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Blinking Lights (and other revelations)
13 juillet 2015

DETROIT - Horizons

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La main est-elle différente de ce qu’elle écrit ? Il est étonnant que certains qui adulaient Noir Desir pour le sombre romantisme et la violence torturé de son chanteur aient décidé de soudainement le rejeter ad vitam aeternam quand celles-ci prirent corps dans leur réalité au travers d’un drame largement relayé par les médias. Sans doute la déception fut-elle à la hauteur de l’admiration qu’un bon nombre de fans portaient à l’homme autant qu’à l’artiste. N’étant pas un vieux fan de Noir Desir (mon album favori est des Visages des Figures), j’ai vécu la fin du groupe avec un peu plus de recul, mais fut très heureux d’apprendre la sortie d’un disque de Bertrand Cantat, et d’autant plus curieux qu’il s’associait à un artiste pour qui j’ai la plus grande estime : Pascal Humbert, rien moins que le partenaire de DiEu au sein de 16HP et Wovenhand, mais aussi principal artisan des superbes disques de Lilium. Au moment d’aborder Horizons, j’étais enthousiaste à l’idée de réécouter une voix qui m’avait manqué, de retrouver la qualité d’écriture de Cantat dans des textes forcément marqués par un passé récent bouleversant, le tout porté par la qualité de compositeur et d’interprète d’Humbert dans un registre souvent crépusculaire. Le risque était donc grand d’être déçu.

 

La première écoute m’a d’emblée rassurée : certes il faudrait creuser, écouter attentivement et faire la part des choses mais une chose était sure, la qualité était au rendez vous. On n’en voudra pas à Cantat d’évoluer en terrain connu : vu les difficultés de reprendre sa carrière dans un tel contexte, il est logique qu’il se soit appuyé sur son savoir faire. On retrouve donc avec plaisir son phrasé, son vocabulaire, ses manières, dès le premier titre « Ma Muse », et ce d’autant que la musique assez minimaliste sert avant tout à mettre en valeur son chant. Une impression d’espace ressort des compositions, qui est la marque de Pascal Humbert. Riffs répétitifs, cris lointains, guitares en larsens et harmonica hululant, l’ambiance est à la torpeur, à la fatigue et l’abrutissement d’un être regardant « Droit dans le Soleil » après avoir passé tant de temps à l’ombre. La collaboration du duo fonctionne admirablement, du voyage hypnotique en « Terre Brulante » jusqu’au magnifique « Horizon » et son texte remarquable sur l’univers carcéral.

 

La belle cohérence du disque se brise malheureusement sur « Le creux de ta Main », un titre beaucoup plus rock qui voit Cantat prendre le dessus. Ce troisième tiers d’Horizons est loin d’être mauvais, mais il est moins inspiré et évoque plus une copie de Noir Desir que le renouveau Detroit. On comprend aussi la tentation de la reprise symbolique de Leo Ferré « Avec le Temps », qui reste pour moi le seul vrai échec du disque, simplement parce qu’elle demeure malgré tout les efforts du duo beaucoup moins déchirante que l’originale. Ces quelques réserves ne m’empêchent pas d’apprécier dans sa totalité ce disque en forme de défit, relevé de bien belle manière par Cantat et Humbert. Et qui laisse présager d’un futur qu’on souhaite radieux au groupe, à commencer par une tournée à laquelle on espère de tout cœur assister (1).

 

(1) C’est pas gagné, les places pour St Etienne, comme pour toutes les « petites » salles, se sont vendues en quelques minutes. Reste peut être le concert à Vienne, pas forcément le lieu idéal….

 

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