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Blinking Lights (and other revelations)
6 octobre 2022

COME - Mardi 04 Octobre 2022 - Le Sonic - LYON

  

Il a suffi que les Smashing Pumpkins sortent un single pour que le débat reprenne sur Le Golb : les années 90, éternel marqueur de mon adolescence et donc de ce blog, leur importance dans la longue histoire du rock, leur résonnance sur les groupes d’aujourd’hui, le profil du public de ces vieux groupes qui jouent la musique de notre jeunesse (et inversement)… J’avoue n’avoir aucune certitude sur ces questionnements, je suis toujours surpris et enchanté de voir des jeunes reprendre le flambeau sur les scènes lyonnaises, sans savoir s’il y a là un revival général ou si je fréquente juste, du fait de mes gouts, un microcosme déconnecté de la réalité musicale de la génération qui a l’âge que j’avais quand tout le monde écoutait Nirvana. Et ce n’est pas cette soirée au Sonic qui m’apportera quelques éléments de réponses, tellement, sur scène comme en fosse, la séparation entre vieux nostalgiques et jeunes (1) passionnés était nette. Le fameux cycle de 20 ans constaté à l’écoute de mes vieilles cassettes ?

 

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Ma rencontre avec Eleven : Eleven y figure, en épisode 116, elle suivait la découverte de Come sur la séminale compilation What’s Up Matador, sortie en 1997, compilation qui se rappelait doublement à ma mémoire tant la première partie qui se présentait sur scène à l’instant où je pénétrais dans la péniche du Sonic aurait pu y figurer. Je connaissais juste le nom de ce quatuor local assez actif actuellement, pour être l’un des patronymes les plus ridicules de la scène lyonnaise (qui n’en manque pas). Mais c’est là bien le principal défaut de T-Shirt, tant la musique qu’il interprète sera convaincante et adaptée à la tête d’affiche, Thalia Zedek faisant une apparition dans le fond du public et les félicitant par la suite plusieurs fois sur scène. T-Shirt propose un condensé du son rock indé 90’s, avec des (grands) écarts fréquents vers le hardcore ou le slowcore façon Low. Portées par un redoutable batteur, les compositions alternent entre rage et fragilité et emportent régulièrement, même s’il faut bien reconnaitre que le duo mixte de chanteurs pousse parfois un peu loin le principe selon lequel il ne sert à rien de chanter juste pour ce style de musique. Je n’ai pas eu l’occasion de discuter avec eux, ce qui aurait peut-être pu éclairer un peu mes interrogations quant à leurs influences, et les gouts musicaux d’une classe d’âge étudiante que je ne fréquente plus du tout. Ce n’est certainement que partie remise, en attendant je repartirais avec le vinyle de leur album Aggravator 2 sous le bras.

 

30 ans auparavant, et sous la même forme quatuor (deux guitares - batterie – basse), Come sortait leur premier album alors que votre serviteur balbutiait ses premiers pas musicaux au son des Guns N Roses. C’est donc bien après, avec des oreilles affutées par l’écoute intensive de rock indé, rock alternatif et autre post rock, alors que le 4eme et ultime disque des Bostoniens était sur le point de paraitre, que Eleven : Eleven deviendrait une référence pour moi. De celle qu’on écoute très régulièrement sans pour autant savoir en citer les titres, voire les différentier pour beaucoup : juste un bloc de saturation et de fureur que Come ne reproduira plus, malgré les qualités de leur second album Don’t Ask Don’t Tell, partageant avec son illustre prédécesseur la quasi-totalité de la setlist de ce concert pour mon plus grand plaisir. Un statut si culte qu’il parvint même à faire sortir l’ami Julien, aka Yosemite, de son antre. Quant à Bastien, c’est peu dire qu’il est fan : le Sonic a déjà accueilli cette année Tahlia Zedek puis Chris Brokaw en solo, ainsi que E (autre groupe de Zedek), et je crois qu’il fut présent à chaque fois : il était comme de juste au premier rang pour le sommet de cette étonnante série lyonnaise. De quoi passer un bon moment avec les amis avant de se placer devant la petite scène du Sonic où le quatuor a bien du mal à se caser (le bassiste Sean O’Brien sera planqué tout le long derrière la chanteuse guitariste). Le groupe tourne à la bière sauf le grand guitariste Chris Brokaw à la flotte, ca ne lui réussit pas car il semblera assez énervé pendant le set, les nombreux larsens lui sautant aux oreilles lorsqu’il assurera ses parties de chant n’aidant certainement pas à ce qu’il retrouve sa sérénité. D’ailleurs il n’y a qu’Arthur Johnson (batteur), mâchouillant son chewing gum avec un air goguenard, qui sourira régulièrement (avec même quelques excès de nonchalance par moments), les autres resteront sérieux comme des papes (de l’indie rock).

 

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Tout ceci ne nuira pas à la prestation d’un groupe au taquet attaquant très fort avec « Bell », et laissant très vite disparaitre de mon esprit les considérations sur l’âge des uns ou des autres. Ca joue fort, carré, avec ces multiples changements de rythmes que je ne goute guère d’habitude et qui, chez Come, ne me gênent aucunement, peut-être parce qu’au lieu d’annihiler la puissance des morceaux cela la renforce encore et encore : quelle leçon que ce « Fast Piss Blues » ! L’atout considérable du groupe est aussi la voix de Tahlia Zedek, hargneuse tout en restant parfaitement juste, éraillée mais agréable, pétrie des mêmes tensions inlassablement instaurées puis relâchées que les instruments à l’unisson. On chauffe progressivement, le concert est de ceux dont on se dit que chaque titre est meilleur que le précédent, jusqu’à, inévitablement, me filer le grand frisson : sur « William », sans doute mon titre favori de Come (2). Etant au premier rang, je n’ai pas forcément pu juger de la réception du public, mis à part les cheveux de la headbangeuse derrière moi qui m’ont fouetté le dos tout le concert, mais si on en juge par les applaudissements suivant le timide salut de Tahlia Zedek et ses compagnons, le succès est indéniable. Il y aura donc un rappel, sans enthousiasme débordant mais avec professionnalisme, pour une belle chanson dans un style assez post rock que je n’ai pas reconnu (probablement « German Song », réclamée à quelques reprises par des spectateurs plus spécialistes de Come que moi).

 

L’assemblée s’éparpille, Julien saute sur son vélo dès la dernière note jouée, et n’ayant rien d’intéressant à dire à Tahlia Zedek (qui attend désœuvrée que quelqu’un ait envie de la réédition vinyle de Don’t Ask Don’t Tell - putain quel sacerdoce) à part que j’ai kiffé son concert, chose dont elle a du se rendre compte vu que j’étais sous son nez pendant qu’elle jouait, je m’apprête à rentrer avant minuit comme un vioque mais réussi à convaincre Maxime de prendre un dernier verre histoire de prolonger agréablement la soirée. On parle de son voyage en Toscane, de son futur boulot et surtout des dizaines de concerts qu’il a prévu de voir prochainement. Certes Maxime est jeune (1), mais il a la culture encyclopédique d’un mage de 7000 ans, c’est donc moi qui l’écoute avec les esgourdes du néophyte. Tiens, pour la peine je prends un Cuba Libre, j’ai pas 20 ans tous les soirs. 

 

(1)    Là encore, ça prête à débat dans la mesure où je vais avoir tendance à qualifier de jeune un trentenaire alors que chacun sait que quand on parle de rock, l’âge limite est de 27 ans … 

(2)    Avec « In/Out », seul absent regretté de la setlist du soir.

 

Setlist : Bell - Finish Line – Dead Molly – Submerge – String – Rescidivist – Sad Eyes - Mercury Falls - Fast Piss Blues – Lets Get Lost – William – Off to One Side // German Song

 

 

 

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Commentaires
C
J'ai eu l'occasion de voir Chris Brokaw il y a quelques années jouer dans un café (C'est dire si on était nombreux...), c'était très sympa mais je n'avais pas fait le rapprochement avec Thalia Zedek ( la loose 😂)...alors que j'ai un EP du groupe...bref..🤣🤣
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