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Blinking Lights (and other revelations)
26 juillet 2020

# 121 / 221

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On avait croisé pour la première fois le Gong en épisode 088 avec le Live Etc… qui en reste la meilleure porte d’entrée, d’autant que ce live se concentrait sur les disques qui nous occupent aujourd’hui,  la fameuse Radio Gnome Trilogy considérée comme le sommet du groupe et que j’avais fort judicieusement enregistrée sur une seule cassette. Rappelons avant tout que Gong est un OVNI dans le paysage hexagonal, l’un des rares  groupes de prog que je supporte, l’un des rares groupes dont l’un des éléments principaux est le saxophone qui ne me fasse pas fuir en saignant des oreilles. Gong est un groupe à peu près français fondé par un Australien, Daevid Allen, à la suite d’une vision d’êtres cosmiques écoutant du rock. Tout est comme ça dans l’histoire invraisemblable du groupe, et quand vous aurez jeté un œil aux photos que je ne résiste pas à mettre en illustration (David Aellen et Steve Hillage, le guitariste), vous aurez déjà une idée du bordel de ces disques. Bénéfice collatéral de Mai 68, cette belle bande de frapadingues associait univers décalé (probablement fortement inspiré par des drogues diverses et variées)  et maitrise technique musicale parfaite, la deuxième finissant comme c’est souvent le cas par avoir raison du premier. Mais nous n’en sommes pas encore là, et il est temps de se pencher sur la fabuleuse aventure de Radio Gnome.

 

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Voici donc les lutins diffusant leur radio pirate à bord d’une théière volante, d’où le titre du premier album de la trilogie (sorti après deux coups d’essai dont nous parlerons prochainement), Flying Teapot. On découvre un rock progressif marrant, avec une multitude de pistes de chant déjanté fait d’onomatopées et de cris, donnant réellement l’impression qu’une armée de gnomes étranges s’est emparée du studio. La variété du son des saxophones, souvent proche de la clarinette, vient renforcer l’effet magique, à coup de mélodies orientales ou de savants soli free jazz. Bloomdido Bad de Grass (alias Didier Malherbe), est déjà sacrément expérimenté et tient la baraque, ne se rendant coupable de faute de gout qu’à de rares moments (le mollasson « Inner Temple » sur Angel's Egg). Gong est un véritable collectif et laisse à chacun une place pour s’exprimer, d’où de fréquentes coupures de morceaux pour des parties solo de synthétiseurs ou de percussions pas désagréables la plupart du temps. « Flying Teapot », morceau à tiroirs (euphémisme pour véritable cirque), en compte quelques-uns, entre passages chamaniques ou hachures rythmiques complexes. Il y a même de la flute, du chant théâtral qu’on trouvera marrant ou grotesque (« the Pot Head Pixies ») et une intro plus épique ou dramatique, celle de mon titre favori, « Zero the Hero and the Witch’s Spell », qui part ensuite sur une rythmique très soutenue avec une basse experte. Une interruption hallucinée de chant spaciaux et une accélération plus tard, on se dit que Gong n’a pas grand-chose à envier aux expérimentateurs en chefs Can les ayant précédé de peu dans la déconstruction musicale savante. 

 

 

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Sorti la même année, Angel’s Egg s’appuie sur des bases similaires mais renforce le coté space rock avec des expérimentations sonores aux synthés donnant l’impression d’une musique venue d’un autre monde (« Castle in the Clouds », « Flute Salad »). Quelques passages doux-dingues (le féérique « Prostitute Poem ») calment la frénésie jubilatoire déployée par Gong sur Flying Teapot, avant que l’excellent « Oily Way » remettent le collectif sur les rails d’un jazz rock entrainant. Percussions asiatiques (« Love is how you make it »), solos de guitares dantesques (« I never Glid before »), Angel’s Egg varie les plaisirs et propose une belle synthèse de l’univers Gongien, à l’image de la redoutable conclusion « Eat that Phonebook Coda » qui, sans oublier les délires textuels, présente une synchronisation chant / saxo / batterie assez incroyable. Puisqu’on parle de batterie, c’est le premier album sur lequel figure Pierre Moerlen (alias Pierre de Strasbourg), dont l’empreinte sur le groupe augmentera assez rapidement. 

 

 

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C’est probablement la raison pour laquelle You, dernier album de la trilogie, bascule déjà dans un rock progressif moins axé sur le fun et finalement plus classique (en témoigne le changement de ton sur la pochette, plus Illuminati que Pixiesienne). D’ailleurs, contrairement aux deux précédents, je n’en avais retenu qu’une faible portion, 3 titres sur les 8 contenus sur le disque original. « Master Builder », très bon rock répétitif et pulsatoire, envoie du lourd coté guitare solo, rivalisant sans conteste avec les maitres 70's du genre. « A Sprinkling of Clouds » s’étale dans un space rock technique où le claviériste balance des boucles semblables à celles testées par les Who sur Who’s Next  deux ans auparavant, puis se transforme en kraut rock mutique. Dernier baroud d’honneur, « A Perfect Mystery » est un joli et court délire, une chansonnette sautillante en forme de salut de David Allen et sa compagne Gilli Smyth, préposée aux voix féminines oniriques et étranges. Les membres originaux de Gong abandonnent en effet le groupe aux musiciens jazz sous la houlette de Pierre Moerlen, pour des albums dont toute trace d’humour disparait et qui lorgnent plutôt vers un autre groupe français mené par un batteur : Magma. Le moment où je me désintéresse des albums de Gong, avant le retour éclatant de David Allen sur un Shapeshifter méconnu encensé en épisodes 110 et 111.

 

 

Réécoute instructive que cette Radio Gnome Trilogy, qui m’aura fait revaloriser le Angel’s Egg au détriment d’un Flying Teapot jusqu’à présent considéré comme mon favori (il faut dire que je ne l’ai pas réécouté depuis longtemps, étant le seul que je n’ai pas encore trouvé en vinyle). L’album de transition entre le psychédélisme et le space rock en croque les meilleures parts, sans toutefois atteindre le niveau du Live Etc…, tant ce genre de groupe est souvent plus fascinant en concert qu’en studio. Ce dont je n’ai malheureusement jamais pu juger…

 

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Commentaires
L
j'écoute encore un album de Hillage avec une super reprise entre autres de hurdy gurdy man
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