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Blinking Lights (and other revelations)
8 juin 2015

SEPTEMBER 67. Lucky Shoe - GEMMA HAYES . Night On My Side

 

Si aujourd’hui je prend un peu plus de risques, il fut une époque où j’allais assez rarement en concert, et me concentrait sur des artistes dont j’étais sinon fan, du moins grand connaisseur. Le coté découverte musicale de la soirée était donc assumé par la première partie, avec son lot de bonnes ou mauvaises surprise, mais me laissant en général d’assez bons souvenirs, et un attachement particulier à certains groupes auxquels je n’aurais sinon accordé aucune attention.  September 67 et Gemma Hayes font partie, dans un style assez semblable, de ces premières parties qui m’ont marqué. Bien que les raisons en soient assez différentes, chacune aura su capter mon attention avant tout par un morceau très accrocheur, dont le titre et la mélodie me restèrent en tête bien des mois après l’avoir entendu sur scène. Ces titres s’appellent respectivement « What ‘s Wrong with Alice » et « Let a Good Thing Go ».

 

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Le tout premier concert de ma vie fut, à l’âge avancé de 20 ans, celui d’Eels pour la tournée Beautiful Freak, en 1997. Et donc en réalité, le tout premier concert de ma vie fut la première partie d’Eels, un duo féminin américain du nom de September 67. Je me souviens des deux nanas, ressemblant à de jeunes mères de famille un peu baba cool, la chanteuse en robe à fleurs et sandales. J’avais été impressionné de les voir si détendues, comme si donner un concert devant 200 personnes qui ne connaissaient rien à leur chansons à des milliers de km de chez elles était la chose la plus naturelle du monde. Je me souviens peu des chansons interprétées par September 67 ce soir là (un peu balayées par la prestation exceptionnelle de Eels), excepté de la mélodie de « What’s wrong with Alice » qui m’étais resté dans le cœur. J’achetais Lucky Shoe dès que je le trouvais d’occasion, et comme j’avais peu de CDs à l’époque, il tourna en boucle et je le connais par cœur aujourd’hui. Le sens de la mélodie et des arpèges de Shannon Worrell, sa très belle voix, cherchant avec aisance les aigus tout en conservant du mordant sur certains passages et les subtils apparitions de cordes, de batterie et de tout un tas d’instruments discrets font de ce disque sans prétention un concurrent reposant à certaines folkeuses actuelles se prenant un peu trop au sérieux. September 67 propose une pop acoustique teinté tour à tour de rock, de folk ou de blues, support à des textes parlant de relations humaines,  de tranches de vie universelles. Le ton est mélancolique ou triste la plupart du temps, mais sans être le moins du monde plombant. On est accroché par les superbes guitares et voix mêlées de « Setting the old House on Fire », par le rythme de « Poor Boy », par la douceur de « Bring back the Weight ». et on se reprendra souvent à poser sur la platine cet agréable voyage vers le passé.

 

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En 2001, le concert de Sparklehorse pour lequel je me déplace spécialement à Paris n’est que le 7eme que je fais. J’ai en revanche bouffé de la musique comme jamais depuis 1997, suis bien plus critique et commence à prendre mes distances avec la radio et les groupes trop vite montés en épingle. D’où mon regard plus que soupçonneux au tract qu’on me tend et qui vente le premier Ep  d’une très jeune et jolie demoiselle, Gemma Hayes, qui va avoir l’honneur d’ouvrir pour le groupe de Mark Linkous. Je ne le sais pas encore, mais c’est elle qui sauvera à mes yeux cette soirée, son énergie et son sourire contrastant avec la maladresse et la fatigue de Linkous (je ne reviendrais pas sur cette déception, renforcée sans doute par un vécu personnel assez déprimant à cette époque).  Bref, la prestation de la belle et son groupe m’avait contre toute attente emballée. Sa guitare folk distillant de belles ballades mais aussi des rocks bien plus appuyés semblaient comme une réponse ensoleillée à la musique magnifique de Sparklehorse, et lorsque Gemma Hayes viendra poser sa voix sur « Homecoming Queen » en toute fin de soirée, elle en ferait presque oublier que Linkous se plante d’accord toute les 3 mesures. Je retenais surtout une chanson sur laquelle le groupe s’était particulièrement éclaté, un « Let a Good Thing Go » qui m’avait décidé à acheter l’album, une fois que celui-ci serait sorti. Bien que cette idée me soit restée dans un coin de la tête, je ne pu la mettre en application que cette année, alors que je déterrai Night On My Side des bacs à invendables de chez Yosemite en compagnie de plein de petits Eps,  ironiquement quelques semaines à peine avant que Mark Linkous nous fasse sa révérence.  Night On My Side est tout à fait fidèle au souvenir que j’avais de Gemma Hayes, une folk arrangée joliment souvent passe partout, mais qui sait parfois s’énerver, un parfum du premier Alanis Morissette avec une voix plus sobre, plus douce, qui fait des merveilles sur les ballades du style « Ran For Miles ». L’album débute de manière originale par un très court titre, et se poursuit tranquillement jusqu’au fameux « Let A Good Thing Go », aussi explosif que dans mon souvenir, assez bon pour qu’il ait traversé ces 9 années dans un cerveau bien chargé musicalement. Malgré un coté grand public qu’on retrouve sur pas mal de morceaux, le ton est empreint d’une certaine mélancolie, accentuée par un propos qu’on devine plus grave et réfléchi que les thèmes adolescentes de la première Avril Lavigne venue. Le coté sombre de « Tear in my side » et la tension de «Lucky One », qui éclate en vague saturées, sont là pour témoigner de la qualité d’écriture de Gemma Hayes, et suffisent à justifier la possession de Night on my Side  pour qui aime aussi les disques simples, bien plus proches de Sparklehorse que les arabesques prise de tête des Grizzly Bear et consorts.

Aux dernières nouvelles, Les gonzesses de September 67 sont retournées à leur sculpture, leur petite famille ou que sais-je encore après leur unique disque. Quant à Gemma Hayes, bien que je n’en aie jamais entendu parler nulle part en France, elle sort régulièrement des albums et semble être très connue dans son Irlande natale.

There were times during the making of this album when i could not hold down a conversation with someone without having a fucking panic attack. At the same time i have never felt so alone. Music is a beautiful untamed beast. It can tear you apart if you let it. It can also revive you when your dead inside. I hope who ever is reading this enjoys this album for what it is, or what it becomes for you. Just make it your own, i guess.  – Gemma Hayes

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