Les Chansons perdues de GRAVENHURST - (Nick TALBOT 1977-2014)

Nous nous étions croisés, quelques secondes. C’était à l’Epicerie Moderne en 2012, je l’avais intercepté alors qu’il courrait se réfugier dans sa loge, et il avait signé le vinyle que je lui tendais sans un mot, d’un air détaché. Nick Talbot n’aimait pas le decorum autour de la musique, l’aspect communication/merchandising, et (je crois), il ne donnait des concerts que par obligation. C’était un songwriter qu’on imaginait solitaire, à fignoler des mélodies et des chansons dont aucune ne peut être qualifiée de facile ou médiocre.

On peut s’en rendre compte sur le beau coffret sorti en fin d’année qui regroupe l’album Flashlight Seasons et l’EP Black Holes in the Sand, soit sa période folk agrémentée d’un disque d’inédits de la même époque intitulé Offerings : Lost Songs 2000 - 2004. Même si j’ai plutôt préféré la période plus rock qui a suivi (Fire in Distant Buidings et the Western Lands), la délicatesse des 26 chansons proposées n’a eu que très peu de concurrence ces 15 dernières années.

Alors que ces rééditions et une tournée me laissait espérer un successeur prochain à the Ghost in Daylight, l’annonce de la mort de Nick Talbot le 4 décembre dernier à l’âge de 37 ans m’a laissée pantois et, comme toujours avec les gens qu’on estime, m’a inspiré le sentiment absurde d’une grande injustice. On essaiera vainement de se consoler de la perte de ce musicien unique en réécoutant ses albums, et notamment la très belle collection d’inédits qu’il nous a offert juste avant de partir. Des titres oubliés sans vraiment de raison (Talbot explique tout cela dans le livret très instructif du coffret) qui se voient publiés presque par miracle alors qu’ils font partie des plus beaux que j’ai entendu en 2014…

« Death just walked in and I didn’t have time to undo

All the things I wouldn’t have said had I known it was due

And the things you try hard to avoid

Are sat in the next room »

- Hopechapel Hill -