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Fin du Mama Said qui a on ne sait pas pourquoi atterri sur cette cassette. Dans cette sélection restreinte, un bon riff de guitare que Lenny Kravitz transforme, comme souvent, en chanson (« Stop Draggin’ Around »), une jolie berceuse qui donne envie d’avoir une petite fille qui s’appelle Zoe rien que pour lui chanter et une ballade acoustique susurrée à l’oreille de ces dames qui n’étaient pas indifférentes à l’époque au Sex Appeal du Lenny.
C’est toujours un plaisir de retrouver Nazareth - c’est plus facile quand on ne retient que la moitié de disque qui nous plait, je vous l’accorde - que ce soit dans le rock classique mais rehaussé de la superbe guitare de Manny Charlton (« Holiday ») ou dans les ballades qui font souvent mouche chez les écossais, avec des arpèges bien trouvés et la voix éraillée de Dan McCafferty (« Heart’s Grown Cold », « Fallen Angel »). Nazareth ajoute quelques touches de reggae ou de gospel aux compos de Malice in Wonderland, lorgnant parfois vers Led Zeppelin sans jamais en atteindre la flamboyance. Qu’importe, l’humilité fait parfois du bien en musique….
Après quatre splendides disques, des millions de vente et des tournées à gogo, le Alice Cooper Band se fatigue : problèmes d’alcool, de santé, disputes internes, ça commence à sentir la fin. Dernier coup avant le split, Muscle of Love n’a plus le génie inventif de ses prédécesseurs, mais il reste le savoir-faire pour accoucher de quelques fameux titres, dont le tube rock plein d’humour « Working up a Sweat » ou « Muscle of Love »et son riff qui tue (Michael Bruce en sort d’ailleurs encore pas mal du manche de sa guitare sur ce disque). Si Muscle of Love déçoit, c’est surtout par l’absence de long titre déjanté qui parsemèrent la discographie du groupe, comme « Unfinished Sweet » ou « Halo of Flies » (le départ de Bob Ezrin à la production y est surement pour beaucoup). Reste « Hard Hearted Alice », une douce et triste ballade qui mute en rock psychédélique savoureux. Suite à un différend sur le côté théâtral des concerts, Alice Cooper s’en va briller sur Welcome to my Nightmare avec l’aide d’anciens musiciens de Lou Reed, tandis que les autres fondent Billion Dollar Babies, groupe dont le bide de l’unique (et médiocre) album Battle Axe provoquera la disparition.
En 1980, juste avant le Special Forces dont nous avons parlé récemment, et juste après un From the Inside dont je dirais prochainement tout le bien que je pense, Alice Cooper édite un court album intitulé Flush the Fashion dans lequel il mélange New Wave et Rock. Certes, ce disque vaut surement mieux que le lapidaire commentaire que j’en fis sur ma rétrospective (et le spécialiste Grisé m’en avait d’ailleurs fait quelques remontrances), par sa cohérence et son coté froid et malsain général, qui n’apparaitra qu’épisodiquement sur son successeur. Soulignons cependant le côté expéditif de l’affaire (moins de 30 mn) et la prédominance de reprises parmi les titres les plus marquants qui indiquent une baisse d’inspiration assez perceptible. C’est peu dire en effet que l’absence de Dick Wagner et Steve Hunter (qui officiaient avec Alice Cooper depuis le début de sa carrière solo) se fait sentir, et aucune mélodie ou semblant de tube ne vient retenir particulièrement mon attention sur Flush the Fashion. Si on ne peut considérer cet album comme le premier gros flop du Coop (Lace and Whiskey, sorti en 1977, l’a précédé), il marque quand même le début du déclin de notre Grand Guignol favori, qui, s’il relèvera un peu la tête après une très longue période catastrophique, ne produira plus jamais le moindre disque marquant.
Comme on l’a vu dernièrement, les Damned sont des gars bizarres. Pour donner un successeur à leur mythique brulot punk Damned Damned Damned, ils se mirent en tête d’aller chercher le dingo Syd Barrett des Pink Floyd pour le produire. Las, ils ne dénichèrent que Nick Mason et, ce faisant, se mirent d’emblée les critiques à dos par ce simple nom associé au Rock Prog, soit l’ennemi juré des Punks. Si l’on peut éventuellement comprendre (sans cautionner) ce genre d’attitude journalistique assez commune et qui a traversé modes et époques, il est difficile à l’écoute de Music for Pleasure de saisir pourquoi le groupe lui-même l’a d’emblée renié, le guitariste fondateur et principal compositeur Brian James quittant d’ailleurs les Damned immédiatement après sa sortie ce qui provoqua un premier (temporaire) split. Sur cette première moitié de Music for Pleasure (à noter que je l’ai enregistré intégralement, la suite est sur la cassette suivante), si les morceaux sont peut-être moins immédiats que les tubes du premier album, ils restent tout à fait bons, avec l’énergie punk qui va bien, des refrains à gueuler et une interprétation bien carrée. Pas de quoi donc provoquer ce rejet radical, mais les Damned étaient sans doute bien plus ambitieux que leur ton et leurs tronches de blagueurs ne le laissaient supposer. Ce qu’ils prouveront par la suite, notamment avec le Black Album….