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Blinking Lights (and other revelations)
4 mars 2022

IDLES - Mercredi 02 Mars 2022 - Le Transbordeur - LYON

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Repoussée plusieurs fois, la venue d’Idles au Transbordeur fut finalement confirmée en ce début Mars à la faveur de la disparition progressive et on l’espère définitive du Covid de nos vies, le hasard faisant qu’elle tomba pour moi dans ce qu’on ne peut appeler autrement qu’une belle semaine de merde. Fatigue et tension allaient-elles s’évaporer grâce à ce concert défouloir ou au contraire me gâcher la fête, je n’en avais aucune certitude au moment de franchir la porte du Transbo aux environs de 20h, après avoir laissé les enfants sous la bonne garde de mes beaux-parents (qui écoutèrent amusés les recommandations de ma petite dernière à ne pas trop boire de bière….)

 

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Me voici affublé d’une pinte dans les gradins au moment de l’entrée sur scène de Bambara, deuxième première partie (on a loupé Witch Fever, vraiment trop tôt).C’est un quintet de jeunes New Yorkais que je ne connais pas, balançant ce qui ressemble fortement à du post punk actuel mais qui se distingue par une originalité qui viendra me titiller après un premier titre de mise en place : une guitare au son bluesy et une rythmique surf rock, un peu comme si Howe Gelb était venu faire un featuring chez Idles. Je suis séduit sur les titres suivants, mais cette ambiance qui sort Bambara du lot est contre balancée par un chanteur qui, tout charismatique qu’il est, n’en déblatère pas moins un spoken chant hasardeux, comme craché entre deux respirations éthyliques, qu’on a énormément entendu ces dernières années depuis Protomartyr. Le set reste bon, l’excellent batteur assure le show, on observe avec plaisir mais l’affaire tourne un peu en rond à la longue : Bambara ne me baffe pas mais me donne quand même envie de creuser une discographie relativement importante, à commencer par leur EP nouvellement sorti, Love on my Mind.

 

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Il est temps de se placer dans la fosse, en prévision de son remplissage rapide, l’affluence déjà belle pour Bambara ne pouvant que décupler pour un show ultra complet où peu de spectateurs sont venus pour assister passivement de loin à la démonstration d’Idles. Je patiente en lisant le fil messenger de l’AF Gang Lyonnais, peu de membres mais chauds comme la braise pour ce concert, et en écoutant quelques conversations marrantes autour de moi, dont les bons conseils d’une demoiselle à une autre pour aller aux toilettes rapidos, parce que « le pipi est toujours vainqueur ». D’ailleurs ma pinte commence à peser mais merde, on est à 5 mn du début des hostilités et je suis maintenant cerné de toute part, un aller-retour semble compromis. Voici que les lumières s’éteignent et la grosse basse saturée de « Colossus », morceau d’ouverture idéale avec sa mise en tension très progressive, couvre les cris de joie du public. Un début de set placé sous le signe de cette tension lourde, avec des titres comme « Car Crash » ou « Mr Motivator », qui se lâche quand même dans ses refrains. Paroxysme sur « Grounds », l’un des rares titres d’Idles que je n’aime pas du tout, j’en profite pour aller aux chiottes (la demoiselle avait sacrément raison évidemment). Le tonitruant « Mother » me donne l’occasion de bourriner sans complexes pour rejoindre les avants postes où ça pogotte joyeusement, même si je ne peux m’empêcher de remarquer que c’est avec une énergie bien plus importante quand c’est des titres des deux premiers albums, très bien représentés dans la setlist ce soir. Les fans autour de moi beuglent cependant indifféremment les refrains de chacune des chansons, preuve d’un attachement jamais démenti au groupe que Joe Talbot prendra soin de souligner en remerciant le public pour son soutien indéfectible pendant la sombre période pour la culture que nous venons de vivre.

 

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C’est un fait, Idles s’est considérablement assagi depuis son dernier passage à Lyon. Eparpillant des morceaux plus calmes dans la setlist, faisant régulièrement des pauses pour dialoguer avec le public, le groupe assure le spectacle mais, loin de la démonstration explosive et bordélique de leur passage au TINALS et de celle, peut-être un peu plus rodée, de l’exceptionnel concert à l’Epicerie Moderne en 2018, donne une impression de contrôle absolu. Exemple parlant, Joe Talbot s’excusant d’avoir été agressif parce qu’il a, quelques chansons auparavant, insulté entre ses dents un spectateur qui lui avait balancé un verre à la gueule et qui, selon moi, aurait amplement mérité un coup de genou dans les roubignolles pour lui apprendre le respect. Bref, j’aurais passé facilement tout le concert dans la lessiveuse humaine des premiers rangs, essayant d’oublier que l’on se bouscule en troupe et qu’on gueule « War » (meilleur titre d’Ultra Mono) pour s’amuser, ne risquant que quelques bleus là où, à quelques centaines de kilomètres, la guerre a débuté pour de vrai, avec sa menace mortelle omniprésente et son décompte victimaire déjà bien entamé. Le speech du chanteur, dédicaçant « Danny Nedelko » (1) (meilleur titre de Joy as an Act of Resistance) à ceux qui ont fait de nos pays respectifs un lieu où l’on vit en paix, aurait pu être cucul mais était en fait, dans ces circonstances, bougrement émouvant et salué comme il se doit par une foule jetant ses dernières forces dans le joyeux bordel de corps suants dont je faisais partie. Entre temps, nous avions eu droit à une belle série de morceaux épiques, Idles montrant régulièrement sa capacité à les renforcer et les prolonger pour l’exercice scénique, avec par exemple comme extraits de choix « Divide and Conquer », « Crawl ! » ou « Television » (la setlist avait sacrément de la gueule). Et puis il y eut l’épisode crétin de « 1049 Gotho » (meilleur titre de Brutalism) où, dans un réflexe pavlovien, et martyrisant pour se faire deux pauvres spectateurs qui n’avaient rien demandé et que j’escaladais laborieusement, je slammais quelques minutes alors que je m’étais promis de surtout ne pas le faire, mes poches étant pleines de choses assez cruciales telles que portefeuille ou clefs de bagnole. Après avoir atteint le bord de scène et regagné le public par un couloir et une porte dédié (sous contrôle, vous disais-je), je me rendais compte que j’avais évidemment perdu mon téléphone, ce qui aurait pu sérieusement me gâcher le reste de la soirée si, regagnant le cœur de fosse, je n’avais marché sur un truc que je saisissais sans trop d’espoir avant de me rendre compte que c’était effectivement mon portable, intact mais valorisé à mes yeux par le piétinage en règle de l’ensemble de l’AF Gang Lyonnais (2).

 

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Toutes les bonnes choses ayant une fin, c’est sur le classique « Rottweiler » et son final d’anthologie porté par un batteur en ébullition qu’Idles tirait sa révérence, prenant le temps de nous remercier et nous saluer mais, comme ils en ont l’habitude, ne revenant pas pour un rappel. Je suis complètement en nage et assez crevé mais ne m’attarde pas trop, espérant croiser le bon groupe de potes présent ce soir que je n’ai toujours pas vu. J’aperçois en premier lieu Ninie et son copain Jean-Michel, chope in extremis une binouze, boude le dispendieux merchandising et retrouve Julien, Fred et Mario devant l’entrée de la salle. Julien a le sourire d’un gars qui sort de 2 ans d’abstinence scénique, Mario rayonne de son toujours si agréable enthousiasme. Il a assisté au concert de L’Elysée Montmartre la veille et l’a trouvé assez différent, plus punchy dans l’intention, mais a aimé les deux également. Les potes ont fort bien profité  du concert mais plus paisiblement, à la limite des gradins : difficile d’estimer si j’aurais avec eux plus savouré la musique (dans le rouleau compresseur on voit mal et on se concentre autant sur les bousculades que sur le son) ou au contraire si je me serais un peu ennuyé. Ce que je peux dire en tout cas c’est, qu’à cet instant précis, mes soucis s’étaient envolés. Idles, assagis ou non, restent des putains de performers, et un groupe à ne pas manquer. On prolongerait bien la discussion mais ça pèle (mon T shirt est trempé et j’ai laissé mon blouson dans la caisse), et chacun a ses impératifs. De mon côté, il faudrait songer à libérer mes baby sitters…

 

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PS : mes baskets sont entièrement recouvertes d’une pellicule de crasse et de bière accumulée pendant plus d’une heure de savatage en règle par l’AF Gang Lyonnais. Je suis donc accompagné toute la journée par l’odeur de la fosse du Transbo, je trouve ça bien cool mais j’espère que ça n’arrive pas aux narines de mes collègues de boulot. 

 

(1)    Nedelko, pote d’Idles et membre du groupe Heavy Lungs, est d’origine Ukrainienne 

(2)    Mésaventure d’autant plus stupide qu’il m’était quasiment arrivé la même chose à l’Epicerie Moderne sur la même chanson, comme me le rappela la lecture de mon article de l’époque avant la rédaction de celui-ci. Bref, cette fois promis juré on ne m’y reprendra plus. 

  

Setlist : Colossus - Car Crash - Mr. Motivator – Grounds – Mother - The New Sensation – Samaritans - Divide and Conquer - The Beachland Ballroom - Never Fight a Man With a Perm - Crawl! - 1049 Gotho - The Wheel – Television - A Hymn – War - I'm Scum – Reigns - Danny Nedelko - Rottweiler

 

Photos: 1 et 2 => Moi. 3, 4, 7 et 8 => Bente van der Zalm. 5 et 6 => Brice Robert.

 

 

 

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