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Après Holy Wood dont nous avions vu en épisode #172 qu’il était une habile resucée de ses grands disques précédents, Marilyn Manson revient en 2003 avec the Golden Age of Grotesque, que nous empruntions donc dans la foulée à la médiathèque, cette fois ci en ne le retenant que pour moitié. Si le grand méchant artiste garde son indéniable savoir-faire, sa technique du démarrage en slam sur un gros son indus explosé par une bonne massue saturée (ou parfois l’inverse) tourne à la formule systématique. Il en résulte un album toujours puissant mais manquant singulièrement de relief, ce qui est quand même le comble pour un groupe dont les débuts étaient des montagnes russes d’obscénité et de créativité. Quelques titres bien efficaces dans le genre (par exemple ce « the Bright Young Things »), ou restes du groove infernal d’origine (« Doll-dagga-buzz-buzz ziggety-zag ») mais the Golden Age of Grotesque, malgré sa pochette, semble bien inoffensif, à l’image d’une reprise de « Tainted Love » à peine plus malsaine que l’originale, et à mille lieux de la revisite du « Sweet Dreams » qui avait fait le succès de Manson. Je le laisserais donc tomber, n’écoutant sur les 6 albums parus depuis que the Pale Emperor, qui avait eu plutôt bonne presse en 2014. Pas sûr qu’on entende parler de sitôt d’un successeur à We Are Chaos (2020) puisque le monde semble s’être rendu compte récemment, aussi étrange que cela puisse paraître, que Brian Warner était quelqu’un de particulièrement tordu. Pour ma part, il ne me manquera pas trop.
MARILYN MANSON - the Bright Young Things
Nous sommes donc en 2003, et Placebo sort son 4eme album Sleeping with Ghosts. Bon vous allez me dire quel rapport avec le schmilblik, mais je l’avais acheté dès sa sortie en édition limitée accompagné d’un deuxième CD de reprises, dont celle de « Bigmouth Strikes Again » des Smiths que j’avais beaucoup aimé. Ce qui m’avait enfin décidé à emprunter un album de ce groupe apparaissant systématiquement dans les plus importants que le rock ait compté, et quitte à découvrir une compilation comme the World won’t Listen ferait bien l’affaire. Il faut ici avouer que les Smiths ont toujours eu un effet repoussoir sur moi : des Anglais, les années 80, des looks d’intello de merde et un chanteur à belle gueule pseudo romantique, tout pour me faire fuir, et je n’ai jamais réussi à dépasser cet à priori. « Bigmouth Strikes Again » c’est un peu la chanson favorite des Smiths pour ceux qui n’aiment pas les Smiths, et je m’attendais à ce que ce soit l’arbre qui cache la forêt, mais en fait bien qu’étant de loin ma favorite elle est assez représentative de la sélection que j’ai réécouté sur cette cassette ; D’abord le niveau technique des gars est impressionnant, je ne m’y attendais pas : chant irréprochable, basse énorme volant régulièrement la vedette aux autres instruments, guitare en retrait mais tendue à souhait sans en faire trop et batterie qui sait autant se faire oublier que se rappeler soudainement au bon souvenir de l’auditeur par quelques roulements de caisse claire ultra maitrisés. L’ensemble est beaucoup plus dynamique que dans mon vague souvenir du groupe qui convoquait plutôt des mid-tempo mollassons, d’ailleurs le titre d’ouverture, le bien nommé « London », est quasi punk. Y a de la ballade au piano, de la country rock emballante, de la valse instrumentale et même des bouts de funk, ça passe bien malgré un son qui arrache parfois un petit frisson d’horreur. On va pas revoir notre avis sur le groupe sur la base d’une demi compilation mais la réécoute remet quand même certaines idées en place.
the SMITHS - Bigmouth Strikes Again
Gomez est un groupe de rock indé que j’avais du découvrir sur une compilation des 10 ans de Hut Recordings (1991-2001), sous label de Virgin qui avait notamment signé Smashing Pumpkins et Placebo, deux de mes groupes favoris d’alors. J’avais donc emprunté le dernier album sorti en date, leur 3eme intitulé In Our Gun. Je n’avais plus aucun souvenir du groupe en lançant la lecture, je m’attendais à un groupe de rock indé un peu fade mais j’ai été séché par le premier titre, « In Our Gun », contrebasse et rythmique très Calexico avec des chœurs splendides, une merveille soudainement prolongée par un final electro assez curieux. De fait à la réécoute plusieurs mélodies me sont subitement revenues en mémoire, ce qui est quand même bon signe (et puis le disque avait été enregistré quasi intégralement). La teneur de In Our Gun est plutôt acoustique, que ce soit pour les titres pêchus ou les ballades, avec de fréquents reflets grunge façon Pearl Jam, à qui on pense fortement sur « Miles End » ou « 1000 Times ». Le quintet anglais ne reste pourtant pas figé dans une délicatesse monochrome, et propose de fréquents écarts sur des pistes plus dansantes, un peu de saxo par ci, un peu d’électro par-là (le bien nommé « Army Dub »), et une conclusion bien rock’n roll avec l’ultra cool « Ballad of Nice & Easy » (il flotte aussi parfois un petit peu de la nonchalance des Dandy Warhols sur cet album). Je ne pensais vraiment pas, arrivé à ce niveau du challenge cassette, redécouvrir un disque avec autant d’enthousiasme. J’ai en tout cas maintenant hâte d’arriver aux prochains épisodes figurant Gomez.