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Blinking Lights (and other revelations)
1 avril 2006

NEW ROCK Part I - BLOC PARTY / the STROKES / INTERPOL / FRANZ FERDINAND

Un jour j'écrirais un article sur mon passé douloureux de fan des Guns N' Roses. Premier groupe que j'ai vraiment écouté, il faisait l'objet de violents quolibets et dépréciations qui me font bien marrer aujourd'hui que j'ai une meilleure culture musicale, mais qui me laissaient assez désemparé à l'époque. Et pourtant grace à eux et leur manie des reprises, j'ai découvert les Damned, Alice Cooper, Dylan, Stooges, Dead Boys, Johnny Thunders etc.... Que du bon, que je chronique de temps en temps en les comparants aux jeunots d'aujourd'hui. Enfin en essayant, car il est vrai que je connais peu la  scène rock ou garage actuelle, dont je parle comme d'une entitée floue que j'appelle "les nouveaux groupes", meme si j'ai assisté à pas mal de concerts, dont la plupart ne m'ont pas enthousiasmé. Poussé par ma rigueur naturelle (rires!) et aussi par Tom, fervent défenseur du genre, j'ai décidé d'écouter la discographie de 12 de ces "nouveaux groupes", puis de faire un petit classement de mes albums et de mes titres préférés (meme si aucun de ces albums ne fera partie de ma disco idéale, étant plus touché par les groupes dits de "rock indé" ou "alternatif" cités sur ce blog). Précision: J'ai occulté l'histoire des groupes, les paroles, les pochettes, ce qui participe aussi à la qualité ou non d'un disque, ayant tout écouté en mp3...

Voici donc mes impressions sur les quatre premiers groupes: BLOC PARTY, the STROKES, INTERPOL et FRANZ FERDINAND

 

bp

 

BLOC PARTY

Programmé en première partie de Interpol, Bloc Party a été victime d’un des plus gros buzz de l’histoire du rock, passant du statut d’illustres inconnus à celui de meilleur jeune groupe sur la planète en un éclair. Les critiques les plus dithyrambiques sur Silent Alarm s’étalaient partout au mépris de la plus élémentaire objectivité, abattant sur le groupe un mélange de gloire et de pression qui a du être dur à gérer. Silent Alarm, donc, est un album qui possède une belle énergie, porté par un excellent batteur au jeu aussi original qu’efficace. Les guitares martèlent un rythme haché en se répondant, se lâchant dans des refrains rageurs sans négliger quelques mélodies discrètes bien trouvées, la voix agréable passant d’un phrasé scandé à des envolées aigues sans difficulté. Ce style fait merveille en début d’album (« Like eating glass », « banquet »), puis, trop répété sur des compos moins efficaces ensuite, lasse un peu (« Price of gas »). Heureusement Bloc Party sait lâcher l’accélérateur et place quelques ballades, qui, si elles ne sont pas fabuleuses, nous évitent le mal de crâne. Le groupe réalise aussi quelques merveilles d’arpèges rapides et de mélodies croisées (« This modern love », « Here we are ») qui ressortent brillamment du fond un peu répétitif de l’album.

Bloc Party se retrouve devant un sacré défi : faire mieux que le premier album, en se renouvelant mais sans décevoir les amateurs de Silent Alarm. La partie de ceux-ci plus intéressé par la mode que la musique ont écouté A week end in the city du bout des oreilles avant de filer vers une autre gloire montante, mais les autres auront constaté avec plaisir que le défi a été relevé de belle manière. La batterie a cette fois été mise en retrait, au profit de plusieurs pistes de voix particulièrement travaillées, et de sons plus électroniques. Si les compos du début sont malgré tout dans la continuité du premier album (« Hunting for witches »  a tout l’air d’un remix d’un de ses titres), Bloc Party s’éloigne progressivement de son style originel à partir de « Uniform », chanson plus complexe alternant calme et tempête. Bloc Party y perd une part de son identité (on perçoit même des accents U2esques sur « On » ou « i still remember »), mais propose des compositions plus variées et dans l’ensemble plus agréables à écouter. Le rythme s’est bien ralenti, les mélodies (synthé, guitare, bruits électroniques) plus calmes permettant la mise en place d’une ambiance nouvelle, spectres d’amours passés, vampires de la vie moderne. Manquent juste un ou deux courts rocks tubesques en fin d’album. Loin d’être feu de paille, Bloc Party a aujourd’hui les cartes en main pour sortir enfin un disque de légende. 

 

 

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The STROKES

Un groupe que j’ai redécouvert aux eurockéennes, et qui m’avait laissé fort bonne impression. Le premier album, is this it ?, c’est tout simplement une demi heure de pur plaisir. Des titres super rythmés, de moins de 3mn qui s’enchaînent sans temps mort, des guitares qui se tirent la bourre pour trouver la meilleure petite mélodie qui restera dans l’oreille (parfois la basse s’y met), ne crachant pas sur un petit solo hard rock de temps en temps (sans en abuser, on est pas sur planète Zeitgest), le tout agrémenté d’une voix j’m’en foutiste crachant des refrains qu’on a envie de reprendre en cœur («New york city cops », « take it or leave it »). Un esprit rock dans un corps parfait, un petit coup rapide vers le paradis.

Sorti deux ans après, Rooms on fire est une vive déception, dont les deux principales raisons sont le ralentissement sensible du rythme et l’autocarricature du chanteur forçant sur sa voix enrouée. Les guitares tentent parfois une petite mélodie sans être autant inspirées que sur Is this it ? (« 12-51 »). « Entre amour et haine », le groupe ne sait plus sur quel pied danser. Ne reste de l’ancienne énergie du groupe que le morceau « Reptilia », et de son génie que le magnifique single « the end has no end » qui sauve l’ensemble du fiasco total.

Le premier contact avec First Impressions of earth est plutot positif, l’album démarre vite (« Juicebox ») et la voix est mieux maitrisée (« Heart in a cage »). Malheureusement le groupe retombe vite dans les travers du second album, et le format de l’album comme des chansons (plus longs) n’est pas adapté aux Strokes. Seul « Vision of division », titre assez complexe tirant parfois vers le grunge, tire son épingle du jeu. La deuxième moitié de l’album est d’un ennui mortel, l’auditeur se réveillant sur l’ultime « Red light », comme un lointain écho de ce que the Strokes a pu produire.

 

 

inter

 

INTERPOL

Même si Interpol est un peu à part dans la liste des groupes de cet article, il me semble légitime de les y inclure, et puis j’avais envie de parler de leurs albums. Je les ai vu plusieurs fois en concert à leurs débuts, et s’ils ne sont pas un grand groupe de scène, leurs prestations avaient été largement à la hauteur de leurs belles compositions.

Pour un premier album, Turn on the bright lights est étonnamment mur, achevé, aussi bien dans la composition, l’interprétation que dans l’enregistrement. La tristesse qui plane sur tout les titres, qu’ils soient lents ou rapide, donne une lugubre cohérence à l’album, la voix du chanteur en étant bien sur la cause, énorme atout du groupe qui enveloppe les morceaux d’un voile sombre. On pense évidemment à Ian Curtis, et des morceaux comme « Roland » semblent très influencés par la musique de Joy Division, mais on ne saurait réduire Interpol  à cette comparaison, avec des compositions aussi riches et mélodiques, soutenant sans peine des longueurs atteignant les 6 mn. Autre marque de fabrique, un jeu de basse très travaillé et très présent (« Stella ») prenant souvent le dessus sur les guitares lançant leurs accords de loin, en se répondant ou se complétant, effet qui accentue l’impression de solitude et de manque qui ressort de l’album. Et surtout, Interpol a l’art de faire varier l’intensité de sa musique au sein d’un même titre. Le meilleur exemple en est le magnifique « PDA », le refrain accélérant le mouvement jusqu’à un  silence, puis plus loin une pause avec juste les deux guitares en harmonie. L’art des pauses et des changements de rythme (multiples sur « Say hello to the angels » par exemple) est ici à son sommet et fait de l’album la plus belle réussite de l’année 2002.

Décidément la critique d’Antics est un vrai casse tête !  D’abord c’est un album qu’on découvre progressivement. Je me souviens qu’après la première écoute j’avais failli ne plus y revenir tellement j’étais déçu, aujourd’hui j’en apprécie une bonne partie, tout en restant relativement indifférent aux chansons. Ensuite, je n’arrive pas trop à expliquer mon manque d’enthousiasme, car tout les ingrédients de la réussite du premier album sont repris ici. Exemple avec « C’mere », qui ne diffère pas tant que ça des tubes de Turn on the bright lights, mais que je n’apprécie pas. Peut être l’ambiance moins oppressante me convient elle moins, avec la basse (toujours aussi importante) qui se fait parfois plus groovy, comme sur « lenght of love » qui est presque dansante. Cela n’empêche pas « Slow hands »  d’être un excellent morceau… On retrouve quand même avec beaucoup de plaisir l’Interpol des débuts sur « Not even jails », et peut être n’est ce pas un hasard si c’est le titre le plus long. Pour résumer, un album assez frustrant, un des très rares que j’ai gravé : pas assez bon pour l’acheter, mais à posséder au cas où…

Constat assez similaire pour Our Love to Admire, sorti l’année dernière. Interpol a eu le mérite de se renouveler, et y parvient de belle manière sur les deux premiers titres. Les sonorités de « Pioneer to the falls » sont vraiment sympa, tapis de guitares parsemé de notes de piano sur un lent rythme qui proposent une ambiance nouvelle, avec une pause a capella surprenante. La basse utilisée de manière plus conventionnelle, et une tonalité dans l’ensemble plus ensoleillée confèrent aux morceaux rapides un coté moins caractéristique, moins original : Interpol va de l’avant mais y perd un peu de son âme. Ce nouveau son fonctionne bien sur l’énergique « Mammoth », mais tombe dans la banalité la plus complète sur des titres comme « Who do you think ». Dans l’ensemble, les riffs de guitares sont trop similaires, les pauses trop systématiques et pas mal de chansons ne décollent pas (« All fired up »). Il leur manque ce petit ingrédient qui permet à « Rest my chemistry » ou « Wrecking ball » de tirer l’album vers le haut. Pour le premier titre, c’est un bon rythme balancé et un refrain bien trouvé, pour le second le chant et l’orchestration qui apportent l’émotion faisant globalement défaut à l’album. Plus encore qu’Antics, on sent que Our Love to Admire n’est pas facile d’accès et mérite de nombreuses écoutes. Mais les lui accorderons nous alors qu’existe un Turn on the bright lights ? Le principal problème des deux derniers albums pourrait en fait bien être la qualité bien supérieure de leur prédécesseur…. 

 

 

ff

 

FRANZ FERDINAND

Il me semble qu’ils sont à l’origine de ce que j’appelle la vague des « nouveaux groupes ». A l’époque j’avais d’ailleurs été un peu pris dans le mouvement (dansant comme un fou à leur concert des eurocks somme toute assez banal) avant de prendre un recul salutaire. Franz Ferdinand, contrairement à d’autres albums de cette rubrique, a plutôt tendance à perdre de son intérêt au fil des écoutes. C’est loin d’être un mauvais album, il a simplement été un peu vite porté aux nues. A l’image du single « Take me out », les mélodies de guitare peuvent se montrer irritantes à la longue. La voix de Kapranos est le point faible de l’album, mais le chanteur a le mérite de se lancer dans des registres assez variés. La force principale de Franz Ferdinand est en effet l’éclectisme des chansons, chacune d’elle pouvant évoquer telle ou telle influence : une effluve de Beatles, une bouchée de Clash, une dose de Talking Heads, un soupçon de Bowie, on peut jouer au jeu des ressemblances sur tout l’album sans s’ennuyer, voire au sein d’un titre, car le groupe aime mélanger les ambiance de manière assez bluffante et réussie (« Come on home »). Ils arrivent même à créer la bonne surprise sur un ersatz de générique de dessin animé intitulé « Auf Achse ». Capables de produire des morceaux très entraînants à coup de basse qui tue et de refrain joyeux (l’excellent « the Dark of Matinée »), voire des rocks à poigne (« Michael »), les membres de Franz Ferdinand sont malgré leurs efforts peu crédibles dans le rôle de rockers rebelles : on les imagine plus boire une petite bière avec Belle and Sebastian que se vautrer dans le caniveau avec Pete Doherty.

You could have it so much better with Franz Ferdinand est vraiment une bonne surprise. Le groupe a réussi à garder son style tout en apportant pas mal de changements dans ses compositions. Très peu défauts, si ce n’est l’utilisation un peu excessive de La la la dans les chants (ça m’énerve), de rares redites au niveau guitare, et des changements de rythmes qui, s’ils participent au succès de l’album, donnent un coté fouillis à quelques titres (« What you meant »). A part ces points de détail, Franz Ferdinand a toujours la trouvaille qui va bien pour sublimer ses compos. Le début de l’album est particulièrement réussi, un condensé d’énergie directe lancé dès « the Fallen », qui ressemblerait à un rock à l’ancienne enregistré de manière moderne. Sans aucun temps mort, Franz Ferdinand propose petit à petit des titres dans des registres différents, d’abord le très bon « Walk away » et ses couplets mélancoliques, puis un ultra dynamique « Evil and the heathen » avec un son de guitare et de chant nouveau. Il y a aussi des ballades avec un piano, comme « Eleanor put your buts on », et là encore le groupe s’arrange pour ne pas sombrer dans la facilité ou la mièvrerie. Franz Ferdinand redonne un coup d’accélérateur avec « You could have it… » et achève de convaincre sur le terrible « Outsiders »,  véritable démonstration de basse funky qui secoue les chaussures et fait claquer des doigts. Une belle confirmation qui n’a peut être pas eu toute l’attention nécessaire, en tout cas par moi. Je me rattraperai bien en les croisant sur la scène d’un festival, pour voir…

 

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