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Tigermilk, premier album de Belle and Sebastian, sort en 1996 en tirage extrêmement limité. Aussi seuls quelques chanceux au Royaume Uni auront pu découvrir le groupe de Stuart Murdoch avec lui, et les Européens devront attendre quelques mois supplémentaires et la sortie de If you’re Feeling Sinister pour enfin se faire une idée sur ce groupe dont on parle tant. C’est sans doute pour cela que ce deuxième album reste le favori de beaucoup de fans. Pour ma part, comme on l’a vu en épisode 074, c’est avec le suivant que je fis leur connaissance, et the Boy with the Arab Strap reste de très loin mon préféré. A tel point que je n’ai jamais considéré If you’re Feeling Sinister comme un album indispensable.
A l’écoute de « the Stars of Track and Field », titre introductif dont je ne me souvenais guère, je me demandais si je n’avais pas fait là une grossière erreur. Une construction magnifique, avec des arrangements très variés (tous les instruments y passent) qui apparaissent progressivement, des intensifications qui se relâchent soudainement et un chant splendide, un grand morceau qui laisse augurer du meilleur. Bien rythmé, « Seeing other People » et son piano confirment, avant un « Me and the Major » au tempo ultra soutenu qui révèle les premières failles, avec un chant un peu approximatif. Par la suite, il y aura toujours quelques pistes pour nous rappeler que Stuart Murdoch et sa bande de gentils puceaux ne s’étaient lancés dans la musique qu’assez récemment. Ce mélange d’amateurisme et de pureté aura fait tout le charme de Belle and Sebastian à l’époque, et l’on comprend l’enthousiasme général sans toutefois y souscrire complètement. Si « If you’re Feeling Sinister » et surtout « May Fly » emballent, les titres plus lents comme « Fox in the Snow » ou « the Boy done wrong again » semblent assez laborieux.
Une réécoute mitigée donc, qui aura surtout mis en relief les progrès immenses réalisés par le groupe en 2 ans. Soyons cependant honnêtes, n’importe quel groupe de pop rêverait d’accoucher d’un album aussi marquant, véritable lancement d’une carrière certes en dents de scie selon moi, mais qui n’aura rapidement plus rien d’amateur.
J’étais très curieux de réécouter ce premier album solo de Jerry Cantrell sorti en 1998, alors que Layne Staley avait passé le point de non-retour, ne fréquentant plus que son dealer, et que l’avenir d’Alice in Chains était donc officieusement compromis. Je n’avais plus aucun souvenir de Boggy Depot, mis à part qu’il m’avait bien plu, d’ailleurs je l’avais enregistré quasiment intégralement. L’introductif « Dickeye » me filait quand même un coup de flip : si Alice in Chains puisait son ADN dans le metal, ce morceau flirtait vraiment trop avec le Hard lourdaud et je craignais soudain de me trouver en présence d’un album passablement ringard. La suite me rassurait sans pour autant me convaincre complètement. Les morceaux les plus réussis musicalement, lents blues grungy à l’ambiance poisseuse (« Breaks my Back »), évoquent tant le meilleur d’Alice in Chains que la lugubre voix de Staley y manque cruellement, alors même que Jerry Cantrell est indéniablement un bon chanteur. Les chansons plus rapides, comme « Keep the Light On », lui vont d’ailleurs particulièrement bien mais elles manquent un brin d’originalité.
C’est finalement en fin d’album, lorsqu’il s’éloigne le plus du style de son ancien groupe, que Jerry Cantrell parvient à me séduire, notamment sur la ballade alternative « Hurt a Long Time ». « Between », aux accents Springsteeniens, et le très long « Cold Piece » final, morceau à tiroirs qui aurait mérité plusieurs écoutes, surprennent sans toutefois amener l’étincelle attendue. On l’aura compris, Boggy Depot, loin d’être un mauvais disque, n’aura pas été la redécouverte que j’espérais, et retombera donc probablement rapidement dans la masse anonyme de ma mémoire défaillante.