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Blinking Lights (and other revelations)
10 mars 2022

# 161 / 221

 

161

 

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Si je n’ai pas immédiatement adhéré à la totalité de Philophobia, comme le prouve cet enregistrement partiel sur cassette, je l’ai quand même bien vite réévalué et racheté en CD jusqu’à en faire l’un de mes albums fétiches. Arab Strap m’aura fait accepter sans problème la boite à rythme et le spoken word, et même la poésie dans la musique que je ne supporte qu’exceptionnellement. Il faut croire que le glauque m’a toujours attiré, et le duo écossais est un maitre en la matière, marquant les silences entre deux coup de batterie au tempo hyper lent, à peine perturbé par quelques notes de guitare ou de piano. On entendrait tomber la pluie, de celle qui transforme les après-midi en attente interminable, ces heures ralenties jusqu’à la prochaine cuite, jusqu’à la prochaine fête sans joie. C’est la qualité unique de ces musiciens de sculpter l’ennui d’une telle manière, de décrire les conneries qu’on peut faire pour le tromper, du mépris ou de la culpabilité qui en résulte. « Afterwards », quel refrain, quel dialogue glacial entre Aidan Moffat et Adele Bethel ! Et puis l’orage éclate parfois au milieu de la chanson, tonnerre ou bagarre qui se prolonge en post rock addictif, de plus en plus intense, de plus en plus violent (« New Birds »). Sans compter les arpèges de Malcolm Middleton, qui avec son air de ne pas y toucher est l’un des meilleurs guitaristes que Matador ait compté dans ses rangs (« Not Quite a Yes », à jamais l’un de mes morceaux favoris des 90’s). Philophobia c’est le tunnel sans la lumière au bout, la promesse d’une éternité covidée, la pluie battante sur un buffet de mariage printanier, la rupture abrupte et poisseuse à la fin d’un séjour trop court. C’est la beauté sombre, parfaite de bout en bout. Un chef d’œuvre.

 

 

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Entre les CDs achetés et les différents emprunts à la médiathèque, j’étais quasiment à jour sur la discographie d’Iggy Pop, aussi cela faisait environ 100 épisodes qu’on n’avait plus parlé de lui. Après Brick by Brick et American Caesar, deux disques que j’aime beaucoup, était paru en 1995 Naughty Little Doggie, de l’avis général l’un de ses pires albums, aussi l’avais-je superbement ignoré. Mais en 1999, branle-bas de combat, émoi dans la presse, l’iguane se serait renouvelé et flirterait avec ses cultes débuts en solo : Avenue B est, dans mon souvenir, présenté comme un chef d’œuvre. Curieux, je l’empruntais donc et n’en retenait que les deux tiers et la vague idée en arrière-plan mémoriel que c’était effectivement un bon album. La réécoute est assez cruelle : entre dialogues sur nappes de synthés, easy listening sympatoche conviant orgue et percus latinos (« Avenue B »), vieux classique en roue libre tombant comme un cheveu sur la soupe (« Shakin’ All Over »), rien d’affreux mais pas non plus de quoi crier au génie. Avenue B préfigure les navrants albums récents de l’ex parrain du punk, avec ces improbables reprises de standards français. D’ailleurs, n’eut été son titre marquant et ce chant grave fascinant, « Nazi Girlfriend » aurait fort bien pu être composé par Jean Jacques Goldman et personne ne se serait extasié. Reste un « Long Distance » intriguant, dépouillé et presque Radioheadien dans le traitement. Au final, Avenue B est un disque survendu qui n’aura laissé de traces dans la discographie d’Iggy Pop que parce qu’il est entouré de beaucoup d’albums tout pourris.

 

 

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