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Blinking Lights (and other revelations)
7 mars 2024

DIONYSOS + Troy Von BALTHAZAR - Mercredi 06 Mars 2024 - Le Transbordeur - LYON

 

 

La frustration de Mathias Malzieu est palpable. Autour de lui ses vieux potes se déchaînent sur « Wet » dans une version noise rock incroyable, il y a même Troy Von Balthazar en renfort au micro. Ce dernier nous avait offert une première partie en solo d’une délicatesse infinie, touchant à plusieurs reprises à la beauté fragile d’un Mark Linkous, avant de s’éclipser bien trop vite avec une humilité et une gentillesse que Malzieu louera en le présentant, insistant sur l’influence que son groupe Chokebore a eu sur Dionysos au même titre que Nirvana, Sonic Youth et tant d’autres gloires du rock indé 90’s. C’est d’ailleurs une des principales raisons qui m’avait fait flasher sur les Valentinois à leurs débuts, cette association de poésie enfantine et de fond musical alternatif qui, s’il s’est étiolé au fur et à mesure des sorties d’album, demeure toujours vivace en live. C’est donc gros sons saturés et rythme d’enfer depuis plusieurs minutes, et notre Mathias qui est là, assis, à nous demander de l’imaginer sauter dans la foule comme il aurait dû le faire, à mimer un slam, à essayer d’en retrouver la sensation malgré sa jambe dans le non-plâtre. Après deux ans de travail pour mettre en place la tournée, il s’est vautré à la première minute de la première chanson de la première date en grimpant sur un retour mal fixé : fracture du tibia et du péroné. A cinquante balais d’autres auraient laissé tomber, mais pas Dionysos : après tout ce n’est pas une première pour Malzieu, il avait déjà fait toute une tournée à chanter du haut d’une chaise d’arbitre de tennis pour les mêmes raisons. Cette fois, les équipes techniques se sont surpassées pour lui confectionner un fauteuil roulant doté d’une immense et magnifique sculpture de Giant Jack dans le dos, avec des grands yeux lumineux qu’on vit lentement se déplacer dans le noir lors de l’introductif « Ombrologie » avant que le concert ne débute vraiment sur l’explosif « Giant Jack ».

 

 

 

Dionysos vient défendre son dernier album, L’Extraordinarium, revisite des titres les plus importants de l’histoire du groupe avec l’aide de multiples invités assortis de quelques inédits, le tout pour fêter leurs 30 ans d’existence (1). 30 ans ou presque que je les suis, d’abord avec passion puis avec intérêt (jusqu’à la Mécanique du Cœur en 2007), ensuite relancé par la curiosité de mes enfants (surtout sur l’émouvant album Vampire en Pyjama de 2016), enfin de très loin pour les dernières sorties. Leur passage au Transbordeur était une belle occasion de passer une bonne soirée avec Soline et Malo : plus qu’un concert, Dionysos propose une nouvelle fois un spectacle féérique et participatif, avec des projections d’animations et de photos, un mur étoilé du plus bel effet et un jeu de lumières très travaillé, ainsi que des anecdotes et des interprétations théâtrales qui dessinent un large sourire sur les visages au fil des chansons et des passages réservés à un public plutôt efficace niveau chant. A ce titre, si celui de Babeth est toujours difficilement supportable sur disque, il est plutôt délectable dans ce contexte et la complicité qu’elle affiche avec Mathias fait partie de la réussite du show.

 

 

 

 

Difficile de savoir exactement le ressenti de Soline, son apparente absence de réaction étant d’expérience plutôt de la fascination, à laquelle il faut ajouter un peu de frustration de ne pas comprendre à 100% tout ce qui se passait/disait sur scène et un peu de fatigue au fur et à mesure que la soirée avançait (pour elle je pense que ca a vraiment été dommage que Mathias Malzieu ne puisse être le zébulon déchainé habituel). Malo était quant à lui à fond, surtout sur les morceaux les plus rocks tels que « Mc Enroe’s Poetry » ou l’inusable « Coccinelle » qui m’arrache un frisson de plaisir. Dionysos passe décidément en revue tout ce qui a fait sa réputation au cours de son histoire puisqu’ils ménagent après un début de set très électrique une partie acoustique où le leader tiendra la vieille guitare folk de ses débuts entouré par ses camarades aux chœurs et au soutien musical discret (violon, glockenspiel, tambourin, sons electros). C’est l’occasion de revisiter les plus émouvants titres de leur répertoire, comme les classiques « Vampire en Pyjama » et « Neige » qui renvoient à des épisodes personnels douloureux de Mathias Malzieu. La suite du concert est très variée et propose deux inédits assez savoureux (réveiller ses voisins en faisant du paddle en peignoir Gryffondor et révéler le secret de Jésus marchant sur les eaux), des rythmes sud-américains, du slam, du rock bluesy, du ukulele, pas forcément mon Dionysos préféré sur disque mais encore une fois en live c’est redoutablement efficace et joyeux. L’homme qui ne voulait pas vieillir trépigne sur son fauteuil, essaye de le manœuvrer du mieux qu’il peut, sans oublier de remercier les techniciens qui entre chaque chanson viennent lui apporter et installer le matériel à domicile - il se lèvera même à quelques reprises difficilement sous les applaudissements d’un public d’habitués.

 

 

 

 

Premier salut après un « Mc Enroe's Poetry » défoulatoire, le retour sur scène se fait assez timidement mais Dionysos garde son Jedi pour la fin : une version assez sobre tout d’abord, mais évidemment suffisante pour enflammer le Transbordeur, suivi d’un Medley à la mise en place redoutable, alternant deux mesures de Jedi et deux mesures d’autres titre, dont « Smells Like Teen Spirit », avant un final sur un « Cloudman » à la basse groovy en diable qui s’étire pour que Malzieu puisse faire son gigantesque slam habituel. Evidemment c’est impossible ce soir pour le lutin à casquette rouge, qui va déléguer cette traversée de fosse à deux jeunes spectateur-ices du premier rang (2) tout en leur donnant des instructions depuis son fauteuil. Ils termineront assis sur la scène, entourés du groupe, à chanter en acoustique complet les derniers refrains de « Song for Jedi » avec l’ensemble du public. Ainsi se termine un concert assez exceptionnel dans sa mise en scène et sa construction, faite pour séduire petits et grands, fans de la première ou la dernière heure, avec une setlist best of mais une réorchestration de la plupart des morceaux et une bonne humeur générale remarquable. Unis comme les cinq doigts de la main (3), les copains de Dionysos en ont traversé des joies et des galères, et c’est ce qu’ils sont venus partager avec les Lyonnais en ce mercredi soir. Pour ma part c’est la dixième fois que je les voyais et j’ai vraiment passé un bon moment, je pense que peu de groupes seront capables de m’enchanter ainsi pendant 30 ans comme Dionysos en scène.

 

(1) Là encore, beaucoup se seraient contenté d’un Best Of classique, mais ce qualificatif n’existe pas chez Dionysos.

 

(2) On en est au tout début de la tournée, mais je suis prêt à parier qu’avant la fin de celle-ci Malzieu aura craqué et aura fait quelques stage diving au mépris de toute considération médicale.

 

(3) Seul bémol, cette présentation de Stéphano comme étant celui qui a appris le son de basse au groupe, taquet sans doute involontaire à son prédécesseur Guillaume Garidel dont je n’ai pour ma part toujours pas fait le deuil.

 

Photos: Deadly Sexy Carl

 

Setlist : Ombrologie - Giant Jack - Coccinelle - Don Diego 2000 - La métamorphose de Mister Chat - Wet - Tokyo Montana - Vampire en pyjama - Neige - Tuto pour marcher sur l’eau - I Love You - Poudlard de rien - Une sirène à Paris - Mc Enroe's Poetry // La naissance de Jack - Le jour le plus froid du monde - Flamme à lunettes - Song for Jedi – Medley (Song for Jedi / Giant Jack / Coccinelle / McEnroe's Poetry / Smells Like Teen Spirit / Cloudman / Song for Jedi)

 

 

 

 

à voir (spécialement à partir de la 12 mn pour avoir la banane) : DIONYSOS Final du concert

 

à voir (rien trouvé en solo, plus représentatif de cette première partie): Troy Von BALTHAZAR

 

la chute (dommage pour les Nîmois): Mathias MALZIEU

 

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Commentaires
T
Tu veux plutôt dire que tu as écouté Chokebore mais que tu ne t'en rappelles plus, je pense. Parce que justement comme ton billet m'y a fait penser, je viens de relire le MDAM consacré à It's a Miracle... tu en es un des très rares commentateurs et tu as l'air plutôt enthousiaste ^^<br /> <br /> http://www.legolb.com/2012/06/eclipse-totale-de-rubrique.html<br /> <br /> Sur l'influence du groupe, maintenant que tu le dis, je l'ai surtout entendu dans la bouche de Français. Ils avaient une certaine cote de popularité ici (d'ailleurs leur live a été enregistré en France - à la Route du Rock il me semble - et quand ils se sont reformés brièvement, leur EP est sorti chez Vicious Circle) (j'ai la flemme d'aller vérifier mais je me demande si certains de leur disques tardifs ne sont pas sortis exclusivement en France)
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X
ah oui :D<br /> bon faut peut être que je me mette à écouter Chokebore quand même alors...
T
Ah et sinon, les commentaires marchent nickel par contre ce que je n'avais pas vu l'autre jour (car j'étais depuis mon PC), c'est que sans bloqueur de pub c'est devenu une sacrée purge à lire.<br /> <br /> Bon dimanche Old-Stamp ;-P
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T
Ah le système de réponse pas top par contre :-)
T
Après j'ai un peu testé les deux extrêmes, mon PC est un tank de ce point de vue alors que je n'ai absolument aucune protection sur le téléphone, vu que je m'en sers assez peu pour naviguer sur Internet. Donc c'est peut-être moi qui ai eu du mal à encaisser le choc. Tant mieux si les autres font abstraction.
X
ah merde ca m'ennuie que les pubs empechent la bonne lecture. mais j'ai eu deux sons de cloches, certains qui disaient comme toi et d'autres qui disaient qu'on en faisait facilement abstraction
T
Je n'aime pas un seul album de Dionysos (allez, peut-être vite fait Western sous la neige), mais c'est un des groupes que j'ai vu le plus de fois sur scène et c'était toujours excellent. Très bonne idée d'emmener la nouvelle génération à ce type de concert, et vraiment dommage qu'ils n'aient pas pu voir un Malzieu à 200 %.<br /> <br /> Je suis toujours étonné de voir des gens citer Chokebore comme influence, autant j'aime beaucoup TVB en solo (encore que ce soit un peu tout le temps pareil et que j'aie un peu survolé les derniers), autant Chokebore j'ai toujours trouvé ça chiant comme la pluie à la pêche, à l'exception d'It's a Miracle qui, pour le coup, portait plutôt bien son titre tellement je n'en attendais rien quand je l'avais acheté (et qu'on ne trouve plus nulle part, d'ailleurs, ce qui est fort dommage). Sans vouloir être mesquin, je me demande s'il n'y a pas un tout petit peu de révisionnisme là-dedans, genre du gentil révisionnisme pour faire plaisir au gentil Troy, parce que bon, si Chokebore était un groupe si légendaire et influent que ça, je ne pense pas que le gars serait condamné à publier des albums confidentiels et faire des premières parties comme s'il était un débutant. J'ai dit que je ne voulais pas être mesquin ? Oublie ;-)
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X
Malo avait déjà vu Dionysos quand il avait 5 ans, Soline aura je l'espère d'autres occasions (Malo les verra à un festival cet été, peut être que Malzieu sera rétabli...)<br /> <br /> Chokebore je n'en ai jamais entendu la moindre note, et je ne les ai pas beaucoup entendu comme influence non plus (je me demande si c'était pas Dionysos à chaque fois d'ailleurs). donc sans être mesquin tu as peut être bien raison, en revanche Malzieu à mon avis est très sincère dans son admiration. Concernant TVB, je l'avais déjà vu en première partie il y a bien longtemps et j'avais bien aimé, j'avais donc commencé à écouter ses disques mais je n'ai vraiment aimé que le premier. Cela dit j'ai prévu d'écouter le dernier en date car les quelques chansons jouées au Transbo étaient superbes.
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