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Blinking Lights (and other revelations)
8 juin 2015

EUROCKEENNES - Samedi 03 Juillet 2010 - Belfort

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Réveil en douceur le samedi pour un bon café chez l’ami Cédric, avant d’aller squatter le lac de Seb et ses frais rivages. Lieu mythique ayant accueilli de bons barbecues bien arrosés de ma période Belfortaine (voir  la première photo de ce blog…), ce petit coin de paradis voit débarquer aujourd’hui trois couples avec leur gamin, et Cédric et Ben pour compléter le groupe. Pique nique, baignades, repos, discussions, et rires d’Héloïse, Maud et Louis. Je diffuserai quelques photos de cet excellent moment, mais pour l’instant il s’agit de quitter l’herbe verte et le calme ombragé des bords du lac pour nous vautrer dans la poussière écrasée de chaleur du temple du rock, bien fissuré mais encore debout, en témoigne le programme du jour sentant relativement bien la sueur et la bière.

Après le traditionnel trajet en vélo, notre trio de la veille augmenté du sieur Julien s’approche tranquillement du chapiteau sous lequel Emilie Simon a commencé son set. Ben a un bon souvenir de son précédent passage aux Eurockeennes, alors que je n’avais pas trouvé son concert approprié pour un festival de ce genre. C’est aujourd’hui bien différent, puisque la française évolue en trio, une batterie, une basse, et elle au chant et clavier. Le registre sonne assez années 80, évoquant parfois David Bowie et souvent les chanteuses de l’époque du style Kim Wilde. Du coup je trouve les morceaux plus adaptés à un concert en plein air, alors que Benoit regrette les titres plus intimistes de ses précédents albums. Nous serons tous d’accord pour dire que le principal intérêt du concert était quand même le joli physique d’Emilie Simon, bien emballé dans une tenue d’hôtesse de l’air à paillettes.  Nous voilà partis vers la grande scène, rien d’autre de plus passionnant qu’Airbourne n’étant programmé à cette heure. J’avais vaguement entendu parler de ce groupe, mais n’en attendait pas grand-chose. Erreur, car c’est bien ce quatuor Australien qui allait enfin rappeler à Belfort qu’on était en territoire rock. Alors certes, on pourra leur reprocher de plagier allègrement leurs illustres compatriotes AC DC : même voix éraillée, même base hard rock à papa, même construction dans les morceaux. Mais pourrait on leur en vouloir de parodier un groupe qui s’auto parodie depuis 20 ans ? D’autant que les compos sont là, bien troussées, entrainantes, accrocheuses (bien plus que celles, par exemple, des Dead Weather…). Mais c’est surtout l’attitude du groupe qui va rapidement emporter mon adhésion. Dans la plus pure tradition du genre, les gars se déchainent et le leader use de tout les clichés, entre solos juché sur les épaules d’un roadie et fracassage de canettes de bière sur le crane. Dans un moment d’anthologie, il va grimper, sa guitare sur le dos, en haut d’un des pylônes qui soutient la grande scène. D’une trentaine de mètres, il exécutera alors sans autre sécurité que sa jambe fermement serrée contre un des échelons de la structure un solo de métalleux avant de redescendre sur le plancher des vaches comme si de rien n’était. Enorme ! Plutôt qu’un General Elektriks douteux, je décide d’emmener notre bande tester son audition au concert de Serena Maneesh, un groupe shoegaze dont je n’ai jamais entendu parler. Nous arrivons assez en retard suite à un plantage de ma part (nous avons assisté à un bon quart d’heure des balances de Hindi Zahra & el Tanbura sur la plage avant de nous rendre compte que nos norvégiens officiaient à la loggia), mais cela valait sans doute mieux pour nos oreilles. Les fondamentaux de la tribu revival shoegaze qui sévit cette année sont là : un son trop saturé, le volume à la limite du supportable et un canon à la basse. Comme tout les groupes du style, Serena Maneesh a beaucoup écouté le Velvet, et semble avoir oublié que derrière les murs de larsens de My Bloody Valentine il y avait de sacrées mélodies. Les deux derniers titres exécutés sont néanmoins assez bons, et puis la blonde bassiste qui se déhanche en rythme est décidément très agréable à regarder. Malheureusement c’est son compère le guitariste défoncé qui descend embrasser les quelques fans qui se pressent contre les barrières à la fin du concert.

C’est l’heure de la pause casse croute, un sandwich au magret moins bon que prévu avalé au son rébarbatif des dinosaures du ska the Specials, qui non content de jouer toujours la même chose ne sont ni drôles ni même simplement funs.  Lorsque nous arrivons sous le chapiteau, une foule compacte est déjà la pour ne pas rater LA sensation de 2010, j’ai nommé les hyperhypes XX. Je compte bien en découvrant leur musique ce soir comprendre l’engouement d’un grand public en général peu porté sur d’aussi discrets personnages. Je mets un bon moment à rentrer dans le concert, à m’habituer au style minimaliste du trio. Le son de guitare me semble déplaisant,  et je n’ai pas l’habitude de cette batterie électronique jouée à deux doigts. Les voix sont en revanche très agréables (surtout celle du bassiste), et le jeu de lumière bien étudié, si bien que je finis par me faire cueillir par la douce torpeur installée par les XX. Voici sans doute le seul jeune groupe que j’ai vu ce week end à avoir un style propre, une touche personnelle qui permettrai de saisir leur succès si leur musique n’était si froide et aux antipodes des autres gros buzz de ces dernières années. Le public d’ailleurs, bien que connaissant majoritairement les morceaux,  semble hésitant, tapant dans ses mains pendant les brefs passages où les chansons s’emballent avant de retomber dans leur habitude mélancolique. Parmi tous ceux qui sont présents, combien sont réellement fans, combien écouteront encore les XX dans deux ans ? En discutant après coup avec mes deux comparses d’Hello Darkness, nous nous rendons compte que les Londoniens auraient du rester un groupe underground. Ils sont l’illustration qu’aujourd’hui, ce n’est plus le public qui choisit ses stars, mais une masse médiatique qui s’emballe qui le fait pour eux. Après avoir passé un agréable moment, je commence à me lasser et file vite me placer devant la grande scène.

Voici en effet venir l’heure du concert crétin. Les conditions sont optimales, puisqu’une grosse pluie tombe soudain sur les rangs serrés des spectateurs impatients. Non seulement on va avoir de la boue, mais la foule est frigorifiée et a hâte de se réchauffer en pogottant à qui mieux mieux. Et les voilà qui débarquent sur scène déguisés en scouts marins ! Les Hives se lancent pour plus d’une heure de n’importe quoi, entre rock bourrin imbécile et discours faussement mégalos et agressifs du chanteur leader, idéals pour se reposer un peu. Ultra efficaces, les morceaux s’enchainent aux traits d’humour de Pelle Almqvist tandis que le public piétine joyeusement toutes sortes d’affaires que des malheureux ont laissé tombé. Des morceaux de tissus imbibés de poussière boueuse me passent au dessus de la tête alors que j’ai opté pour la technique dite « du pogotteur aux bras fous », qui permet après quelques baffes de voir se former un cercle prudent d’1 m autour de soi. Je suis récompensé de mon comportement par le trophée du meilleur crétin, en l’occurrence la baguette de Chris Dangerous tombée au milieu de mon fameux cercle de sécurité.  Après cet épisode fatiguant mais jouissif, j’essaye de pénétrer dans le chapiteau pour prendre ma dose de Ghinzu. Comme il s’est remis à pleuvoir je dois me frayer un passage à travers le mur de bœufs entassés autour du seul abri du site. Je retrouve le groupe Belge venu rattraper un concert de l’an passé stoppé par une panne de courant. Et ils la veulent, leur vengeance ! Le public prend dans les oreilles un bon extrait de l’excellent concert que j’ai vu avec mon frangin au Transbordeur. Il est plus de deux heures lorsque nous laissons Julien, qui n’en a pas eu assez, aux prises avec Vitalic, alors que nous regagnons les oreilles sifflantes notre nid douillet sous les toits.

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