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Blinking Lights (and other revelations)
10 février 2022

# 160 / 221

160

 

 

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Yo La Tengo a toujours été féru de reprises, ne perdant pas une occasion de rendre hommage en érudits à quantité d’artistes qui les ont inspiré, sur scène comme sur disque, poussant même l’exercice très loin avec des séances de requêtes radiophoniques improvisées enregistrées pour une cause humanitaire et sorties sur le très drôle Yo La Tengo is murdering the Classics. Nous sommes ici bien plus tôt dans leur discographie en 1990, avec un Fakebook qui fait justement la transition entre leur première période un peu garage et leur géniale carrière de rock indé en trio, Dave Schramm y signant sa dernière participation et le bassiste James McNew arrivant sur l’album suivant, May I sing with me, coup d’envoi d’un groupe au line up et au style stabilisé.  Symboliquement, Fakebook mélange donc compositions et reprises, celle-ci étant néanmoins les plus nombreuses. On y trouve pas mal d’extraits country interprétés de manière charmante et joyeuse par Yo La Tengo, quelques ballades rockn n roll et des extraits plus mémorables, comme la superbe « You Tore me Down » où les deux voix de Ira Kaplan et Georgia Hubley font merveille, ou « Speeding Motorcycle »  tribut au parrain du Lo-Fi américain Daniel Johnston, que je ne cesserai de trouver au détour des albums de mes groupes favoris. Les compositions dénotent un peu par un coté nettement plus moderne, que ce soit les dissonances de « the Summer » ou les fameux solos d’une guitare au son enjôleur qui seront bientôt la marque de fabrique des ballades mélancoliques de Yo La Tengo (« Barnaby, hardly working »). Disque mineur qui sent la fin d’une époque, Fakebook est aussi porteur de promesses qui seront tenues au-delà de nos espérances pendant la décennie 90’s.

 

 

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Groupe de rock alternatif apparu à la mi-temps des 90’s et plébiscité par les amateurs du genre, Deus aurait dû à ce titre faire partie de mon univers musical, au moins à partir de the Ideal Crash, omniprésent au moment de sa sortie (1998) dans la presse et dans les tops en tout genre. Rattrapant mon retard j’empruntais donc ce classique mais, bien que l’ayant enregistré quasi intégralement, n’allait pas plus loin dans ma découverte du groupe (1), la réécoute ne me faisant pas réévaluer l’album. « Put the Freaks up Front », premier et meilleur titre de the Ideal Crash, expose toutes les qualités qu’on pourra y trouver, un rock intense empreint d’une ambiance légèrement oppressante, et recours à des dissonances originales souvent bénéfiques à des compositions qui, par ailleurs, manquent selon moi d’une certaine efficacité. Les structures complexes, flirtant parfois avec le prog (« the Magic Hour »), ainsi que des sons de claviers peu à mon gout, voici sans doute ce qui m’aura empêché d’être touché par l’univers de Deus malgré sa proximité avec d’autres groupes dont je suis féru, au premier rang desquels leurs compatriotes Belges Ghinzu dont le premier album sortait justement en 1998. Deus avait un côté précurseur, faisant le lien entre le rock alternatif 90’s et les groupes du « renouveau » rock fleurissant au début des années 2000, et il pourrait être intéressant de voir comment ils vécurent cette période : à priori dans la douleur, puisqu’il leur faudra 7 ans pour donner un successeur à the Ideal Crash. Comme je l’ai dit en préambule, j’en resterais là avec Deus, qui, sauf erreur, ne retrouvera jamais les premières pages des médias musicaux, à tort ou à raison (je n’ai jamais écouté les quatre albums suivants). Restera dans ma mémoire l’incroyable « Instant Street », débutant comme une ballade folk anodine et se mutant en tempête saturée en suivant le chemin d’une incroyable partie de guitare solo finale. 

(1)    J’y reviendrais bien plus tard sur l’insistance de certains potes avec le précédent (In a Bar, Under the Sea), sans plus de succès.

 

 

 

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Sorti en 1998, Munki est le dernier album de the Jesus and Mary Chain avant un split qui durera une vingtaine d’années (reformation pécuniaire en 2015 assortie d’un album moyen que je ne me rappelais même plus avoir chroniqué en ces pages). Changeant de label pour le légendaire Sub Pop, les frères Reid réussissent à enregistrer sans se croiser (de peur de se foutre sur la gueule comme de vulgaires Gallagher) un album qui m’avait beaucoup plu, si on en juge par les 13 titres sur 17 enregistrés sur cette cassette et la suivante. Je le comprends à la réécoute, tant le groupe s’est moulé dans son époque pour sortir un disque bien plus nerveux qu’à l’accoutumée, perdant en personnalité ce qu’ils gagnent en pouvoir d’attraction auprès d’un irrécupérable amateur de rock indé 90’s. C’est surtout dans sa première moitié que Munki balance la sauce sans se poser de questions, oubliant la nonchalance originelle pour un rock modernisé (on pense même sur « Virtually unreal » aux Liminanas qui doivent les avoir bien écoutés) ou puisant au contraire dans les racines punk, à l’image du riff de « Degenerate » plagiant les Stooges. Retrouvant par la suite des fondamentaux déjà ressortis des tiroirs sur le très bon « Moe Tucker » bien marqué par une basse énorme et un chant féminin charmant, the Jesus and Mary Chain se dispersent entre répertoire convenu mais toujours bien foutu (« Man on the Moon », mid tempo à l’ancienne), expérimentation paresseuse (« Commercial » et son unique accord) mais aussi quelques originalités brillantes. La ballade acoustique « Never Understood » n’est pas devenue un classique pour rien, tandis que « Black » est une fort bonne incursion du groupe dans un rock alternatif efficace sans les couches noisy habituelles des frangins écossais. Encadré par un titre bien saturé décliné en deux versions  ironiquement intitulées « I Love Rock n’Roll » et « I Hate Rock n’Roll », Munki est une belle réussite qui pourrait bien être l’album favori du Jesus and Mary Chain des gens qui n’en sont pas grand fans.

 

 

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