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Blinking Lights (and other revelations)
9 octobre 2016

# 036 / 221

 

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Le Velvet Underground est le groupe pour lequel l’adjectif culte a été inventé. Cité en référence par quantité d’artistes, notamment la scène punk dont j’étais féru, il était normal que je m’y intéresse assez rapidement. Cela dit, le Velvet Underground est aussi un des exemples les plus frappants de « groupe que je devrais aimer mais en fait non ». Bizarrement à la fois trop sage et trop expérimental, le groupe de Lou Reed ne m’a marqué, malgré d’incessantes tentatives, que par le premier de leurs disques qui me soit tombé entre les oreilles, Loaded, ce qui constitue probablement une preuve supplémentaire que je ne goute décidément pas aux mythiques New Yorkais. Loaded est en effet le dernier album (1) d’un groupe au bord de l’explosion, dont le leader claquera la porte avant même la parution officielle et qui sera (cause autant que conséquence de ladite sortie) très largement phagocyté par Doug Yule, remplaçant du membre originel John Cale. Multi instrumentiste de talent doté d’un caractère affirmé, c’est donc assez logiquement qu’il s’impose à longueur de piste sur Loaded, d’autant que Lou Reed est un peu fatigué par une gigantesque tournée (pendant laquelle il ne devait pas carburer qu’à l’eau claire). 

En plus d’avoir été plus ou moins renié par le père fondateur du Velvet, Loaded est (volontairement) beaucoup plus classique et accessible que ses prédécesseurs, ce qui en fait le parent pauvre de la discographie du groupe aux yeux des fans de la première heure (très peu nombreux, selon la légende), mais un chef d’œuvre à mes oreilles (je l’avais d’ailleurs enregistré en intégralité, ce qui, les quelques habitués de cette rubrique le savent, était rarissime à l’époque). Gorgé de morceaux d’une simplicité et d’une efficacité incroyable, Loaded revisite en 10 titres l’histoire du rock, touchant sans en avoir l’air à la pop, rock n roll, blues, gospel et profitant d’un chant optimal et d’une redoutable guitare solo, si mesurée qu’elle en devient presque frustrante. Autre grande qualité de Loaded, c’est le remplacement de Moe Tucker (dont le jeu n’est sans doute pas étranger à ma désaffection pour le Velvet) par de vrais batteurs achevant de donner aux titres du disque des allures de grands classiques. Outre la très connue « Sweet Jane », quintessence de la chanson grandiose tenant sur quelques accords (Charles Thompson IV prend des notes), notons « Who Loves the Sun » morceaux de pop parfaite en ouverture, la mélancolie de « New Age », un « Train Round the Bend » évoquant Creedence au meilleur de sa forme et le flamboyant blues final « Oh ! Sweet Nuthin’ » contenant l’un de mes solos de guitare favoris. 

Si j’ai depuis accroché à d’autres chansons du Velvet ou de Lou Reed en solo, pas un seul de ces albums n’est arrivé à la cheville de Loaded dans mon panthéon personnel… 

 

(1)  Squeeze ne compte évidemment pas

 

 

 

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On l’a vu avec le Velvet Underground, il y a toujours un moment où les vieux fans s’éloignent de leur groupe fétiche, moment qui correspond plus ou moins à l’ascension dudit groupe dans les tops vente et son appropriation par, horreur, le grand public. Pour Noir Désir, certains avaient déjà tiqué avec Tostaky et son immanquable tube du même nom, mais la fracture s’est définitivement faite sur 666.667 Club et sa cohorte de singles radiodiffusés. Pile entre la parution de ces deux albums était sorti un fameux double live intitulé Dies Irae, qui fut mon premier vrai contact avec le fer de lance du rock français (1). 

Elle s’appelait Caroline, c’était une jolie petite blonde qui sortait de longue date avec un rugbyman géant prénommé Fred, l’un des 15 gars de mon groupe de TD qui m’avait adopté malgré mes évidentes lacunes sociales. Pourquoi elle sortait avec ce gros macho lourdingue de Fred, voilà un mystère de l’existence que je ne résoudrais que bien des années plus tard. Mais l’essentiel était cet autre mystère qui consistait à voir ce couple trop cool me considérer comme sinon un ami, du moins un gars assez proche pour l’inviter régulièrement dans la chambrette estudiantine de Caro. Donc cette fois-là, nous voilà tous les trois à boire une bière en discutant et en écoutant Dies Irae. Le début de l’album est vraiment convainquant, mais un incident va m’empêcher d’en apprécier le reste : la rencontre avec mon premier joint va rapidement me projeter à plat dos dans le couloir, suffocant et le cœur au bord des lèvres, sous le regard hilare de mes deux compagnons et celui interloqué des demoiselles regagnant leur logis dans cette aile féminine de la Cité U (c’est pas encore cette fois que j’avais gagné des points…). 

Inutile de dire que ce fut mon unique expérience avec la cigarette qui fait rire, en revanche je décidais de m’intéresser à Noir Désir, mais l’histoire me devança : 666.667 Club fut le succès qu’on sait et si je temporisais quelque peu devant cette déferlante, c’est bien par cet album que j’entamai ma découverte du groupe. Je l’enregistrai quasiment intégralement, mis à part trois morceaux dont je ne me souviens plus du tout d’ailleurs. Si l’on exclue l’instrumental introductif assez expérimental (avec de la bombarde, notamment) qui préfigure le futur Noir Désir (qui ne verra que partiellement le jour pour les raisons que l’on connait), les compositions restent assez classiques pour le groupe, mais avec un son relativement plus sage et des arrangements moins bruts, caractéristiques qui provoqueront donc le scepticisme de certains habitués des Bordelais. C’est vrai que malgré des titres faussement bravaches comme « Fin de Siècle », il n’y a véritablement que le punkoide « Comme elle Vient » (l’un de mes Noir Dez préféré) qui soit sur un tempo très soutenu. Qu’importe, le groupe a toujours particulièrement brillé sur ses ballades, et il en est deux superbes ici, « A ton Etoile » (trois accords) et surtout « Septembre, en Attendant », chanson hypnotique et tendue dans les meilleures produites par le groupe. 

Coté textes, on retrouve la plume particulière et inimitable (inégalée ?) de Cantat, cette manière d’être direct tout en conservant une part de mystère,  d’évoquer un thème par images et expressions détournées qui est si rare chez les compositeurs français - les textes de Noir Désir sont d’ailleurs bien meilleurs en français qu’en anglais, particulièrement sur cet album, et vont jusqu’à sauver quelques titres, comme l’irritant « L’homme Pressé ». La peinture de cette fin de siècle, malgré quelques piques politiques faciles, est assez brillante et sonne aujourd’hui comme un curieux mélange de nostalgie et de mauvais augure, le siècle suivant ayant commencé un certain 11 Septembre 2001, qui fut aussi la date de sortie du successeur de 666.667 Club. Des Visages des Figures, dernier album de Noir Desir et de très loin mon favori (2). 

 

(1)  Ce qui montre bien les lacunes énormes que j’avais en cette année 1995

 

(2)  En fait, j’aime aussi beaucoup l’album de remixes…

 

 

 

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N’est-ce pas amusant de voir succéder au plus célèbre groupe de rock français  ce bon vieux Jean-Jacques, autrement plus populaire, vendeur, et donc suspect aux yeux des chantres du bon gout dont je désirais tant faire partie ? Aussi faisais je tout mon possible pour ignorer Goldman, et marquer d’un mépris un peu forcé ses nombreux fans dont Martin, collègue du club de judo qui possédait l’intégrale de notre Assurancetourix national. Las, il y a chez Goldman des qualités mélodiques auxquelles j’ai toujours été sensible (mon premier vinyle était le 45T de « Puisque tu pars »), et j’avais d’ailleurs emprunté avec je ne sais quelle contorsion sémantique tous les disques de Martin pour me constituer une double cassette best of que j’aurai peut-être le courage de réécouter un jour.

En Passant voyait le guitariste à la voix perchée revenir en solo après une échappée de 8 ans avec Michael Jones et Carole Fredricks qui n’avait fait que conforter sa place de serial vendeur, c’est peu dire que l’attente des fans était à son comble. Et le résultat dépassa toutes leurs espérances : laissant derrière lui les productions 80’s de ses vieux tubes, mais conservant sa plume naïve et ses compos gentillettes qui plaisaient à tous, Goldman cassa la baraque et occupa les ondes des mois durant avec les différents singles tirés de En Passant. De mon côté, on voit bien ma position hypocrite de l’époque, genre ca m’intéresse je prends le disque mais bon, en fait je n’aime pas trop alors je retiens que le minimum pour finir la cassette… Bref, passé un « Sache que je » assez fade, on enchaine sur « Bonne Idée » dont le riff de guitare résonne encore douloureusement à mes oreilles (TOUT les bons guitaristes jouaient cette chanson pour se la péter auprès des minettes, et moi je ne savais jouer que du Pixies ou du Pumpkins plus facile qui n’intéressait personne). « Le coureur » est plutôt un bon rock pépère qui raconte une fable sur la marchandisation du sport (un thème à la Noir Désir traité façon Goldman, quoi)  et « Natacha » une petite ballade au piano, de ces modeste doux titres de Goldman pour lesquels j’ai toujours eu un faible, et qui passe encore bien aujourd’hui.

Alors, je vous vois frustré de n’avoir que si peu à vous mettre sous la dent et bien je vous rassure : Goldman (tout comme Noir Désir d’ailleurs) reviendra en live prochainement rien que pour vous (et j’en suis le premier surpris).

 

 

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Commentaires
C
Comme je n'ai pas envie de me faire lyncher par les dépositaires du bon goût je ne dirai rien sur Goldman, je l'ai déjà fait la dernière fois. ..mais j'aime encore bien jouer "Sache que je " au piano. ..😋<br /> <br /> Pour le Velvet je me rends compte que le groupe ne m'intéresse pas trop en fait à part le 1er album que j'ai beaucoup écouté. ..<br /> <br /> Et pour Noir Désir c'est à partir de cet album qu'ils ont commencé à m'énerver, sans doute le succès j'étais bien plus snob à l'époque ! 😄<br /> <br /> Donc je le connais un peu moins bien mais il est pas mal sans être mon préféré. ..
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E
Je ne vais pas m'éterniser sur Goldman, auquel je suis allergique.<br /> <br /> Loaded - Squeeze mis à part - est sans doute le Velvet que je connais le moins. Celui qui m'a le moins intéressé. Les deux éponymes (celui avec, et celui sans Nico) étant mes préférés. <br /> <br /> 666 est mon deuxième Noir Dez préféré (après Des Visages Des Figures), puisque je considère qu'ils ont eu une trajectoire ascendante tout au long de leur parcours (j'aime aussi énormément l'album de remixes, avec une version dub de One Trip One Noise qui a servi de bande son à l'un de mes premiers flirts, et la version de Fin de Siècle qui surclasse même l'originale à mon goût). <br /> <br /> Bon et sinon, Caroline et Fred sont-ils toujours ensemble ?
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