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Blinking Lights (and other revelations)
20 octobre 2020

# 126 / 221

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Après See you on the other Side,  leur album de transition que nous avions réécouté en épisode 113, voici donc son successeur, le fameux Deserter’s Songs, carton surprise venu de nulle part qui installera durablement Mercury Rev dans la liste fermée des groupes de rock indépendants à suivre absolument, notamment par votre serviteur qui comme beaucoup flashera sur ce curieux album aussi bizarre qu’accessible. Exit le rock psyche aux couches de guitare superposées et insaisissables, et bienvenue à la pop… orchestrale. Tout le talent de Jonathan Donahue et ses potes est d’avoir su simplifier à l’extrême leurs compositions pour ensuite mieux les habiller d’une multitude d’arrangements d’instruments classiques, construisant un disque à mi-chemin entre la Bande Originale d’un film imaginaire et une pop festive et sans accrocs calibrée pour plaire au plus grand nombre. Cela donne en ouverture « Holes », sans doute leur meilleur titre, tenant sur quatre accords répétés en boucle mais intégrant toute la déjà longue expérience de Mercury  Rev en sculpture de sons. Une scie musicale, des paroles étranges et fascinantes et la voix de fausset de Donahue font le reste, captant ainsi l’attention de l’auditeur pour ne plus la relâcher par la suite. Passant comme dans un rêve entre diverses pièces instrumentales vaporeuses, on est notamment retourné par la puissance mélodique d’un « Opus 40 » aux redoutables claviers qui fera le bonheur des setlist live, enflant dans des prolongations psychédéliques improbables dont le groupe à une maitrise parfaite (preuve en est l’halluciné « the Funny Bird »). Et puis il y a bien sur le tube parfait, « Goddess on a Highway », là encore très simple dans sa construction mais à l’interprétation fabuleuse, entre la basse groovy des couplets et l’explosion joyeuse des refrains. Véritable OVNI survolant une année 1998 qui ne manquait pas de chefs d’œuvres, Deserter’s Songs se termine par un morceau de rock festif, « Delta Sun Bottleneck Stomp », mettant à l’honneur les qualités techniques des musiciens, notamment le producteur Dave Fridmann qui deviendra dès lors un pilier du groupe, jusqu’à, de l’avis de certains, le phagocyter un peu trop. Il semblait assez dur à Mercury Rev de continuer sur de telle cîmes musicales, c’est pourtant ce qui se produira trois ans après avec All is Dream. Mais nous ne verrons pas la suite de l’histoire discographique du groupe en ces cassettes, puisque dorénavant j’achèterai directement toute leur production. Qu’importe la qualité de celle-ci, Deserter’s Songs restera dans le cœur des fans comme leur disque de référence, et Mercury Rev n’aura de cesse tout au long de leur carrière de s’y référer et de s’appuyer sur ses fabuleuses chansons en concert. 

 

 

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Suite du Up de REM entamé il y a deux épisodes. Une série de chansons tristes et plutôt lentes, à l’exception du joli « Daysleeper » dont le refrain est un peu plus dynamique. REM s’appuie sur son savoir-faire et sa maitrise du son, mais les titres, tout sympathiques qu’ils soient,  n’arrivent pas à passionner. Seul « Sad Professor », au chant et à la guitare magnifique, rappelle à quel point REM peut être poignant. Et dessine en creux un disque assez moyen.

 

 

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Les Vaselines font partie des groupes, à l’instar des Meat Puppets, qui seraient restés dans les limbes du rock s’ils n’avaient été adoubés par le grand manitou du grunge en personne, Kurt Cobain. Que celui-ci les consacre comme ses songwritter favoris, jusqu’à reprendre 3 de leurs titres avec Nirvana (1), et voici les obscurs écossais devenus indispensables. Sub Pop se faisant donc un plaisir de rassembler leur maigre discographie (deux EP et un album) sur la rétrospective  The Way Of The Vaselines - A Complete History en 1992, trois ans après la fin du groupe. Très inspirés par the Velvet Underground, les Vaselines privilégiaient clairement l’expérimentation à la justesse et à l’harmonie, tapant dans tous les styles, du folk au punk, de la country au rock n’roll, leur spécialité étant la pop cradingue et frénétique (« Son of a Gun »). Jouant sur le dialogue entre les voix désabusé d’Eugene Kelly et  enfantine de Frances McKee, les chansons font souvent appel à des paroles humoristiques et provocantes, avec des petites touches féministes (l’electro « You think you’re a man » assez marrante, quoique beaucoup trop longue, ou « Bitch » et sa slide guitare, qui m’a fait penser aux Liminanas).  Pas étonnant donc que Kurt Cobain ait pu flasher sur les Vaselines dont on sent bien, tout comme les Pixies, quelle influence ils ont pu avoir sur ses compositions. Si leurs titres saturés évoquant My Bloody Valentine sont un peu trop criard à mon gout (« Teenage Superstars »), quelques joyaux justifient largement l’écoute de cette compilation ici enregistrée aux deux tiers, comme le rockabilly « the day i was a horse » ou bien sur l’émouvante ballade « Jesus wants me for a sunbeam », reprise quasiment à l’identique par Nirvana sur son célèbre MTV Unplugged. Un rayon de soleil dévoilant donc à la face du monde entier les Vaselines, qui attendirent 2010 pour se reformer. Deux albums suivirent, que je n’ai pas écouté, mais que je pressens assez inutiles, des milliers de disques inspirés par Nevermind étant sortis durant les 20 années séparant Dum-Dum de Sex with an X. 

(1)    Et même jusqu’à prénommer sa fille comme la chanteuse du groupe 

 

 

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