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Blinking Lights (and other revelations)
15 mars 2021

# 139 / 221

139

 

S’il y a une face de cassette que je craignais dans la liste, c’est bien la première de cet épisode 139 : l’enregistrement d’une session de répétition avec mon dernier groupe de l’Ecole d’Ingénieurs. Nous sommes en 2001,  un projet de fin d’Etudes de 6 mois clôture deux années globalement passées à m’ennuyer en cours, boire de l’alcool, participer à dix mille activités avec les copains de Metz, écouter de la musique et jouer de la guitare. Certains ont eu la chance de faire ce projet à l’étranger (ce qui a d’ailleurs mis fin à mon précédent groupe de reprises métal), je suis coincé à l’école sur un truc dont je ne me rappelle même plus, bref, c’est la glande (on passait par exemple pas mal de temps à regarder ce nouveau concept d’émission télé, Loft Story). Je récupère la paire rythmique d’un autre groupe, Loic et Ponpon, dans le but de faire un truc de reprises sans prétention pour s’amuser. Il y a aussi Sophie, une petite gonzesse qui sortait d’on ne sait où, sans doute de la fac de lettres d’en face (90 % de mecs chez nous, 90% de filles là-bas, y avait beaucoup de connexions entre les deux écoles). On avait déjà eu une guitariste dans mon premier groupe, elle était tombé amoureuse du batteur ça avait foutu le brin mais pas grave, avoir une chanteuse c’était un gage d’originalité certaine. Sophie n’était d’ailleurs pas dans le groupe par hasard, mais dans ma grande naïveté je ne m’en suis rendu compte que trop tard, lorsque invité sous je ne sais quel prétexte dans sa chambrette estudiantine il parut évident même pour un balourd comme moi qu’elle avait autre chose à me proposer que discuter du dernier album de Radiohead. Mon principe de ne sortir qu’avec des filles dont j’étais réellement amoureux - principe dont je ne sais toujours pas aujourd’hui s’il fit de moi un gars bien ou un grand couillon - me fit passer un moment fort délicat (je ne me souviens plus comment je m’étais sorti de ce mauvais pas). Heureusement la chanteuse resta dans le groupe et se consola avec Loic le bassiste. Elle était toute petite et il était très grand, ils avaient 35 cm de différence, et voilà vous avez compris d’où vient le stupide nom du groupe, CM 35.

Notre setlist était composé des titres relativement fun les plus faciles possible (quatre accords maximum), chacun ayant apporté quelques idées. J’avais proposé « Gouge Away » et « Where is my Mind ? », tant il est vrai que les Pixies sont du pain béni pour tout groupe débutant : hyper facile à mettre en place et toujours jouissifs à jouer. C’est d’ailleurs sans débat les deux titres qui passent le mieux de la répète, sur ce qu’on peut en juger, le son étant en effet assez catastrophique, la batterie prenant le pas sur à peu près tout. Le son de basse est pas mal et Loic reste sur une partition simple donc ça passe plutôt bien, de même que mon son et mon jeu (facile) de guitare, même si on sent que j’aime bien jouer du contraste entre saturation et son clair en tâtant de la pédale switch régulièrement (rock alternatif oblige). Pour Ponpon le batteur c’est plus laborieux, ça foire dès qu’il veut faire un peu de fioritures et il aime beaucoup trop sa cloche (qu’est-ce que c’est moche !). Quant à notre chanteuse elle est à la rue sur pas mal de titres (n’est pas Alanis Morissette qui veut), mais propose quelques beaux beuglements sur les Pixies et une partition pas évidente sur « What’s Up ». Quelques accélérations marrantes sur « Jeune et Con » et « One of us » jouée à fond les ballons (c’est pas terrible), « All the Small Things » de Blink 182 assez sympa et le « Canonball » des Breeders martyrisé complétaient notre set. Combien de fois l’avons-nous joué live, si c’est arrivé ? je ne m’en souviens plus, de même que la manière dont tout ceci s’est terminé, notre dernière répète dans cet algeco douillet derrière l’école. Ça n’avait plus trop d’importance, à l’époque je crevais d’envie de rentrer dans ce qu’on m’indiquait comme la vraie vie. J’avais 25 ans, et ce serait bientôt chose faite. 

Après la répétition de CM 35, il y a sur la cassette une session d’enregistrement de chants de Taizé par Mélaine et sa sœur. Juste quelques mesures d’une vingtaine de chants, à capella et à deux voix. Je ne sais plus du tout pourquoi on avait enregistré ça. J’ai rencontré Mélaine à Taizé en Mai 2001, c’est une belle histoire que mes amis connaissent. Taizé est un lieu qui a eu beaucoup d’importance pour moi, depuis le collège, mais c’est un lieu pour les jeunes, je n’y suis plus retourné depuis longtemps. Cela fait 20 ans que je suis avec Mélaine, c’est l’âge de ces cassettes. Celle-ci est la dernière de mon adolescence. 

 

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S’il y a une face de cassette que je craignais dans la liste, c’est bien la deuxième de cet épisode 139 : l’enregistrement d’une petite moitié du Live Le Tour de M. Que fait-il là, pourquoi l’avais-je emprunté, quelqu’un me l’avait il prêté ? A la différence du Saez rencontré il y a peu, je ne m’en souviens plus du tout. Il y a un sentiment ambivalent étrange à la réécoute de cette cassette, un partage entre attirance envers l’indéniable talent du musicien et rejet du personnage consensuel et irritant, le tout saupoudré d’un snobisme qu’on a du mal à estimer. J’avais eu un peu la même sensation en voyant -M- en concert aux Eurockéennes en 2004, mais m’étais finalement laissé porter par le spectacle et surtout le formidable enthousiasme d’un public très sympathique. Seul chez soi, alors qu’on admire le guitariste sur « le blues de Soustons » ou les divers solos émaillant ses chansons (le tube « Je dis Aime » dans une version orientalisée pas mal vue) et qu’on soupire à la voix et surtout aux interventions maniérées du chanteur, c’est finalement cet aspect festif savouré en live qui nous laissera de coté sur notre canapé. Ainsi donc des funky « le souvenir du Futur » ou pire, des 14 minutes d’un « Machistador » s’étalant en instrus et interventions, de la music box jusqu’aux scratchs. Coté reprise, « Au suivant » de Brel, honorable, semble peu adapté au cirque ambiant tandis que le « Close to Me » des Cure, beaucoup plus raccord sur le papier, échoue dans une version punk et paroles réécrites en français pas très réussie. C’est dans la sobriété que vont se nicher les beaux moments du live, les arpèges et l’ambiance cotonneuse de « Faut Oublier » ou l’acoustique « Mec Hamac » rehaussé du violoncelle de Vincent Segal. –M- cartonnera encore quelques années avant de se diluer en projets collaboratifs divers en plus de quelques albums sous son pseudonyme automatiquement suivis du live de la tournée associée. Quant à son succès aujourd’hui et son actualité musicale, je serais bien en peine de les juger, cela fait des années que je n’ai pas entendu parler de lui… 

 

 

 

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