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Blinking Lights (and other revelations)
25 mai 2023

2023 Sélection #02: SLOWTHAI, LICHEN SLOW, the MEN, TEKSTI-TV 666, the SMASHING PUMPKINS

5 albums de 2023 classés par ordre de préférence, en commencant par celui que j'ai le plus apprécié.

 

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SLOWTHAI - UGLY

 

Estampillé artiste hip hop, Slowthai balance en fait un album dont l’étendue stylistique est renversante. Rappant avec talent sur des musiques allant du rock indus au post punk en passant par l’indie pop ou le piano mélodique, le virulent jeune anglais évoquera tant de grands noms qu’il est inutile de les citer - allez, un, le touche à tout Yoni Wolf et son expérimental Why ?. Surtout, il réussit brillamment à lier l’ensemble par un chant torturé (« Yum »), agressif (« Falling ») ou bouleversant (« Never Again ») qui donne à UGLY une intensité ne faiblissant jamais. Particulièrement bien construite, l’œuvre s’offre en clé de voute l’extraordinaire enchainement « Fuck it Puppet » (hip hop coup de poing) / « Happy » (electro rock irrésistible) / « Ugly » (ballade désespérée) appelé à régner sur les playlist de l’année. Entre colère et larmes, cet UGLY au double sens malin (c’est aussi l’acronyme de U Gotta Love Yourself), synthétise parfaitement la musique et l’ambiance de notre époque actuelle et se placera donc logiquement dans les plus belles réussites de 2023.

 

 

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LICHEN SLOW - Rest Lurks

 

C’est sans pression que Malcolm Middleton et son pote Joel Harries se sont envoyé des refrains et des mélodies pendant de longs mois, avant que progressivement ne se dessine l’envie d’en faire un disque, sous le nom de Lichen Slow. De cette écriture à quatre mains et à distance ressort un album apaisant, teinté de spleen et de second degré, où chacun a pu s’exprimer librement en dehors de tout regard extérieur ou d’un futur auditeur même pas envisagé à l’époque de sa création. Bien sûr, c’est la touche de notre guitariste fétiche qu’on est ici venu chercher, ses fameux arpèges et son chant mélancolique. La torpeur de « Hobbies », la pop enlevée du pince sans rire « Preset » ou le refrain lumineux chassant subitement les nuageux couplets de « Pain Ctd » sont ainsi à la hauteur de l’impeccable discographie solo du fondateur d’Arab Strap et sont clairement les meilleurs passages de Rest Lurks, mais les compositions moins marquées de sa pâte particulière restent la plupart du temps convaincantes et ne brisent aucunement la cohérence de l’ensemble. Si je ne suis pas fan du chant de Joel Harries, androgyne et assez particulier, j’ai en revanche beaucoup apprécié les secondes voix féminines de Quincey May Brown qui ajoutent à la délicatesse d’un album qu’on aime à écouter d’une traite, comme une rêverie qui fait du bien en ces temps stressants.

 

 

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The MEN – New York City

 

The Men est un groupe qui en a rien à foutre de notre époque, et franchement des fois ca fait du bien. Pour leur groupe de garage rock qui sent la testostérone, la bière et le cheveu gras, ils ne sont pas allés chercher leur nom bien loin, pas plus que pour le titre de ce qui est déjà leur 9eme album. J’imagine que si l’on va fouiller dans leurs 15 années discographiques on y trouvera toujours ces morceaux ultra classiques et ultra efficaces, héritiers du MC5 et des Stooges, et un peu de Black Sabbath quand ils consentent à ralentir le tempo. De la rythmique bourrin, des solos éjaculatoires, un piano martelé et une voix bien grasse, une power ballad par ci par là, et hop, dans la camionnette pour une tournée des bars. Rien d’original, rien à jeter. Un seul regret : qu’Iggy, qui a pourtant le featuring facile, n’ait pas songé à s’associer aux Men plutôt qu’aux Losers…

 

 

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TEKSTI-TV 666 - Vapauden Tasavalta

 

Cet obscur combo Finlandais propose un album court et percutant, dans le style de rock indé explosif de Japandroids par exemple, en y ajoutant souvent une bonne dose de Krautrock. Alternent ainsi des titres rock entrainants et d’autres plus répétitifs se permettant quelques virages, accélérations ou passages free pour dépasser allègrement les 7 mn sans lasser. Avec un excellent dosage d’énergie et de mélodies de guitare simples mais bien trouvées, Vapauden Tasavalta est un album sans prétention mais d’autant plus réussi qu’il ne se prolonge pas au-delà du raisonnable : 6 morceaux, 34 mn, et suffisamment d’attraits pour donner envie d’y revenir régulièrement.

 

 

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The SMASHING PUMPKINS - ATUM

 

En 2000, the Smashing Pumpkins, le groupe qui avait bouleversé ma vie quelques années auparavant, publiait son dernier album et tirait symboliquement sa révérence sur un titre appelé « Age of Innocence ». Il y eut bien quelques soubresauts mais en 2001, point final, le split, le boulot, le couple, les tours jumelles : c’en était bien fini de l’adolescence. Est-ce à ce moment-là que le monde et Billy Corgan partirent en vrille, ou avaient-ils toujours été complétement cinglés ? Si la chute de Billy ne fut pas perceptible immédiatement, il fallut se rendre à l’évidence au fil des années : il existait un monde parallèle où le vampire des citrouilles, tel un Vecna musical, s’employait à transformer nos rêveries adolescentes en cauchemars. De grotesques parodies repeintes en nuances de gris prirent formes sous nos oreilles horrifiées, le flamboyant Siamese Dream bourré de tubes réincarné en boursouflure Oceania, la beauté d’Adore en fadeur du Monuments to an Elegy, l’éclectisme de the Aeroplane Flies High en monotonie de Cyr. Et, c’était à craindre, la nouvelle saison de cette mauvaise série à succès voyait le Corgan du monde à l’envers s’attaquer à l’intouchable Mellon Collie and the Infinite Sadness, monument du rock alternatif, l’album qui fit de moi ce que je suis aujourd’hui. La monstruosité s’appelle ATUM, et il me fallut beaucoup de courage (ainsi qu’une journée solitaire à bosser sur un truc très chiant) pour oser m’y attaquer dans son intégralité : 3 CDs, 33 titres, 138 minutes dont si peu à sauver. Une poignée de chansons (« Steps in Time », « the Gold Mask », « Empires », « Spellbinding »), sans doute un peu plus pour les amateurs de Cure ou de Muse, à peine de quoi faire un EP sympa un peu décalé.

Pour le reste, le combat fut rude, les Smashing Pumpkins usant d’armes redoutables au premier rang desquelles des claviers tous pourris omniprésents, mais aussi des guitares heavy metal bien ringardes et un chant souvent en roue libre. Si Corgan prouve qu’il sait encore sortir quelques riffs bien troussés, pour une composition digne de ce nom c’est moins gagné, en particulier les ballades qui firent sa réputation lorsqu’il était encore de notre monde et qui ici sont toutes d’une laideur repoussante. Déjà affaibli par un temps d’écoute déraisonnable et par l’immense coup de pute que constitue « Hooray ! », évoquant vaguement la « Danse des Canards » et de loin pire titre de son auteur et de 2023, je faillis chuter à l’entame d’un CD3 qui contient plusieurs morceaux dépassant 7 mn, de la techno horrible et dont la seule apparition d’une guitare acoustique ferait passer le modeste « Cenotaph » pour un chef d’œuvre. Comme tout grand méchant qui se respecte, ATUM nous fera souffrir jusqu’au bout, la conclusion « Of Wings » étant particulièrement affreuse, même à l’aune de ce triple Opera Rock de merde n’évoquant le Mellon Collie que par quelques allusions symboliques et obscènes, comme pour mieux nous narguer. J’en sortais donc vainqueur, mais à quel prix ? Le reste de mes illusions piétinées, et sachant que le cerveau fou d’un Corgan à la dérive nous gratifiera prochainement d’un autre album psychophage. Il me faudra alors une nouvelle fois l’affronter avec l’aide de mes souvenirs et de quelques amis qui furent comme moi, dans les lointaines 90’s, renversés par la musique des Smashing Pumpkins. Les vrais.

 

 

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Commentaires
L
j'enregistre tout ca avec passion et notamment ce rappeur aux accents rock qui me vont bien
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