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Blinking Lights (and other revelations)
8 juin 2015

JERRI - 12 Mars 2010 - le Sonic - LYON

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Le passage à Lyon de Jerri, auteur d’un de mes albums favoris de l’année dernière, me donnait une bonne occasion de découvrir le Sonic, haut lieu de la culture underground de ma belle ville. Bon, en fait j’ai pas trouvé ca terrible, le Sonic, j’ai du m’embourgeoiser à force d’aller à l’Epicerie Moderne. Premier mauvais point, impossible de trouver sur le net l’horaire et le prix du concert… heureusement que mon pote Ben, du Bernie Madoff Orchestra, a reçu un flyer. Ca ne nous empêche pas de trouver porte close lorsque nous nous pointons devant la fameuse péniche avec Mike, collègue de boulot appréciant la bière et les découvertes. Nous patientons dans un bar brésilien proche où j’en profite pour manger un morceau (anchois marinés et charcuterie, le genre de menu interdit aux célibataires. A mon avis, le chanteur de Jerri avec qui j’ai discuté à une distance dite « proximité de salle où il y a un boucan pas possible » va se souvenir de moi).

Raymonde Howard, une stéphanoise amie de Jerri, attaque la première partie en compagnie de son batteur. Une guitare électrique, une pédale d’effet, deux micros et un batteur puissant et précis, une formule simple et efficace pour un rock minimaliste mais entrainant. Enfin, simple en apparence, car je connais bien les difficultés à assurer le niveau sonore et la précision de ses accumulations de boucle de chant ou de guitare sortant d’une loop station. Laetitia Fournier (alias Raymonde) maitrise le truc, et a la voix qui va bien pour donner un supplément de personnalité à ses chansons, souvent courtes et intenses (un petit coté PJ Harvey, référence obligée des filles qui en ont…). Bref, une très agréable entrée en matière…

Laetitia Sadier s’assoie devant son micro, le public se presse devant la scène. Après quelques minutes je nage à contre courant avec mes collègues pour rejoindre le bar : pas vraiment dans la bonne disposition pour écouter ces morceaux calmes et tristes. Un mot me viendra à l’esprit pendant ce court concert : saudade. Avec toutes les réserves d’usage concernant un set que j’ai écouté distraitement en buvant de la bière et en tapant la discute avec mes potes, l’ensemble m’a semblé assez commun et fade.

C’est enfin au tour de Jerri de monter sur la minuscule scène. Avec leur matériel (batterie, gros claviers, platine, guitares…), ils ont à peine de quoi se mouvoir. Sachant qu’ils changent d’instrument sur presque chaque morceau, nous aurons droit à de nombreux numéros de contorsionnistes, les câbles des instruments s’apparentant  au fil du concert de plus en plus à un plat de spaghettis. Qu’importe, l’ambiance est au beau fixe dans le groupe qui ne ménage pas sa peine et offre des versions de ses titres remaniés pour la scène. A l’opposé du concert chirurgical de l’Epicerie Moderne, le coté détendu de Jerri et le public debout marquant le rythme contrebalancent largement le son médiocre du Sonic et les quelques imprécisions qui arrachent de grands sourires aux quatre gars.  Connaissant maintenant par cœur l’album, je prends  plaisir à noter les ajouts et les prolongations des morceaux, le final étant en ce sens particulièrement remarquable. Mickael Mottet parle juste ce qu’il faut et se démène dans le peu d’espace dont il dispose. Il fera une amusante transition (probablement involontaire) entre la promo de son disque («achetez le pour nous encourager ! ») et le lancement de « I don’t need your fucking record to love you ». Si Dimitri Mbakop n’est pas là pour slammer sur ce morceau, Jerri en délivrera une version longue que n’aurait pas reniée Sonic Youth, offrant au meilleur batteur des quatre un fond sonore idéal pour démontrer l’étendue de son talent. Outre les dix titres de l’album Jerri, le groupe jouera un morceau inconnu plutôt punk du plus bel effet, et terminera par un rappel explosif avec « Cum-opera(ted) ».

C’est Mickael qui est une nouvelle fois de corvée de fan, et nous discutons autour des vinyles qu’il a fièrement sorti sur le comptoir. Il semble touché de mes sincères compliments sur l’album, et me confie que les deux concerts auquel j’ai assisté, bien que très différents, sont les meilleurs qu’il ait fait. Sans avoir une vision claire de l’avenir lointain du groupe, une chose est certaine : il sortira un nouvel album. Le groupe souhaite prendre un peu plus de temps, notamment pour ajouter des cordes et des cuivres et soigner l’arrangement. Une perspective qui m’inquiète un peu, ayant beaucoup apprécié le coté brut et direct du premier album, et trouvant que la surproduction pollue bon nombre des albums récents que j’ai pu écouter. Mais faisons confiance à Jerri pour nous étonner avec ce nouveau challenge, qui les conduira peut être à une reconnaissance méritée. C’est en bonne voie, puisqu’ils sont (pas encore) annoncés aux Nuits de Fourvière*.

(* malheureusement en première partie de deux bobos français peu à mon gout, et que j’ai déjà vu en concert en plus ! Prière à mes 3 lecteurs et demi de garder leur langue, tout ceci est ultra confidentiel ;)

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