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Blinking Lights (and other revelations)
8 mars 2021

# 138 / 221

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Arab Strap a été une découverte majeure pour moi. C’est étrange, car je suis presque plus fan du groupe que de leur musique. Attention, j’aime énormément une majorité de leurs titres, mais il n’y a chez eux pour moi qu’un seul disque majeur, Philophobia, celui-là dont était extrait le « Here we Go » présenté sur la compilation anniversaire des 10 ans de Matador, premier contact avec le groupe sur lequel j’avais immédiatement flashé. Mais la personnalité d’Aidan Moffat et Malcolm Middleton, les histoires qu’ils racontent et leur manière de les raconter, ça c’est unique, et c’est surtout pour cela que je me considère comme un fan d’Arab Strap  alors même que je suis loin de posséder tous leurs disques.

Mon premier emprunt ne fut pas Philophobia mais les deux derniers albums en date lors de l’enregistrement de cette cassette, Elephant Shoe et the Red Thread. A l’époque j’étais un militant du « vrai instrument », assez réactionnaire aux sons electro et autres bidouilles soit disant faciles. Si Radiohead m’avait déjà un peu retourné avec son Kid A (et le fameux « Idioteque »), c’est bien Arab Strap qui me convertira définitivement à la boite à rythme, fut elle aussi intelligemment utilisée.  L’introduction d’Elephant Shoe, « Cherubs », est particulièrement osée sur ce plan, avec un gros beat minimaliste au son très electro. L’association de ces rythmiques avec la guitare mélodique et le chant si particulier donne à l’ensemble une impression d’accablement caractéristique qui m’emporta d’emblée. La marque de fabrique d’Arab Strap, tout du moins sur mes titres favoris, est encore plus palpable sur « One Four Seven One », avec cette piste au tempo rapide donnant la part belle au charley, Aidan Moffat chantant en mode gueule de bois ses relations amoureuses foireuses et Malcolm Middleton apposant à cette sombre poésie ses lumineux arpèges. Ceux qui lisent régulièrement ce blog savent combien je suis sensible aux arpèges, et Malcolm Middleton étant un maitre en la matière, il devint assez vite l’un de mes guitaristes favoris. Lorsque j’entrepris d’enregistrer mes propres chansons en solo, mon objectif était de ressembler à Arab Strap : si j’ai pu composer quelques titres sympathiques, ils n’avaient bien sur rien à voir avec le talent et le style de l’inimitable duo. Quoi qu’il en soit je baptisais mon groupe Hello Darkness, non comme tout le monde le pense en hommage à Simon and Garfunkel mais bien en référence à la splendide « Hello Daylight » d’Elephant Shoe (une de mes chansons préférées). Dernier pilier d’Arab Strap, le chant fatigué d’Aidan Moffat, n’exprimant rien d’autre que lassitude et déceptions permanentes (parfois subtilement aidé de réponses féminines tout aussi blasées, comme sur « Pyjamas »), et ses textes si bien écrits que le sens général, malgré des propos embrumés et un accent écossais à couper au couteau, ne m’échappais que rarement. Ralentissant parfois le tempo et usant si nécessaire de vraie batterie, Arab Strap s’enfonce au milieu d’Elephant Shoe dans une répétitivité glauque, comme si l’automne ou la journée ne devaient jamais prendre fin (« Leave the Day Free »). Si au bout du compte j’avais fini par être lassé, zappant 3 morceaux sur l’enregistrement, impossible de résister au final, « Hello Daylight » dont on a déjà parlé mais aussi « Pro-(your) life », histoire universelle compté avec sobriété et des paroles justes et tristes, accompagnées comme il se doit par la guitare magique de Middleton. De quoi placer Elephant Shoe parmi les plus grandes réussites d’Arab Strap.

 

 

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On ne peut pas forcément en dire autant de the Red Thread, sorti deux ans après. Arab Strap insiste sur ce créneau de plus en plus insaisissable, les morceaux se rallongent, des expérimentations sont tentées avec plus ou moins de bonheur. J’aime le superbe piano d’ « Amor Veneris », mais reste perplexe sur l’ambiance quasi Trip Hop de « Scenery », sauvée cependant par les points forts du groupe déjà décrits précédemment. Mais surtout, the Red Thread contient ce qui s’est imposé, très progressivement, comme mon titre favori d’Arab Strap : « the Long Sea ». Larguant lentement les amarres, sur quelques notes, la chanson nous emmène au large, pour une histoire d’amour impossible. Perdant pied avec la réalité au fil des minutes, l’auditeur s’enfonce dans un rêve nostalgique au son lointain du chant des sirènes, et goute l’amertume d’un regret semble-t-il éternel. La poésie de Moffat et la guitare électrique de Middleton à leur sommet, des frissons croissant à chaque écoute depuis 20 ans.

 

 

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Il est amusant de voir succéder à Arab Strap Coldplay, leur antithèse parfaite. Si Parachutes fut dès sa sortie en 2000 un gros succès, il était impossible de prévoir à son écoute que Coldplay deviendrait l’un des plus gros vendeurs rock de la planète, ni qu’il le resterait pendant 20 ans (au moins, puisque c’est encore le cas aujourd’hui). Les seuls à s’être hissé à ce degré de U2isation, c’est bien sûr Muse (premier album en 1999), mais si j’avais d’emblée émis des doutes sur le côté bien lourdingue des compos de Bellamy et compagnie, j’avais été de prime abord assez séduit par Parachutes. Oh, bien sûr, avec l’air de ne pas y toucher (je m’étais bien gardé d’acheter l’album), avec ce côté snob qui laissait bien entendre que le quatuor Londonien n’était qu’un Radiohead édulcoré relativement doué (ce qui n’est pas entièrement faux, mais n’empêche réellement en rien d’aimer les deux groupes). Je devais cependant reconnaitre que le premier album de Coldplay avait quelque chose, en pesant tout à fait le mot que j’emploie, d’irrésistible : son de guitare cristallin sur base acoustique posée, basse bien présente, chant aérien, piano élégant. Et un sens de la mélodie indéniable, comme le prouve « Yellow », tube trop entendu et pourtant toujours aussi porteur. Et puis il y a ce merveilleux morceau, cette référence du groupe qui amène la pop vers ce qu’elle a de meilleur : « Everything’s not Lost » et ce final qu’on aimerait interminable (on en apprécie donc d’autant plus la version live). Les paroles sont à l’image du groupe : positives. C’est bien d’ailleurs ce que beaucoup leur ont reproché, d’être trop gentils, en oubliant qu’être gentil n’est pas forcément être niais (ce que, à mon avis, ne sont pas les titres de Parachutes). Bref, à l’écoute de « Don’t Panic » ou « We Never Change », je me dis que l’album pourrais très bien figurer dans mes étagères à côté du Live 2003 que je n’avais pas résisté à acquérir, sorte de best of du Parachutes et de son successeur A Rush of Blood to the Head que nous retrouverons dans quelques épisodes.

 

 

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