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Blinking Lights (and other revelations)
17 juin 2021

Juin 21: IT IT ANITA, BLACK COUNTRY NEW ROAD, ALICE COOPER

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IT IT ANITA - Sauvé

 

Avec Laurent, leur 3eme album, It It Anita marquaient la décennie 10’s d’un coup de poing inattendu. On craignait forcément une baisse de régime pour le successeur, mais il n’en est rien : les Belges continuent sur la lancée d’un hardcore bien bourrin tout en matraquage de batterie et refrains hurlés, avec une bonne dose de guitares dissonantes en plus. Le début de Sauvé ne laisse que peu de répit à l’auditeur, avant que le groupe n’intègre progressivement quelques passages plus posés, prétextes à des redémarrages explosifs dans la plus pure tradition du rock indé, voire du grunge, de mon adolescence. Au final, on pense régulièrement à Sonic Youth, piste esquissée sur Laurent mais qui est ici assez flagrante, du démarrage mélodique de « Authority » au développement final de « Routine », titre donnant sur plus de 6 minutes un bel aperçu du talent du quatuor, dans la construction et la mise en place de leurs morceaux. Entre montées en tension répétitives et respirations mélodiques, Sauvé est une franche réussite qui se paie le luxe d’un tube punk marrant qu’on a hâte de se manger dans la face en salle de concert (« Cucaracha »). L’instrumental « 53 »  clôturant l’album dans un déluge noisy pulvérise les derniers doutes : It It Anita est plus que jamais debout et puissant, prêt à en découdre après une période aussi tristoune que cette pochette délavée (1).

 

(1)    Esquisse du château de Laval, où l’album a été enregistré, réalisé par un tatoueur qui l’a reproduite sur la peau de chacun des membres du groupe (les tarés).

 

 

 

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BLACK COUNTRY, NEW ROAD - For the first Time

 

La tendance est au mélange des genres improbables, mais derrière la diversité des styles se cache souvent une grande disparité dans la qualité des morceaux (1). Il m’a fallu un bon moment pour apprivoiser For the First Time, premier album de Black Country New Road, nouveau chouchou de la scène Post Punk anglaise, tant le groupe s’écarte de ses prétendues affiliations pour aller aussi bien chercher du côté de la musique orientale ou yiddish que du post rock d’Explosions in the Sky ou du krautrock hypnotique de Can. Le résultat n’est donc pas immédiatement accessible, mais séduit par son intelligence et sa maitrise : aucune esbroufe ou constructions hasardeuses dans ces expérimentations, les titres sautent d’ambiance de façon aussi surprenante que fluide. Cuivres acides, batterie faramineuse, guitares à l’aise dans les riffs répétés en son clair comme dans les saillies noise, Black Country New Road balance des idées en rafale sur les 6 longs titres du disque, harponnant l’auditeur un peu plus à chaque écoute supplémentaire. Pas d’ennui possible dans cet album qui nous trimballe entre fête et déprime, entre apaisement et angoisse, et qui laisse sa science servir ces diverses émotions plutôt qu’un ego démonstratif et vain. Enfin un buzz solide et novateur.

 

(1)    C’est notamment ce que j’ai pensé du Bright Green Field de Squid, qui balance quelques titres d’anthologie au milieu d’un remplissage foutraque et dispensable.

 

 

 

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ALICE COOPER - Detroit Stories

 

Après l’excellente surprise que constituait l’album Paranormal, Alice Cooper remet le couvert avec le producteur fétiche Bob Ezrin pour un nouveau concept album sur sa ville d’origine : Detroit Stories. Loin du trompe l’œil attrape fan comme pu l’être Welcome 2 my Nightmare, cet album est un vrai hommage de connaisseur et d’amoureux de cette ville de Metal, Alice Cooper s’adjoignant pour l’occasion les services de cadors du coin, notamment le guitariste Wayne Kramer du MC5 (honoré comme il se doit par la reprise de « Sister Anne »). Dès l’introductif « Rock & Roll », à peine hardisé par la bande, l’ambition d’Alice Cooper s’affiche sans prétention : faire classique et efficace. Et la promesse sera tenue sur quasiment chaque morceau, jusqu’à « East Side Story », nouvelle reprise de Bob Seger pour boucler la ceinture cloutée, dont on peut dire, devinez quoi, qu’elle est classique et efficace. Pour varier le plaisir d’un hard rock 80’s diablement bien exécuté par celui qui fut le pape du genre et ses troupes de luxe, le Coop tient à nous rappeler que Detroit fut aussi la patrie du Motown avec un Rythm N’Blues plein d’humour, de cuivres, de chœurs féminins (« $1000 High Heel Shoes »), se faisant déplumer avec délectation par une diabolique séductrice. Autres personnages hauts en couleurs, inspirés pour certains de gens réellement croisées à Détroit ce qui rend cette fresque industrielle d’autant plus réelle, l’« Independance Dave » déconnecté de la réalité ou les amoureux sous les ponts du pur blues « Drunk and in Love ». Alice Cooper excelle à brouiller les pistes, Cupidon frappant un paumé alcoolique, la pop guillerette façon School’s Out de « Our Love will Change the World » cachant un cynisme moderne, ou le défouloir « I Hate you » servant d’hymne à l’amitié à ses potes de toujours. Quelle chanson géniale que ce rock typique du style du Alice Cooper Band où ses membres originaux viennent s’invectiver à coup de punchlines hilarantes, jusqu’à reprocher ensemble à Glenn Buxton de les avoir abandonnés pour cause de mort prématurée. Ce second degré a toujours emporté mon adhésion et placé Alice Cooper au-dessus de tous ses concurrents, tant cette qualité est rare chez les stars du rock. On y ajoutera la sincérité, celle qui légitime « Hanging On By A Thread (Don't Give Up) », encouragement aux jeunes à tenir bon malgré la pandémie, démagogisme chez certains mais certainement pas pour celui qui connut la Quiet Room, l’isolement et la tentation du suicide si bien décrits dans le mésestimé From the Inside. Sincérité transpirant tout au long d’un album, peut-être trop long et sans trop de surprises, mais avant tout très réussi et plaisant à écouter.

 

 

 

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