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Si les Best of font souvent passer un agréable moment d’écoute, il est assez rare de pouvoir en faire une bonne chronique. Celui d’Iggy Pop, intitulé Nude and Rude, présente en plus divers inconvénients, comme le fait de mélanger les Stooges avec la carrière solo du chanteur, et surtout d’être présenté sur cette cassette amputé des titres déjà enregistrés auparavant (notamment les deux extraits de Lust for Life aperçus sur la cassette précédente). Encore plus bizarre, l’excellente introduction « In the Death Car » tirée de la BO d’Arizona Dream qui marie superbement la musique de Goran Bregovic à la voix du (déjà) crooner Iguane, ne fait normalement pas partie de Nude and Rude (on se demande donc d’où je la sortais…). Bref, il nous reste à nous rabattre sur les deux extraits de Blah-Blah-Blah, album jamais emprunté à la médiathèque, notamment ce « Real Wild Child » faisant furieusement penser au « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand. Iggy Pop a cependant l’élégance de créditer les vrais compositeurs de ce vieux rock garage bien jouissif, là où le Plastic ne chantait même pas sur son propre plagiat ! A noter aussi cette photo de couverture mémorable qui sera publiée dans son intégrale virilité plus tard sur un Rock N Folk passionnant (celui avec Corgan en couverture !)
Je craignais assez la réécoute de the Uplift Mofo Party Plan, troisième album des Red Hot Chili Peppers, mais elle s’est finalement bien passée. Il faut dire que je ne prenais pas grand risque en n’enregistrant que le tiers du disque, quatre morceau dont seul le « Organic Anti-Beat Box Band » figurait ce funk un peu agressif qui fut la marque de fabrique des Peppers lors de leur première période, et que je ne goute qu’à petite dose. Pour le reste, un « Behind the Sun » assez cool avec son refrain joyeux, et l’énorme accélération de « Love Trilogy », symbole d’une composante rock jamais bien loin chez les Californiens.
Une composante rock qui explose sur l’album suivant (du moins le tiers que j’en avais retenu), Mother Milk, qui voit l’arrivée de John Frusciante à la guitare en remplacement de Hillel Slovak, mort par overdose. L’album commence d’ailleurs par le gros riff de « Good Time Boys » évoquant Lenny Kravitz, avant que le chant de Kiedis et la basse de Flea viennent refunker le morceau. « Nobody Weird Like me » flirte de manière surprenante avec le hard rock, quant à « Punk Rock Classic », son titre et sa durée (1mn45) parlent d’eux même. Une réécoute intéressante (quoique orientée, on imagine que le reste du disque laissé de côté est moins porté sur la guitare), notamment avec ce délicat instrumental « Pretty Little Ditty » orné par la trompette de Flea et dont le côté mélodique préfigure Blood Sugar Sex Magik , grand album qui suivra deux ans plus tard.
Voilà une partie qui date particulièrement bien la cassette : Juin 1997, sortie d’OK Computer de Radiohead (disque que j’ai couru m’acheter le jour de sa sortie, ce qui était très rare). A l’époque j’étais un fervent auditeur de Max, sur Fun Radio, notamment de ses fameux Live du Dimanche Soir évoqués en Cassette 008. Si Max a pu par moments briller par des gouts musicaux assez surprenants, le passage enregistré sur cette cassette est littéralement resté gravé dans ma mémoire comme le plus catastrophique interview de groupe que j’ai jamais entendu. Assisté par l’inénarrable Jenny (pour la traduction), il semblait aussi excité d’interviewer les grosses stars du rock du moment qu’ignorant de leur parcours et de leur personnalité.
Cela commence par l’accueil du groupe au son de « Creep » (titre qu’à l’époque ils ne pouvaient plus supporter, ce qu’ils confirmeront par la suite à un Max vexé et incapable de le comprendre) et par une première question (« pouvez-vous vous présenter ») à laquelle Thom Yorke répond sobrement par « Non ». Séance de ramage intense après que Jenny ait trouvé dommage que « le membre le plus important du groupe » ne veuille pas en dire plus sur lui, puis deuxième échec sur la question bateau de la création du groupe (« on s’est rencontré à l’école, et puis voilà »). On sent que la sortie de route n’est pas loin (Max s’étant fait signaler que ses questions était vraiment chiantes), jusqu’à un « what’s the process for writing songs ? » à laquelle Radiohead daigne enfin répondre (de manière assez amusante : « Thom écrit les paroles, la musique et les titres, et nous ont fait le reste » ou « Thom vient avec une chanson superbe et nous on la gâche un peu »). Finalement, c’est une auditrice qui sauvera l’interview du naufrage complet. Bien qu’un peu hystérique, elle finira par demander pourquoi les voitures tenaient une place si importante dans les titres de Radiohead. La réponse n’était pas forcément passionnante, mais au moins le groupe avait-il la preuve qu’en France existaient des gens qui ne les connaissaient pas qu’à travers « Creep ». Chanson que ladite fan se dépêcha de minimiser donnant lieu à une réflexion classique de Max sur le snobisme des fans, que Johnny s’empressa de tailler.
Le lendemain, Max faisait part de sa déception concernant l’interview. Que dire de ses auditeurs….