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Blinking Lights (and other revelations)
22 février 2024

# 202 / 221

202 

 

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Nous sommes en 2003 et « Seven Nation Army » écrase tout sur son passage, un hymne rock comme il n’en sort que tous les 20 ans, et encore est ce sans doute le seul du millénaire à avoir atteint ce statut de classique universel, dont le riff résonne dans tous les magasins de guitare (et même les stades de foot) du monde entier à l’instar de ceux de Nirvana ou Deep Purple. Certes les White Stripes ne sont pas des perdreaux de l’année, Elephant est déjà leur 4eme album et leur rock primaire est encensé (au moins aux USA) depuis leurs débuts en 1997. Mais ce titre les révèle à un public bien plus large, dont je fais partie. A vrai dire, j’ai des sentiments ambivalents envers le duo, aux qualités indéniables (preuve en est l’enregistrement intégral de l’album sur cette cassette) mais aussi aux cotés irritants plus ou moins avouables, comme si le folklore et l’aura l’entourant empêchait d’avoir le cœur net sur le songwritting de Jack White. Sa passion érudite du blues et du garage rock à papa, avec ses marottes d’analogique et d’enregistrement à l’ancienne, donnait toute sa patine à des albums dont l’authenticité transpirait à chaque minute, mais qui furent instantanément récupérés par la fange la plus passéiste des amateurs de guitare, Jack White étant sans doute le seul artiste moderne à avoir sa photo à côté des Page et autres Clapton dans les albums des ayatollah du « vrai rock ». Je ne suis certes pas irréprochable de ce côté-là, mais ces gens sont indéniablement énervants, et je m’en tiens éloigné le plus possible. Autre perturbateur, le fantasme des journalistes et de la foule sur les relations entre Jack et Meg (fratrie, couple ??) dont le groupe fit un habile et jouissif fonds de commerce (« Well it's true that we love one another », hilarante moquerie sur le sujet doublé d’une parfaite comptine folk qui clôture Elephant). Reste que le rock en page people (cf Pete Doherty) m’a toujours été assez repoussoir. Et puis il y a le jeu de batterie de Meg White, mais nous en reparlerons. Tout ça pour dire que pour ces raisons qui ont quand même un bon parfum de snobisme, je ne creusais pas beaucoup plus loin que cet album (le seul que je possède) et que je ne cherchais jamais à voir le duo culte en concert, ce qui est sans doute fort dommage pour moi qui eut la chance d’être leur contemporain (fin du groupe en 2010). Ces considérations à part, que reste-il ? Tout d’abord un condensé blues rock garage en hommage aux 60’s dont aucune chanson n’est mauvaise. Et puis quelques perles aux ambiances variées, ballades simples  (« I want to be the boy to warm your mother's heart ») ou tubes bien épicés (« The air near my fingers »). De quoi inscrire pour l’éternité Elephant dans les 100 disques à écouter avant de mourir selon Rock N Folk.

 

 

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On remonte le temps jusqu’en 2000 et ce deuxième album des White Stripes, De Stijl, lui aussi très largement retenu sur cette cassette. On reste évidemment dans le même registre, mais avec un son plus brut et des influences encore plus marquées. J’y ai beaucoup entendu Led Zeppelin, que ce soit celui des tout premiers disques (blues explosif « Little Bird ») ou celui plus country folk du III (« I'm bound to pack it up »). Il est probable qu’en réalité Jack White soit directement allé à la source dont s’abreuvait allègrement le légendaire quatuor anglais, source que je connais assez mal mais qu’on entend particulièrement sur certains extraits, comme le rock n roll des origines « Jumble, Jumble ». Rien à ajouter, De Stijl est un autre très bon album du genre qui ne souffre d’aucun temps mort.

 

 

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On l’a compris, si je les apprécie globalement je ne suis pas un grand fan des White Stripes. J’avoue que j’ai cru pendant longtemps que l’une des causes de ce relatif désintérêt a été le jeu de batterie très minimaliste de Meg White. S’agissant d’un groupe qui maitrisait très bien son image, jusque dans le dress code et l’artwork tricolore (rouge noir blanc), j’ai moi-même donné dans les soupçons d’un recrutement purement marketing basé plutôt sur des formes généreuses qu’une maitrise des fûts. Difficile aujourd’hui de ne pas y voir une part de sexisme, dans la mesure où personne n’a jamais contesté le jeu de Jack White pourtant loin d’être un guitar héro, mais ce n’est certainement pas le facteur déterminant (1) : en réalité si Cat Power m’avait depuis longtemps fait relativiser l’importance de la technique à la guitare, il m’a fallu beaucoup plus de temps pour que je comprenne qu’un bon batteur est avant tout celui qui se met au service de la chanson, et qu’importe si cela implique de ne faire que des rythmes basiques et des frappes simplissimes. Ainsi Meg White, par ses limites techniques et en parfait complément de son ex-mari (sur l’espace musical autant que médiatique), fut à la base du son unique des White Stripes et donc du succès du groupe. On peut légitimement se demander si un(e) autre batteur(se) plus technique, en occupant plus d’espace, n’aurait pas empêché le duo de se hisser dans les groupes  qui ont le plus compté dans l’histoire du rock. Pour Jack White, et pour beaucoup d’autres grands musiciens rock, la question ne se pose même pas, rien n’aurait été possible sans Meg. En conclusion, ce n’est pas Meg White qui a freiné mon amour des White Stripes mais plutôt l’inverse : n’étant pas extrêmement sensible à leur univers - en bon fils des 90’s et non des 60’s ou 70’s - je n’ai pas su capter la pertinence de son jeu (et ce d’autant plus que, je le répète, je ne les ai jamais vu en live). 

(1) j’étais à l’époque grand fan par exemple de Patty Schemel et D Plakas

 

Pour finir sur le sujet, un joli article mesuré, ne versant ni dans la critique ignare ni dans l’éloge exagérée : https://www.hartzine.com/requiem-pour-meg-white/

 

 

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