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Blinking Lights (and other revelations)
16 décembre 2019

# 105 / 221

105

 

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Je n’ai jamais été grand fan de Blues, mais j’ai en ce moment un petit regain d’intérêt, à cause de l’Oncle Hervé. Je suis le premier surpris de l’apparition de mon Oncle en cette rubrique attendu que toute ma famille du côté maternel a toujours fréquenté les églises plutôt que les salles de concert et joint les mains plutôt que tendu les majeurs. Mon amour des Guns N Roses était vu comme une excentricité vaguement inquiétante, et Oncle Hervé n’a jamais montré le moindre signe qui eut pu m’indiquer qu’il s’intéressa plus que les autres à la musique. Il cachait bien son jeu, car son rêve a toujours été de se faire la mythique Route 66, rêve qu’il a réalisé l’année dernière à ma grande surprise, entrainant ma tante ravie dans d’anonymes bars sur les traces du blues originel qu’il affectionne tant. Idolâtrant John Mayall comme d’autres Mark Oliver Everett, courant les festivals blues (dont l’inévitable Binic en Bretagne) et achetant de manière compulsive des Cds d’occasion dans des brocantes, c’est peu dire que nous nous sommes trouvé de nombreux points communs depuis son récent « Coming Out ». Il me donna il y a quelques temps deux albums qu’il avait acquis en double dans sa frénésie consommatrice, un Live at Philmore de Ten Years After absolument faramineux (arrivant à la cheville du live at Leeds des Who, c'est dire...) et une rétrospective des Yarbirds fort intéressante. Or qui dit Yarbirds dit Jimmy Page, donc Led Zeppelin, donc hard rock et donc Guns N’Roses, marches que l’oncle Hervé n’osa jamais franchir, peut être réticent devant la sulfureuse réputation  du légendaire quatuor Londonien. Etonnant, car il se trouve qu’il est fan de Popa Chubby, ce gros tatoué peu avares en clichés que n’auraient pas reniés le groupe d’Axl Rose, et qu’il ne manque pas une occasion d’aller le voir sur scène. Voici donc enfin apparaitre au terme de cette introduction digressive le personnage principal de cette chronique, encore que sa présence sur cette cassette fut un mystère : à l’époque l’Oncle Hervé ne m’avait aucunement révélé son attirance pour la musique du diable, aussi n’avais-je dû emprunter ce Hit the High Hard One que sur la seule foi du formidable succès que le bluesman du Bronx avait en cette fin de décennie 90’s et de quelque article vantant les mérites de ce live.

Inutile de dire que la redécouverte était totale, voire teintée de quelques craintes, car le blues peut souvent se révéler extrêmement chiant quand il est pratiqué de manière intellectuelle et besogneuse (c’est-à-dire très souvent). La setlist de Hit the High Hard One, que j’avais enregistré quasiment en intégralité,  laissait cependant espérer, avec sa grande majorité de compositions et ses reprises de Tom Waits ou Bob Dylan plutôt que les sempiternels pionniers du Delta Blues. Et effectivement, Popa Chubby signe là un excellent album, enregistré en public avec une formule trio impeccable. Ce qui est vraiment exceptionnel, c’est que là où j’imagine souvent le blues comme une musique au style très défini,  monochrome et donc lassante, Hit the High Hard One répond en enchainant des titres dont aucun ne ressemble à l’autre. « Heart Attack and Vine » est un blues très lourd au son de hard rock évoquant Slash, « Caffeine and Nicotine » est un joyeux swing, « Long Distance Pain » un pur blues bien lent (et, classiquement, trop long, sans doute le seul moment lassant du disque), « What’s so Great about Rock N’Roll » une très belle ballade bluesy en arpèges où la voix habituellement éraillée de Popa Chubby se fait velours, « Stoop Down Baby » penche vers le funk, « Trail of Tears » un hard rock au riff bien senti évoquant Led Zeppelin, « Sweet Goddess of Love and Beer » est plutôt rock n’roll tandis que « San Catri » est un long instrumental semblant au blues ce que le post rock est au rock indé. Et enfin une reprise de « Wild Thing », transition entre le rock et le punk qui conclue ce joli exposé quasi éducatif sur toutes les formes du blues. Popa Chubby tient la baraque et son public, démontre bien sur toute l’étendue de son talent à la six cordes mais en ne donnant que très rarement l’impression d’en faire trop. En néophyte, il me semble que Hit the High Hard One est un véritable classique du genre, et cela m’étonnerai qu’un des multiples  albums studio de Mr Theodore Joseph Horowitz (de son vrai nom) ne puisse lui être supérieur. Une question qui demeurera sans réponse, puisque cette apparition remarquable en la rubrique Tape Story sera la dernière pour Popa Chubby.

 

 

 

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Retour au premier album de Yo La Tengo, Ride the Tiger, avec tout d’abord l’unique extrait qui m’était resté en mémoire, « the Way some People Die », écrit par Dave Schramm qui quittera rapidement le groupe (et si l’on peut regretter ses talents de compositeurs, on frémit à l’idée qu’il eut pu tenir le micro régulièrement en écoutant le chant de « Five Years »). Les titres sont globalement de la même veine pop old school que cassette précédente, et on ne sera guère surpris qu’après les Kinks se fussent Love que nos amis d’Hoboken aient choisi de reprendre. Et encore, « A House is not a Motel » est bien le morceau le plus tendu d’un disque aussi mineur que sympathique d’où ressort néanmoins déjà la science mélodique qui fera merveille sur les chefs d’œuvre du groupe à venir.

 

 

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On reprend une tranche du Space Oddity de David Bowie avec deux titres folk (aux accents rock pour « God Knows i’m good »  et country pour « Conversation Piece ») charmants mais pas inoubliables. C’est bien évidemment « Memory of a Free Festival » qui marque, le chant délicat de Bowie sur fond d’orgue tenant l’essentiel de la première partie avant qu’une transition psychédélique viennent introduire un long final répétitif, à la manière de celui de « Hey Jude » des Beatles. J’ai toujours adoré ce procédé entêtant lorsqu’il est bien fait et enfle de cette manière en chœurs de plus en plus enthousiastes. « Memory of a free festival part II » (comme il sera nommé cassette suivante, où le titre est présenté en bonus avec une version préliminaire aux deux parties distinctes) m’a tellement hanté que j’avais essayé de le reprendre avec un de mes groupes. Mais bon, ce n’est au final que trois accords en boucle et sans la prod, tous les potes shootés derrière et surtout la voix de Bowie, cela ne donna pas grand-chose…  Un des titres majeurs du début de carrière du Caméléon, qui franchira une marche supplémentaire avec l’album suivant, le célèbre the Man who sold the World.

 

 

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