Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
27 octobre 2020

# 127 / 221

127

 

127 R-522004-1506978423-6882

 

Après Spoke, album bricolé pour le fun par le duo en marge des tournées de Giant Sand, puis l’aventure OP8 avec Lisa Germano en invitée de luxe, Joey Burns et John Convertino se lancent pour de vrai dans l’aventure Calexico en s’émancipant d’un Howe Gelb qui constate dépité qu’il est invité à faire un featuring sur un disque concocté par une grande part de son équipe, sans lui. Ce disque, personne n’en aurait imaginé le destin et pourtant the Black Light fit très vite partie des grands classiques de l’inimitable année 1998. De là d’ailleurs bien des malentendus persistent, dus à des gens ne l’ayant plus écouté depuis 20 ans et qui s’obstinent à le voir comme un aboutissement là où il n’est qu’un point de départ, certes magnifique, mais constitué d’une grande part d’instrumentaux épurés et sombres assez éloignés des standards qui feront la renommée de Calexico. Ne pas donner crédit aux chroniques qui citent du mariachi ou du sombrero à toutes les lignes, ce n’est qu’une faible part de the Black Light, même si c’est la plus connue au travers du célèbre titre « Minas De Cobre (For Better Metal) » incessamment trompeté sur scène à chaque tournée.  En revanche croire celles qui évoquent un voyage, qui parlent du désert de l’Arizona au crépuscule, de repaires poussiéreux et de soleil de plomb. C’est la contrebasse et les maracas menaçants, la mandoline mélancolique, la slide guitare fiévreuse, les balais frottés sur une batterie sobre. On s’avale des kilomètres sans croiser personne, on s’arrête rapidement à quelque fête de village où l’accordéon nous rafraichi autant qu’une pression salvatrice, puis on repart et on écoute quelque mélodie nostalgique avec l’impression d’en avoir plein les bottes. C’est l’heure des confidences à la table du Motel, Joey Burns nous susurre une histoire d’exil, une histoire de misère ou une histoire de tueur de sa voix si prenante. Alors ressurgit en nous ce vieux rêve, le but de cette histoire, la chanson qui résume tout le reste : la « Frontera ». 

The Black Light enregistrée ici en entier (c’est une BO qu’on imagine mal amputée ne serait-ce que de quelques  minutes) sera la dernière apparition de Calexico en cette rubrique : j’achèterais dès lors directement leur production en CD. C’est d’ailleurs l’un des rares groupes de cette époque à qui je fais confiance encore aujourd’hui les yeux fermés, puisqu'ils ne font quasiment que s’améliorer album après album. Quant à les voir en concert, cela me fut refusé jusqu’en 2006 mais je me suis bien rattrapé depuis, avec ces 3 dates à l’Epicerie Moderne qui figurent parmi mes meilleurs moments live.

 

 

127 R-369976-1256489515

 

Après avoir emprunté le premier album de Yo La Tengo, je passais sans transition au cœur de leur âge d’or, globalement constituée de la décennie 90’s dont ils furent l’un des plus dignes porte-drapeaux. Difficile de faire plus représentatif du rock alternatif que cet Electr-O-Pura enregistré en 1995 et porté par le single « Tom Courtenay »  présent sur la compilation What’s Up Matador qui m’introduirait au groupe. Jouant sur l’alternance de morceaux noisy déjantés et de calmes titres folky, Yo La Tengo façonnait aussi ses contre pieds en plaquant des nappes saturées en fond de ballades pop ou des chants féminins posés sur des morceaux à la limite du Krautrock (mes préférés, tels ce « Flying Lesson (Hot Chicken #1) » au final quasi punk). Electr-O-Pura n’est pas encore parfait, avec quelques dérapages moins intéressants (« (straight down to the) bitter end »), mais propose déjà son lot d’émotion en montagnes russes. On appréciera surtout le début et la fin de l’album, avec « My Heart’s Refletion », blues typique du trio combinant une guitare électrique erratique et une paire rythmique discrète imperturbable, et ce qui fut pendant longtemps une de leur marque de fabrique : l’épique et inoubliable morceau de conclusion. Ici un « Blue Line Swinger » de 9 mn, avec intro jouant les prolongations, court passage chanté surprise et accélération noise en guise de salut. Un très bon disque qui inaugurait une série d’emprunts enthousiasmante, à commencer par le suivant, devenu très vite l’un de mes albums fétiches.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité