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Blinking Lights (and other revelations)
8 septembre 2022

# 170 / 221

170

 

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Si un jour je dispose de suffisamment de temps pour explorer la carrière discographique d’un artiste ultra prolifique, nul doute que je commencerais par celle d’Howe Gelb, fascinant personnage aux mille vies qu’on fantasme comme un des derniers survivants des musiciens à l’ancienne, aventurier guitare en bandoulière sans plan de carrière, vivant de rencontres et de concerts dans des salles importantes auxquelles son côté mythique lui aura permis d’accéder comme dans des bars miteux où ses pas l’auront mené. Aujourd’hui, j’ai suivi une partie de la piste (notamment grâce à l’acquisition d’un passionnant coffret regroupant une grosse partie de sa carrière solo), mais à l’époque de ces cassettes ce n’était qu’un nom mystérieux associé aux Calexico découverts récemment (voir épisode #112) et surtout au magnifique disque d’OP8, Slush, acheté en CD et usé depuis lors. Il n’était que temps que j’empruntasse donc un album de Giant Sand, et le hasard fit bien les choses puisque je commençais par Chore of Enchantment, sorti en 1999, à une date charnière. La carrière solo d’Howe Gelb et celle de son groupe Giant Sand ont toujours été intimement mêlées, de telle sorte qu’il est parfois difficile de comprendre pourquoi un album sort sous tel nom ou tel autre. Mais en 1997, se produit un évènement de taille : la sortie du premier album de Calexico. Joey Burns et John Convertino, la paire rythmique de Giant Sand, s’envole de ses propres ailes et laisse en plan le projet OP8. Howe Gelb sort de son côté son deuxième album solo (1), Hisser, sur lequel on trouve des chansons qui seront reprises sur Chore of Enchantment. Sorti en 1999, cet album est le dernier en trio avec Burns et Convertino, même s’ils reviendront régulièrement faire des featurings (et inversement) avec leur ancien leader, Howe Gelb entretenant avec eux un rapport mêlant rancœur et fidélité pas facile à cerner (2).

 

C’est ce mélange des genres qu’on trouve sur Chore of Enchantment, avec une bonne partie de titres dans la veine folk blues qui sied si magnifiquement à la voix rocailleuse d’Howe Gelb, secondé à merveille par la contrebasse de Joey Burns et le jeu de batterie aux balais si caractéristique de la subtilité de John Convertino. « Dusted (for the Millenium) », « Punishing Sun », « Dirty from the Rain », « Astonished (in Memphis) » sont autant de merveilles mélancoliques consacrant certainement Chore of Enchantment comme le meilleur album de Giant Sand (je le suppose, je ne les a évidemment pas tous écoutés). Quelques echos plus saturés nous rappellent les débuts du groupe et ses expérimentations tout azimuths, comme l’expéditif « 1972 » ou un « Satellite » à la rythmique beaucoup plus lourde, mais toujours bluesy. Il faut y ajouter « Shiver », légèrement plus orienté pop rock, qui deviendra l’un des grands classiques du groupe (on le retrouvera plusieurs fois plus tard dans d’autres disques), l’hommage final au mentor Rainer Ptacek (3) et l’ambiance lo fi de l’ensemble qui nous rappelle que des ponts existent nous menant à Sparklehorse ou Grandaddy. Un vrai  jeu de piste recommandable avec nombre de trésors à la clé, à commencer, pourquoi pas, par ce Chore of Enchantment…

 

(1) sorti en 1991, le supposé premier album d’Howe Gelb solo (Dreaded Brown Recluse) est en fait la première collaboration en trio avec Burns et Convertino…   

(2) Le premier titre de l’album suivant de Giant Sand s’appelle « the Calexico Audition and Failing it », anecdote particulièrement savoureuse comptée par Howe Gelb dans les notes du coffret. 

(3) son décès, qui affecta énormément Howe Gelb, survint en…1997.

 

 

 

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Ce n’est pas moi qui aurais regretté le split de Slowdive, vu qu’à l’époque je ne les connaissais pas et que je préfère de toute manière sans commune mesure le groupe que Neil Halstead fonda dans la foulée avec deux de ses acolytes, Mojave 3. Nous les avions découverts grâce à la fameuse compilation de 4AD Anakin, et introduits en cette rubrique à l’épisode #91 avec leur second album, Out of Tune. Excuses for Travellers est son successeur et reste dans cette ambiance de douceur folk agrémentée de slide guitare, portée par le chant splendide de Neil Halstead. Que le ton se fasse plus guilleret (« Return to Sender » et son banjo) ou carrément triste (« she broke you so softly », tout est dans le titre…) c’est évidemment émouvant et magnifique, même si ça le fait moins quand c’est  Rachel Goswell en voix principale ou quand les chœurs gospel s’en mêlent (les deux derniers titres). De quoi me convaincre d’acquérir ce disque que je ne possède pas, à l’inverse de son successeur que j’aurais acquis en CD dès sa sortie tellement il est génial. J’emprunterais bien plus tard le dernier album du groupe, Puzzles like you sorti en 2006, mais celui-ci s’avérera décevant (la chronique est sur ce blog). Depuis le groupe n’a plus fait parler de lui, et le 3eme et dernier album solo de Neil Halstead (Palindrome Hunches, un véritable chef d’œuvre) a été publié il y a déjà 10 ans. De quoi nous faire regretter, pour le coup, la renaissance (pourtant pas mauvaise) de Slowdive…

 

 

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