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Avec son titre et cet objet mystérieux sur la pochette, que j’ai toujours pris pour un masque, je me souvenais de Spiritchaser comme l’album Africain de Dead Can Dance, celui des transes et des rites vaudou. Ce qu’il est d’ailleurs le temps des deux premiers titres, leurs percussions tribales, hypnotiques, les syllabes du chant de Brendan Perry, leurs bruits de jungle au lointain. A moins que cela n’évoque le bush Australien, ou les sorciers caribéens. En réalité Spiritchaser voyage sur tous les continents, fait un long détour vers l’Inde, aborde des guitares plus occidentales et s’achève sur un titre minimaliste aux reflets celtiques, magnifique écrin à la sublime voix de Lisa Gerrard. Les morceaux, pour la plupart très longs, se laissent le temps d’amener l’auditeur ailleurs, tout en développant régulièrement des idées mélodiques l’air de rien (petit clin d’œil amusant à Georges Harrison, sur « Indus » évidemment). Victime d’une classique insomnie, squattant le canapé du salon, mon fiston n’aura mis qu’une moitié d’album pour regagner son lit, apaisé. Ce qui pourrait sonner comme une critique n’est ici que la consécration de la réussite d’un disque nous transportant dans un clair-obscur, entre rêve et réalité, dans une parenthèse hors d’un temps et d’un lieu défini.
Les divergences musicales du duo, qu’on entend quasiment tout au long d’une œuvre qui s’en nourrit aussi fortement, finiront par provoquer le split du groupe après cet album. Leurs retrouvailles suite à une brouille de plus de 15 ans furent improbables, et plutôt réussies, mais n’apparaissent évidemment pas dans cette rubrique : nous laissons donc Dead Can Dance ici après avoir réussi pour une fois à parcourir l’ensemble de leur discographie.
Ouais, vous êtes sur le blog du gars qui tergiverse à chaque écoute de R.E.M, mais qui ne boude pas son plaisir lorsque survient un Creed. Libre à vous d’en conclure que j’ai des gouts tous pourris, pour moi c’est simplement que je suis le pur produit de ma génération, les 90’s. Encore une fois ce Human Clay, deuxième album du groupe, me séduit (quoique moins que les deux autres l’encadrant), et comment pourrait-il en être autrement ? Une rythmique lourde et grungy, des arpèges super bien trouvés, une voix profonde comme il faut, des accents Zeppeliniens par moments, et bien sur quelques inévitables power ballades : le rock alternatif dans toute sa splendeur. Bref, qu’importe le statut du groupe, nul ne pourra nier qu’ils étaient de sacrés songwritters…
Petite bouffée de the Divine Comedy et A Short Album about Love, rendu encore plus court par la mini sélection que j’en avais faite. Passé l’inaugural et intéressant « In Pursuit of Happiness », pop classieuse bien arrangée réussissant à mêler légèreté et tension (sorte de mini symphonie de 3 mn), nous retombons dans un romantisme lancinent me laissant absolument froid malgré son indéniable grâce. Je tenterais encore plusieurs fois par la suite à m’associer à l’élégance du groupe de Neil Hannon, sans trop de succès.