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Blinking Lights (and other revelations)
23 mars 2021

Hors Série #07 - SAULCY SON - the Fuck i Loose my Feet Sessions

HS7 a

 

A l’épisode précédent, j’ai chroniqué l’enregistrement de mon 3eme groupe de l’ENIM, Cm35. Il se trouve que je possède aussi une cassette de répète pour mes deux autres groupes, et tant qu’à faire passons les maintenant avant de clôturer définitivement ce chapitre de ma vie musicale peut être peu glorieux mais réjouissant à plus d’un titre pour le jeune aspirant guitariste que j’étais. Songez donc qu’après 5 ans à gratouiller seul dans mon coin et à m’entrainer comme un malade sur des partitions dénichées sur internet, j’avais l’occasion d’atteindre mon Graal : jouer dans un groupe, voire carrément monter sur scène ! C’est ce que je compris assez vite en intégrant enfin mon école à Metz début 2000, après un stage en entreprise de 6 mois passé à Annecy. Je m’inscrivais aussitôt au club musique et faisait savoir que je cherchais un batteur. Par un coup de bol extraordinaire, je fus mis en relation avec un élève de 3eme année (un an en dessous de moi, donc), Vincent, qui se révélera être le meilleur batteur de l’école. Cela s’entend assez vite sur la cassette, notamment sur l’intro improvisée qui l’ouvre : il est très bon. En l’absence d’idée plus valable, je balançais à l’inscription en guise de nom de groupe un jeu de mot foireux trouvé à l’instant : Saulcy Son, puisque notre école était située sur l’Ile du Saulcy. Une bien mauvaise idée puisque le nom fut gravé dans le marbre et que notre formation se retrouva affublée d’un ridicule patronyme qui lui ôtait d’emblée toute chance de succès, si tant est que nous fussions doués (spoil : non). Lors d’une Boum ENIM (soirée qui avait lieu sous un chapiteau au pied de l’école tous les mercredi soir, qui coutait que dalle autant en entrée qu’en alcool et où régnait une ambiance du tonnerre), Vincent fit la connaissance d’Aurélie, guitariste qu’il recruta aussitôt, et surtout de sa copine, une très jolie blonde avec qui il eut une aventure qui ne se termina pas très bien.

 

Mais bref, on avait une nana dans Saulcy Son, la classe. Dans les tout premiers temps il y avait aussi un claviériste, un collègue de promo tout malingre extrêmement bon musicien, puisqu’il était organiste de haut niveau et avait joué un peu partout en France et en Europe, mais qui quitta le groupe suite à notre première scène où il fut incapable de jouer la moindre note, paralysé par le stress. Un paradoxe qui souligne bien la différence mainte fois constatée entre les musiciens de formation et ceux qui apprennent sur le tas, dans mon genre. Je me rappelle que la setlist avait débuté par « the Bends », pas trop mal interprétée sur cette cassette (surtout que ce n’est pas la plus simple de Radiohead), puis par « Thru the Eyes of Ruby », une chanson des Smashing Pumpkins abandonnée par la suite car elle gonflait Vincent. Radiohead, Pixies, Smashing Pumpkins, Eels, on voit tout de suite que c’est moi qui avais imposé la liste des chansons à reprendre. Vincent s’était aligné de plus ou moins mauvaise grâce (on l’entend sur la répète où il savonne certains titres par des impros insensées, comme la pourtant simplissime « Creep »), de toutes manières j’étais absolument incapable de jouer les morceaux des groupes de rock ou prog 70’s qu’il affectionnait. Dans la plus pure tradition rock n’ roll machiste, Aurélie n’avait rien à dire et suivait le mouvement tant bien que mal (tout juste avait-elle inséré « Californication » des Red Hot dans la setlist). On l’entend bien dans la répète, il y avait peu de mise en place dans le groupe : je lançais le mouvement comme si j’étais seul, et les autres s’adaptaient, ou non. Du coup il y a pas mal de massacre, « Tame » et « d = r x t » des Pixies, trop rapides, sont pas bien calées, de même qu’un « Cherub Rock » rythmiquement pas facile (en plus de certains titres enregistrés alors que Vincent doit s'interrompre régulièrement pour réparer la pédale de grosse caisse, d'où le titre de la cassette). Dans le lot, beaucoup d’impros assez marrantes, des Jam bluesy classiques ou un « Today » assez personnel essentiellement composé de solo de batterie.  La reprise la plus réussie est celle de « La Bombe Humaine » de Téléphone, bien calée, deux voix et deux guitares (les arpèges sont assez bons, sans doute étaient-ils fait par Aurélie) et une interprétation bien intense. Mon chant éraillé à la Dan Mc Cafferty  était un peu quitte ou double, très faux sur certains titres et dans la juste énergie sur d’autres. Celui d’Aurélie, même si quasiment toujours faux, offrait un contrepoint timide et intéressant quand elle en avait l’occasion. Autres titres pas mauvais, le « Knockin’ on Heaven’s Door » inspiré des Guns avec passage reggae et solos de guitare (mais pas ceux de Slash, des trucs beaucoup plus laborieux), l’instrumental « My Book » (connu comme générique de 30 Millions d’Amis) ou l’éternel « I Like Birds » de Eels, toujours fun  avec ses 3 accords et son refrain sympathique. Une poignée de chansons susceptibles de faire un petit set en début de soirée, avant des groupes plus solides et reconnus au sein des étudiants. On a du faire 2 ou 3 concerts et répété un petit semestre avant que l’aventure Saulcy Son ne s’achève. Vincent avait largué sa blonde parce qu’il s’ennuyait avec elle (le con), Aurélie avait tenté le coup mais il n’était pas intéressé - faut dire qu’elle était vraiment bizarre - et on avait arrêté les frais. Evidemment, au moment de former un autre groupe, j’avais immédiatement demandé à Vincent de prendre les fûts. Aurélie l ‘avait extrêmement mal pris, mais qu’importe. De toutes manières nous avions changé radicalement de style : Exit Saulcy Son, place à FORK !

 

HS7 b

 

La fin de la cassette (nommée My Own Guitar), est constituée de titres enregistrés en solo. Il y a d’abord une reprise de « Street Spirit (fade out) », l’une des chansons que je jouais le plus souvent à l’époque. L’interprétation est correcte, en revanche le chant est assez faux et surtout la voix très désagréable : il fallait des couilles ou de l’inconscience pour l’interpréter à la Fête de la Musique, mais j’ai dû casser les oreilles de pas mal de monde ! Même constat avec « Tonight Tonight », comprenant deux de mes marottes de l’époque, les medleys (ici avec une autre de mes favorites des Pumpkins, « Age of Innocence ») et les accélérations en fin de morceau. Passage à l’éléctrique pour une interprétation libre de « Yes ! I am a Long Way from Home » de Mogwai, groupe que je découvrais avec ravissement cette année-là, qui montre à la fois une certaine imagination et un manque total de sens du rythme  (putain 8 minutes faut se les fader).

Viennent ensuite trois compositions : « Hate Car Song » est une toute première version de ce qui deviendra plus tard « Hello Héloïse », premier titre du premier album d’Hello Darkness : marrant de retrouver ce brouillon avec juste le riff principal en commun accompagnés de développements laborieux heureusement supprimés par la suite. « Suck Me Emily », outre son titre discutable, est une jolie ballade mélancolique en arpèges assez répétitive mais qui a le mérite d’être courte : sans doute le seul extrait sauvable de cette cassette. Et pour finir un instru blues rock assez peu intéressant mais doté, fait exceptionnel ici, d’un peu de groove. La confrontation avec mes débuts est assez difficile, mes voisins de résidence universitaire ont dû me haïr quand même ! Mais on peut aussi y voir l’émancipation d’un passionné qui se démerde avec ce qu’il a, c’est-à-dire pas grand-chose. Et pour être franc, je m’attends à pire pour le prochain épisode…

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Commentaires
P
Ou sont les extraits musicaux???
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