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Blinking Lights (and other revelations)
1 avril 2023

2023 Sélection #01: ITALIA 90, YO LA TENGO, the MURDER CAPITAL, DON BOLO, Iggy POP

 

Premier épisode en 2023 pour cette série présentant 5 albums de l'année classés par ordre de préférence, en commencant par celui que j'ai le plus apprécié.

 

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ITALIA 90 - Living Human Treasure

 

7 Mars 2020, je suis avec Damien au CCO pour le concert de Frustration, et nous découvrons en première partie Italia 90, groupe anglais qui nous fait forte impression. On ne le sait pas encore, mais c’est notre dernier contact avec la musique live pour un interminable moment. Sans doute que l’épisode de covid, alourdi par des problématiques techniques, sont à l’origine de la sortie extrêmement tardive de ce premier album. En un sens c’est assez dommage pour le groupe, puisque le momentum est passé pour le Post Punk moderne, pléthore de groupes s’étant engouffrés dans la brèche ouverte par Idles il y a 5 ans jusqu’à saturation, les meilleurs s’étant déjà orientés vers des ambiances plus expérimentales et cérébrales. Mais Living Human Treasure est un disque suffisamment solide, malgré un classicisme apparent, pour justement faire la différence avec les simples suiveurs. A l’image de « New Factory », certains titres semblent tout droit sortis d’une compilation Londonienne du début des années 80 où bretelles, cuir et Doc Martens s’affichaient sur les pochettes et dans les bars. Servis par une paire rythmique solide, une guitare inspirée et un chant passif agressif au bon parfum de fog, Italia 90 s’écarte néanmoins régulièrement des sentiers battus pour un Living Human Treasure marquant finalement aussi par sa diversité. Si le lien avec le reggae (« Does he Dream ? ») est un classique historique du genre, la durée d’un « Competition » ultra répétitif et entêtant, sur fond ininterrompu de nappe noisy, ou la rythmique plus complexe de « Golgotha » cassent les codes avec bonheur, tout comme le final « Harmony » kaléidoscope en brillante synthèse.  Souvent tendu, parfois brutal, ce premier album qu’on imagine bien revendicatif est une réussite qui on l’espère permettra au quatuor de prendre sa place  dans les références suivies.

 

 

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YO LA TENGO – This Stupid World

 

Dès les premières secondes de « Sinatra Drive Breakdown », votre serviteur poussait un soupir de soulagement. 5 ans après le terriblement mou et décevant There’s a Riot Going On, et 10 ans après Fade, dernier de leurs albums à m’avoir plu, Yo La Tengo revient aux affaires. Ah cette paire rythmique simplissime et métronomique par-dessus laquelle la guitare d’Ira Kaplan se lâche en délires saturés, comme elle nous avait manqué ! Retour immédiat dans les 90’s, avec ce single noisy pop qu’est « Fallout » rappelant les meilleures heures du trio, et ce chant toujours doux, qu’il accompagne les tempo les plus excités ou les ballades apaisées, souvent interprétées par Georgia Hubley, la batteuse. Un petit tour vers des terrains plus calmes mais toujours connus, mambo et mélodies sucrées, avant de remonter la pente du rock alternatif par la face My Bloody Valentine sur de longs titres pulsatoires (« this Stupid World ») ou vaguement electro (« Miles Away »). Est-ce qu’on a déjà entendu tout ca auparavant chez Yo La Tengo ? Bien sûr ! Est-ce qu’on en redemande ? Oh oui !!

 

 

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 The MURDER CAPITAL - Gigi's Recovery

 

Il m’avait fallu un bon moment pour saisir toute la richesse de When I Have Fears, premier album de the Murder Capital, avant que celui-ci ne devienne un incontournable de 2019 et de la scène Post Punk. Le quintet dublinois se particularisait d’ailleurs déjà par touches de la violence initiale du style avec une recherche sonore qu’ils ont largement accentué sur ce fort attendu successeur. Connaissant l’exigence de leur musique et captant sur Gigi’s Recovery quantité de trouvailles m’accrochant l’oreille, j’ai beaucoup insisté malgré ma déception initiale, mais force est de constater que the Murder Capital, s’il conserve une place à part dans la multitude de groupes ayant éclos dans le post punk contemporain, a perdu un peu trop d’énergie en route pour me convaincre complètement. En réalité, par ses rythmiques, sa production et sa mélancolie générale, Gigi’s Recovery évoque bien plus Radiohead que the Fall. Si quelques titres plus courts  apportent un peu de lumière, comme le quasi brit-pop « Only Good Things », l’ambiance de l’album - sons métalliques, voix grave, chant désolé et assèchement mélodique fréquent - est sombre, voire quasi gothique. L’intensification progressive de certains longs morceaux à la composition très travaillée prennent régulièrement l’auditeur aux tripes, comme sur un « Gigi’s Recovery » particulièrement poignant, mais il faut reconnaitre que cela ne marche pas à tous les coups, et que l’ennui s’invite parfois au détour d’un morne passage un peu trop monolithique. Souvent brillant (vif souvenir de l’écoute en avant-première de l’excellent « the Stars Will Leave Their Stage » sur la scène du VYV festival au printemps dernier), Gigi’s Recovery échoue à faire oublier un prédécesseur plus varié, mais confirme paradoxalement le talent d’un groupe à l’identité forte dont on attend impatiemment le futur coup de maitre.

 

 

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DON BOLO – Desde Mi Privilegio

 

Du hardcore Equatorien, il va sans dire que c’est une trouvaille signée la K7 de la vedette, groupe Facebook tenu par l’éminent Daniel Y. On pourrait passer rapidement sur Desde Mi Privilegio s’il n’était qu’une succession de titres pieds au plancher dont la seule originalité serait le chant en Espagnol, mais Don Bolo s’éclate à déployer une belle palette stylistique dans un bordel aléatoire. On reste globalement sur du beuglement et du high tempo (on parle quand même de 11 titres en 22 minutes), mais on se prendra dans la gueule des passages grindcore, heavy metal, hard rock ou punk dans des démonstrations volontiers caricaturales, pourvu que ce soit fun. Une bonne baffe récréative.

 

 

 

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Iggy POP - Every Loser

 

Le temps d’un « Frenzy », hard rock au gros son hyper efficace, on se prend à rêver d’un terrible retour en grâce d’Iggy Pop. Las, la suite est beaucoup plus inégale, et on ne sait sur quel pied danser tant les titres, orchestrés par un illustre inconnu (1), sonnent assez ringards mais restent toutefois nettement au-dessus de ce qu’a fait l’iguane depuis des années. Entouré d’une ribambelle de vieux briscards des 90’s (Chad Smith, Stone Gossard, Dave Navarro, ce pauvre Taylor Hawkins et ce cher et inévitable Duff McKagan), Every Loser enchaine les ballades et les rocks en cuir façon Alice Cooper (« Modern Day Rip-Off »), Iggy s’y autoparodiant avec jouissance en baragouinant ses sempiternels spoken words ou beuglant comme un jeunot sur du punk à roulette (« Neo Punk », dont on se demande si c’est une blague tant les paroles pourraient s’appliquer au chanteur lui-même). Surproduit, à l’interprétation évidemment millimétrée (vu les pointures c’est le minimum), Every Loser ne vole certes pas très haut mais offre quelques moments savoureux, rattrapant la déconvenue précédente.

 

(1)    Andrew Watt, qui semble toutefois être un producteur à la mode chez les vieux puisqu’il est aussi responsable du dernier album d’Ozzy Osbourne avec une partie de la même bande.

 

 

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