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Blinking Lights (and other revelations)
9 décembre 2021

# 157 / 221

157

 

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And then nothing Turned itself inside out avait la dure tache, en tout cas à mes yeux, de succéder au fabuleux album I Can Hear the Heart Beating as One qui avait placé Yo La Tengo en bonne position dans mes groupes fétiches.  S’il fait mine d’en reproduire l’éclectisme, au travers d’un extrait noise rock marchant sur les traces de Sonic Youth (« Cherry Chapstick ») ou d’une pure chanson pop (« You can have it all »), And then nothing Turned itself inside out est surtout l’album d’une ambiance, celle représentée par sa très belle pochette : le crépuscule. A l’image du très beau morceau introductif « Everyday », chant doux, batterie (ou plutôt percussions) jazz ou latino en sourdine et basse épurée répétitive côtoient des guitares slidées d’une pureté poignante pour nous projeter dans le calme d’un début de nuit d’été, lorsque les lumières publiques s’allument sur une banlieue sur le point de s’endormir. J’aurais pu trouver cette teinte principalement apaisée décevante, mais l’équilibre atteint par Yo La Tengo entre mélodies et rythmique ambient est si subtil qu’il emporte sans ennuyer, même sur « Night Falls on Hoboken », morceau fleuve de 17 mn clôturant le disque comme un coucher de soleil.

Et puis il y a cette merveille d’« Our Way to Fall », l’une des plus belles chansons des 90’s. Adolescent, tu es assis dehors dans la chaleur d’un crépuscule d’été, regardant les étoiles à côté de la jeune fille autour de laquelle tu tournes depuis des mois. Cette fois les conditions sont idéales pour tenter quelque chose, mais tu tremblotes malgré la tiédeur, tu hésites, alors que putain Dieu sait que si elle est là ce soir et pas ailleurs c’est bien pour quelque chose mais non, toi tu doutes parce que tu t’en es pris des râteaux et puis faudrait pas gâcher le truc et puis  comment s’y prendre et puis si tu t’étais fait des idées et puis…. A un moment, sans trop savoir pourquoi, sans doute un signe quasiment imperceptible d’un côté ou de l’autre, ça y est-elle est dans tes bras et elle t’embrasse. Tu ne le sais pas encore mais ces moments fugaces seront les meilleurs de ton existence, rien n’en égalera l’intensité. Bien des années après, quand tu voudras en approcher l’émotion, il te restera quelques stratagèmes. Et puis « Our Way to Fall ».

 

 

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Je découvrais le deuxième album de Mercury Rev après tous les autres, ayant eu du mal à le trouver à la médiathèque. Boces s’inscrit dans la lignée du Yerself is Steam sorti 3 ans auparavant, mais sans en atteindre l’envergure. Des deux morceaux atteignant les 10 mn je n’avais conservé que le premier, « Meth Of A Rockette's Kick », où l’on retrouve ce mélange unique de douceur pop et de noise déjantée, de montagnes russes psychédéliques et d’accélérations brusques et saturées. La flute de Suzanne Thorpe a encore un rôle majeur, les cuivres free jazz explosent en feux d’artifices fugaces et colorés, David Baker hulule pour la dernière fois par-dessus le chaos de son chant aléatoire, le punk met parfois un pied dans la porte (« Bronx Cheer »), les musiciens sont solides mais les compos un peu moins. On découvre cependant avec surprise que la ballade « Downs Are Feminine Balloons » n’aurait pas dépareillé sur l’album de Yo La Tengo entendu en début de cassette ! Un sympathique foutoir qui ne rivalise cependant pas avec les deux autres disques de la période bruitiste de Mercury Rev.

 

 

 

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Et soudain, c’est le drame. J’ai en cette rubrique confessé le plaisir coupable que constituait pour moi le Live Yessongs, sorte de best of d’un rock progressif inspiré professé par Yes à leurs débuts (70’s). Ici évidemment, une décennie a passé et aucune excuse n’est envisageable pour avoir enregistré, même dans une si faible part, ce 90125 (nommé d’après le numéro de catalogue de l’album chez Atlantic, c’est tout dire) dont le tube « Owner Of A Lonely Heart » et ses insupportables breaks assura des ventes par pelletés chez les winners d’une société de consommation en plein boom. Toute la misère aseptisée des 80’s étalée en claviers grotesques et batterie de stade dont les meilleurs moments évoquent les pires avanies produites par les Who en fin de course. On ne m’y reprit plus.

 

 

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