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Blinking Lights (and other revelations)
1 mai 2015

EUROCKEENNES 2008 - Samedi - Alcool, Rock et Doudou

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L’année dernière, trouvant le programme peu à mon goût, j’avais délaissé ma dose annuelle de cocktail boue/bière/graisse et zappé le festival des Eurocks, décision que j’avais bien regrettée par la suite ne serait ce que pour l’ambiance et les potes. Pas question de reproduire la même erreur,  mais pas question non plus de se faire l’intégralité des concerts malgré l’excellente prog, sous peine de passer pour un horrible père auprès de mes proches après à peine 15 jours de paternité. Avec l’accord de ma chérie, il me fallut choisir un jour : mon cœur hésitait entre une pléiade d’artistes que j’adore, mais que j’avais déjà vu à plusieurs reprises pour le vendredi, et des découvertes potentiellement alléchantes le samedi. Finalement mon choix se portait sur ce deuxième jour, notamment pour cause de Grinderman, et je crois que ce fut le bon, le vendredi n’ayant à priori pas rempli toutes les attentes de mes potes (Cat Power aussi décevante qu’à Lyon), excepté un Gossip flamboyant…

Je commençais ce festival au péage de Montbéliard par un petit épisode douanier que je croyais réservé aux connards  suisses guettant les festivaliers du Paléo. Petits conseils à ceux qui veulent emmerder ces insupportables porteurs d’uniforme : voyagez dans une petite bagnole immatriculée hors du département visité, avec un T-shirt voyant (le mien portait le crâne du bar le Barberousse), si possible à plusieurs jeunes (si vous avez une tête trop respectable, couvrez là d’une casquette ou d’un chapeau. Si vous avez une tête d’arabe, l’habit importe peu, vous serez immanquablement arrêté). Répondez que vous allez au festival et que vous comptez en profiter à max, et flanquez votre véhicule de multiples sacs pleins de recoins et vos poches de paquets de cigarettes et de petites boites. Vous avez eu soin de prendre un peu d’avance pour pouvoir savourer tranquillement la mine déconfite des douaniers qui ne trouvent rien après plusieurs min de recherche (inutile de dire que si vous transportez un produit illicite, il faut faire tout l’inverse). Bref, après avoir dit au revoir à chef douanier et son gros pif (laissant deviner qu’il s’adonnait sans retenue à la seule drogue autorisée en France, l’alcool) et à son troufion à l’immense bide, je retrouvai mes potes motivés comme pas deux par le beau temps et l’après midi qui s’annonçait, et atteignais sans problèmes la Jérusalem française du rock, l’île de Malsaucy.

Rapide mise en oreilles avec Alborosie, un groupe qui confirme que le reggae n’a pas évolué d’une note depuis Bob, même joué par des Italiens, mais reste sympathique à petite dose dans le cadre d’un festival ensoleillé. On file sous le chapiteau voir Daniel Darc, qui m’avait déjà étonné en première partie de Yann Tiersen il y a deux ans. S’il est des artistes, comme Benjamin Biolay, dont on sait qu’on aura du mal à en dire du bien, avec Darc, c’est l’inverse. Heureusement, je n’aurai pas à me forcer, car le concert fut superbe. Après une arrivée titubante qui nous fit craindre le pire, et un début de set timide, Darc lançait avec « L.U.V » la machine impeccable de son groupe de jeunots à la mine classique (il y en a même un qui répond au patronyme incroyable d’Antoine de St Antoine) mais au jeu imparable. Daniel Darc déroulait ensuite une prestation intense et irréprochable, ponctué d’anecdotes prouvant s’il était besoin l’authenticité du personnage. Plutôt que de rabrouer un technicien jovial en bermuda qui débarquait toute les deux minutes pour démêler le fil de micro de Darc au risque de planter l’ambiance punk du concert, le chanteur visiblement irrité le faisait acclamer par le public en souriant (« il me prend pour un irresponsable ! »). Au moment du démarrage à cent à l’heure d’un excellent titre, Darc crie « stop ! Arrêtez tout ! y’a un mec qui a gueulé rock n’ roll ! Ne recommence plus jamais ça ! On peut y aller ! ». Plus tard, il interrompra son groupe une fois de plus (ceux là assurent vraiment, avec un leader aussi libre) pour profiter du solo de violoncelle magistral exécuté par un membre de Nosfell. Le morceau s’achèvera dans une fureur Stoogienne, avec destruction de batterie et guitares posées à fond sur les amplis. Ce qui n’empêchera pas Daniel Darc, après avoir exécuté la chanson « qui sert à payer son loyer » (l’inévitable « chercher le garçon » de Taxi Girl), de revenir une bible à la main clamer le « Psaume 23 » sur fond de piano et de violoncelle, devant une assistance médusée, puis de reprendre a capella « Redemption song » de Bob Marley. Vraiment un concert fantastique, truffé de références (j’ai saisi le « Get it on » de T-rex et un titre des Clash), qui consacre un homme extrêmement attachant, aimant la vie et la musique comme seul un rescapé des deux peut le faire.

Ma journée continue avec Camille, que j’avais étonnement très apprécié lors de sa prestation ici même il y a deux ans. Elle joue aujourd’hui sur la grande scène, entouré d’un piano et d’une bande de joyeux drilles faisant de la musique avec leur corps. Certains sont de human beat box, d’autres marquent le rythme en sautant sur des sols amplifiés, Camille achevant les morceaux de son chant exceptionnel, capable de tout. Techniquement extraordinaire, la prestation se révèle musicalement pauvre : les dernières compos de la belle ne sont pas franchement enthousiasmantes. Et au bout d’un moment, ces instruments humains lassent et finissent par casser la tête. Dommage qu’ils n’aient pas constitués une petite partie du spectacle, et non son intégralité. Lassé donc, je vais jeter une oreille sur la plage aux Vampire Weekend. De ce coté là, pas de surprise, c’est nul : cumulant les défauts de la « nouvelle scène garage », le groupe nous inflige en plus un bontempiste sur le devant de la scène. Je rejoins d’autres amis qui attendent avec impatience le début de Sharon Jones & the Dap Kings. Pas une once d’originalité pour ce groupe soul (qui reprend entre autres le standard « this is a man’s world »), mais une musique plaisante qui donne envie de danser. En plus la Sharon Jones en question, évidemment grosse et black, a une énergie pas possible, et s’amuse à danser chaudement avec de jeunes spectateurs males qui se prêtent au jeu en riant. Le genre de prestation qui devrait faire prendre conscience à Cat Power qu’il est grand temps de reprendre sa guitare folk.

Après cet agréable moment, je retourne sur la plage voir sur les conseils de mon hote Seb la belle Phoebe Killdeer, qui propose avec son groupe une alternance de blues et de rockabilly là encore peu originale mais dynamique. L’ensemble tient surtout par le charisme de la chanteuse, qui se démène avec un certain succès pour allumer le public et l’entraîner à sa suite dans un univers direct qui sent bon les grands espaces de son Australie natale. Le groupe est bon, le concert plaisant, mais pas assez extraordinaire pour me retenir d’aller prendre une petite dose de métal sur la grande scène, ou l’ancien leader de Sepultura, mister Cavalera, use à grand coup de beuglement le capital audition de Thomas. J’ai la surprise d’arriver alors que c’est un petit gamin d’une douzaine d’année qui est derrière l’immense batterie. Le fils Cavalera assure plutôt bien les quelques morceaux qui lui sont confiés. J’apprécie tranquillement la dernière demi heure du concert, et suis ravi du morceau final, un majestueux « Roots » qui me rappelle l’excellence de l’album de Sepultura du même nom. A chaque Eurocks, il y a un concert qu’on fait sauter : cette fois, la fatigue et la faim se faisant sentir, c’est the Do qui passera à la trappe, d’autant plus facilement que je n’ai pas accroché aux lointaines écoutes que j’ai accordé à l’album, et que les phénomènes de mode m’énervent. J’ai parait il manqué un bon concert, et surtout le top de l’ambiance en folie du public de ce Week end. Mais j’ai pu me placer bien devant la scène pour le concert de Grinderman, d’autant plus facilement que le public, étonnamment jeune, est aussi étonnamment peu dense.

Ceux qui avaient relégué Nick Cave au rang de crooner pré grabataire l’auront enterré un peu vite. Certes le concert commence sur des morceaux un peu lents, avec beaucoup de sons préenregistrés (ex : « Electric Alice »), mais dès qu’il saisi une six cordes, l’australien, qui n’a pas réussi à perdre toute sa classe naturelle malgré sa moustache ringardissime, fait preuve d’une énergie et d’une folie ridiculisant les maigres efforts de jeunots tels les Wombats (et hop un tacle gratuit et de mauvaise foi à un groupe que je n’ai pas daigné écouter une seconde). Il n’est concurrencé que par son collègue Warren Ellis, tapant à coup de maracas sur une cymbale ou torturant une curieuse mini guitare. Après l’intense « Grinderman », le concert enchaîne les tueries au sommet desquelles se trouve l’incroyable « No Pussy Blues », pour finir sur « When my love comes down » et son entêtant riff de basse. Seul un nouveau morceau intitulé « Dreams » sera complètement foiré, comme un faire valoir pour le reste du meilleur concert que j’ai vu ce soir là. Cerise sur le gâteau,  Grinderman reprendra en rappel un vieux titre des Bad Seeds, le classique « Tupelo ».

Plutôt que de suivre la foule adolescente au concert des Wombats, je me pose devant le post rock de Red Sparowes avec Seb et Jacky. Bon le post rock, c’est vrai que c’est aussi toujours un peu pareil, et qu’il me serait impossible d’identifier un Mono, un Explosion in the sky ou un Red Sparowes, mais j’aime tellement ces morceaux fait d’arpèges mêlés ultra mélodiques qui mutent en violentes décharges saturées que je ne me lasse jamais d’en écouter, surtout en concert. Et surtout si le groupe est très bon, comme c’est le cas avec les américains. Petit signe du style (oui, il y a différents styles dans le post rock !), je reconnais à la droite de la scène un guitariste d’Isis, qui après vérification fait bien partie des deux groupes. Alors on atteint pas l’intensité de ce groupe, en l’absence d’un Aaron Turner (et de son chant surpuissant), mais on prend une bonne dose de bons décibels quand même. Il est temps de regagner la plage pour voir ce que donne notre représentant à l’eurovision, Sébastien Tellier. Son concert, que j’ai écouté de trop loin et trop distraitement pour vraiment le juger objectivement, est un mélange de morceaux rocks convaincants et de sous Jean Michel Jarre daubique. Le personnage est soit marrant soit pathétique suivant que l’on aime ou pas ses interventions bizarres et sa manière de s’allonger sur le piano ou de faire l’amour à un ampli de retour. Pour plus d’objectivité, un ami qui l’apprécie bien a trouvé le concert un peu décevant, et l’homme assez mal à l’aise sur scène. Pour finir, j’écoute une moitié de CSS, un peu à l’image de la plupart des concerts d’aujourd’hui. Les brésiliennes, notamment la chanteuse, sont très dynamiques et entraînants, mais les compos sont assez banales et la prestation globalement pas inoubliable. Après cette journée bien remplie ou j’ai pu papillonner à loisir entre des styles très différents, je rentrai épuisé et heureux de ces retrouvailles avec mon festival favori : plus jamais je ne le laisserai tomber !

 

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