Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
22 février 2021

# 137 / 221

137

 

R-10461342-1497905175-9651

 

Lorsque j’étais étudiant à Metz, j’allais régulièrement dans quelques petites boutiques du centre-ville mais aussi à la Fnac, où je ne manquais pas de prendre leur journal musical gratuit. Au même titre que celui du Virgin Megastore, c’était un magazine crédible aux chroniques bien écrites, qui accordait une large part au rayon rock indé et n’hésitais pas de temps en temps à égratigner un album faiblard (ce qui démontrais une certaine indépendance, relative bien sûr, ce dont j’avais parfaitement conscience). J’y ai découvert pas mal de groupes, moi qui était trop désargenté pour un abonnement à un magazine plus officiel, notamment ces Dandy Warhols dont l’album récemment sorti (nous sommes en l’an 2000) récoltait des tombereaux de lauriers. 

Découvrir les Dandy Warhols avec Thirteen Tales from Urban Bohemia, c’était se prendre direct une double baffe. D’abord rencontrer un quatuor ultra cool (sans parler de la bassiste la plus cool du monde après Kim Deal, la plantureuse Zia Mc Cabe), qui sans se prendre la tête déroulait des titres de quelques accords en chantant nonchalamment avec l’air d’en avoir rien à foutre du reste du monde (une attitude qui les conduirait, bien plus tard, à sortir constamment le même disque et à s’attirer les foudres d’un certain nombre de spectateurs insensibles au second degré). Mais c’était surtout savourer l’un des disques rock n roll les plus accrocheurs de la décennie, enchainant sans temps mort les titres irrésistibles quoi que (ou plutôt parce que) redoutablement simples. Thirteen Tales from Urban Bohemia propose d’abord une entame d’album rarement égalée, avec l’enchainement de « Godless » / « Mohammed » / « Nietzsche », aussi efficaces qu’idéalement arrangées. A-t-on vu meilleure utilisation de la trompette sur un album de rock ? On sait que décrocher un tube, alliage délicat et quasi magique de mainstream et d’originalité, dosage subtil de paroles percutantes et de refrains entrainants, est loin d’être une mince affaire. Les Dandy Warhols viennent tranquillement en placer deux sur leur troisième album, « Get Off » et le redoutable « Bohemian Like You », stonien en diable. Pas mal pour des branleurs ! Oh bien sûr, aucune poudre d’inventée, et à peine de sniffée, mais tous les styles abordés assez classiquement le sont d’une manière indéniablement réussie : country, gros rock bien appuyé, alternatif Beckien (« Horse Pills »), ballade onirique (« Sleep »), et même pseudo gospel pour conclure. Pour parfaire et vivifier ces redoutables compositions, la production s’avère parfaite, s’ingéniant à enchainer d’une traite les chansons, ménageant des pauses de sonorités lointaines pour surprendre l’auditeur, jouant sur les contrastes d’ambiance et invitant divers instrumentistes à colorer certaines partitions. On notera aussi l’effort porté sur les secondes voix, qui aussi imparfaites soient elles, contribuent au sentiment que chacun aura travaillé dur pour obtenir le meilleur résultat possible. Pari gagné, et inscription surprise au panthéon des musiciens qui comptent. Il faudra beaucoup d’errements, de redite et d’abandon à la facilité (sans pour autant quitter leur science de la chanson tubesque !) pour que je me résigne à les y décrocher. Le Thirteen Tales from Urban Bohemia reste, lui, comme un indémodable marqueur de cette belle année.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité