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Blinking Lights (and other revelations)
29 septembre 2015

Sufjan STEVENS - Dimanche 27 Septembre 2015 - Le Radiant - LYON

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Je n’avais jamais vu un tel bourdonnement sur le web. Dès la nouvelle connue, les mails et partages commencèrent à fuser, tout les médias musicaux s’enflammèrent, facebook ne fut plus que pokes et points d’exclamations : le Grand Sufjan venait à Lyon. Des gens qui avaient juré ne jamais mettre plus de 20 € dans une place de concert se ruaient pour payer leur denier du culte plus du double sans réfléchir. Certains qui avaient pourtant trouvé ses dernières productions respectivement atroce et très chiante (comme votre serviteur) n’en réservaient pas moins leur billet dès le premier jour. Rapidement, l’on su que tout ce que la région (et même au-delà) comptait comme blogueurs, musiciens ou passionnés que le lecteur aura croisé en ces pages serait présent ce Dimanche Soir en la Salle du Radiant, à Caluire (sauf ce mécréant de La Buze, qui s’emmerde toujours aux concerts folk). Daniel, qui avait passé son temps à persécuter les adeptes sur son blog avant d’être, tel Saint Paul sur le chemin de Damas, foudroyé par la grâce de Carrie & Lowell, ferait le déplacement de Macon.

 

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Devant une telle foule dévote attendue, j’arrivais avec une bonne demi- heure d’avance, pouvant ainsi me garer sans encombres et me placer idéalement, dans les gradins supérieurs, pile au centre de la Nef (je ne pouvais pas avoir meilleur vue sur l’Autel). La cérémonie débutait par l’inévitable Prophète censée faire patienter l’assemblée avant l’arrivée de Celui-Que-Tout-Le-Monde-Attend. En l’occurrence Austra, une sorte de Bjork téléportée dans les années 80. Batterie électronique, clavier bien pourri et basse au son dancefloor, la musique proposée est pauvre, et ne rimerai à rien sans la voix irréprochable de la chanteuse, qui réussi à maintenir une certaine attention. Mais globalement, un peu à la manière des dernières productions de Thom Yorke, l’ensemble est trop froid et linéaire et ne me touche aucunement. La petite demi heure écoulée, j’invite Nono et Pierre à me rejoindre pour profiter de l’emplacement et discuter agréablement un moment, avant de m’apercevoir que Sayba, leader de Rank, est assis juste derrière moi (même un digne représentant du Post Punk comme lui est croyant, surprenant !). Notre conversation sur la difficulté de sortir en vinyle leur excellent deuxième album est interrompue par la coupure complète des lumières et l’entrée dans le Chœur du Grand Sufjan et ses acolytes : le disciple que le Grand Sufjan aimait (il fait les solos de guitare), Marie Madeleine, sa jolie voix et sa robe noire toute sage, un Jean Baptiste barbu et chevelu perpétuellement en transe aux claviers et le préposé au tonnerre et éclairs qui viendra parfois ponctuer la parole de son maître (1) – parole uniquement chantée, le Grand Sufjan ne s’adresse à ses ouailles qu’en musique, les bonjours et merci, très peu pour lui.

 

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La Cérémonie commence par un instrumental idéal : le son des claviers est dense, prenant, la mélodie mélancolique, l’attention tout de suite captée. D’emblée, les éclairages s’annoncent comme une composante essentielle du show : ils redessinent l’espace, transforment la salle en cathédrale digne de son Hôte exceptionnel, avec ces vitraux colorés sur lesquels sont parfois projetés des petits films de la Jeunesse du Grand Sufjan et ces rayons divins l’éclairant dans sa sobre tenue noire, ou descendant tel l’Esprit Saint sur un public fasciné. Ainsi lancée, la Cérémonie se poursuit par l’intégralité de Carrie & Lowell, déroulé à peu près dans l’ordre du disque. Si l’objet m’avait dans sa majorité ennuyé au possible, il passe bien mieux dans ce contexte, par la présence et la voix de son Auteur (2) qui en respecte le minimalisme tout en sachant l’enrichir d’arrangements bienvenus.

 

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Comme dans toute Messe, il y a des passages un peu ennuyeux mais enfin, du moment qu’on est bien assis et au chaud, le temps passe vite. Et puis il y avait aussi des instants magnifiques, comme  « Eugene », « the Only Thing », et surtout « No Shade in the Shadow of the Cross », un titre mystique incroyablement beau qui fut hélas le plus court de la soirée. Je commençais donc  à me féliciter d’avoir combattu mes doutes pour venir moi aussi me recueillir aux pieds du génie de Détroit. Mais chacun sait que la frontière entre Génie et ridicule est mince, et le Grand Sufjan était sur le point de la franchir allègrement. C’est le propre de tout les Envoyés d’être tenté par le Démon, et la bataille à laquelle mes pauvres oreilles allaient assister fut terrible. Ce ne fut que deux titres, mais mon Sufjan qu’ils furent laids et longs ! Ils m’évoquèrent cette religion diabolique dont parlent parfois les Grands Anciens, portée par des groupes  aux claviéristes fous (par exemple Yes) et dont le principal prophète aujourd’hui s’appelle Muse. J’ai souffert de voir le Grand Sufjan, comme possédé, danser la macarena sur cette accumulation de sons affreux sans l’once d’une mélodie, ce bruit sans but ni direction. Même l’éclairage, spots verdâtres sur fond informatique violet, était devenu moche. A la fin du supplice, le Grand Sufjan marcha sous l’eau. La lumière, comme traversant l’épaisseur d’un océan, était apaisante, tandis que le groupe lançait ses appels aux baleines de passage. Cela aussi dura très longtemps, sans doute qu’il fallait ca pour purifier tout le monde de l’attaque sonore qu’on venait de subir. Après ce Rituel, la foule se leva pour une longue acclamation.

 

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Normalement, le moment de la Communion était venu, mais le Grand Sufjan ne réapparu pas sur scène. A la place, il n’y avait plus que Sufjan Stevens, sa chemise à fleur et sa casquette. Plus de jeux de lumière, plus de cathédrale, juste un artiste accordant sa guitare, remerciant le public, présentant son groupe et jouant ses putains de chansons, simplement. La demi-heure de rappel, constituée essentiellement d’extraits de vieux albums, fut magique. Deux morceaux m’auront bouleversé, « Sister » (soit mon titre préféré de mon album préféré, Seven Swans) et la version acoustique de  « Chicago », avec une slide guitare à tomber, qui conclura le concert. Deuxième standing ovation, à laquelle je participe volontiers. Qu’est ce que j’aurai aimé voir Sufjan Stevens plus longtemps, plutôt que ce Grand Sufjan à la con !

L’ensemble des Adeptes semblait très convaincu de la Cérémonie, mais je n’ai pas eu le temps de discuter avec toutes mes connaissances, vu leur nombre. J’ai préféré passer du temps avec Daniel, que je vois si rarement, puis avec Julien (du groupe les Marquises), que je cherchais à voir depuis longtemps pour discuter de son livre Eloge des Arborinidés, que j’ai beaucoup aimé. J’espère bien cependant recueillir l’avis de mes collègues de concert habituels par le biais de Yosemite que je retrouverai bientôt pour notre répète/bière hebdomadaire…

 

 

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(1)   j’ai personnellement préféré les passages où la batterie était discrète, voire absente.

 

(2)   Superbe voix, évidemment. Relativisée, cependant, par le fait que j’avais assisté la veille à une représentation des Vêpres à la Vierge de Monteverdi dont chacun des solistes ou choristes, même amateur, aurait facilement pu donner des cours au Grand Sufjan…

 

 

Setlist : Redford (For Yia-Yia & Pappou) - Death With Dignity - Should Have Known Better - Drawn to the Blood – Eugene - John My Beloved - The Only Thing - Fourth of July - No Shade in the Shadow of the Cross - Carrie & Lowell - All of Me Wants All of You – Vesuvius - I Want to Be Well - Blue Bucket of Gold // Concerning the UFO Sighting Near Highland, Illinois – Sister – Heirloom - The Dress Looks Nice on You - Futile Devices - Casimir Pulaski Day - Chicago

 

 

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