste, rien à dire, un tel enthousiasme pour un groupe qui a 30 ans d’existence, cela reste assez exceptionnel…

 

 

(1)    Je précise que moi, à part Nick Cave et Warren Ellis, je n’ai reconnu personne…

 

(2)    Bon, on va faire semblant d’oublier que Nick Cave crachait par terre comme un vulgaire footballer toute les deux minutes…

 

Setlist : We No Who U R – Jubilee Street – From Her to Eternity – the Weeping Song – Tupelo – Deanna – Mermaids – People Ain’t No Good – Into my Arms – Higgs Boson Blues – the Mercy Seat – Stagger Lee – Push the Sky Away  //  We Real Cool – Red Right Hand – Papa won’t Leave you Henry – Jack the Ripper – Love Letter

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité